5e dimanche de Carême

Psaume 50

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Crée en moi un cœur pur[1], ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d'être sauvé ;
que l'esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs j'enseignerai tes chemins,
vers toi reviendront les égarés.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Plus haut le Psalmiste a demandé que le péché soit supprimé ; ici il demande que les effets du péché soient supprimés. Il y en a deux : la souillure de l'âme et le désordre de l'affection. Le premier effet est dû au fait que l'homme s'adonne aux choses terrestres, c'est pourquoi il demande la pureté du cœur : « Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu »; aussi dit-il : « O Dieu, crée en moi un cœur pur et renouvelle dans mes entrailles un esprit droit. » Dieu seul peut restituer cette pureté du cœur : « Qui peut rendre pur celui qui a été conçu d'un sang impur ? N'est-ce pas toi seul ? » (Job, XIV 4) c'est-à-dire toi qui es parfaitement pur. Et il dit : « Crée ». Quelque chose est créé comme être de nature lorsqu'il est produit comme être à partir de rien : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. » De même lorsque quelque chose est produit comme être de la grâce : « Quand j'aurais le don de prophétie et je connaîtrais tous les mystères et toute la science ; quand j'aurais toute la foi, au point de transporter des montagnes, si je n'ai point la charité, je ne suis rien » (I Corinthiens, XIII 2) dans l’ordre de la grâce. Mais lorsque Dieu, par l'opération de la grâce, opère en celui qui l'a, on dit qu'il le magnifie. Mais quand d'un pécheur il fait un juste, on dit alors qu'il crée à proprement parler : « Nous sommes son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres » (Ephésiens, II 10). Et encore : « Afin que nous soyons comme les prémices des créatures de Dieu » (Jacques, I 18), c'est-à-dire de ses créatures spirituelles. Le second effet dû au péché est le désordre de l'esprit qui consiste en l'aversion de la fin à laquelle nous sommes destinés. Comme en se tournant vers quelque bien passager l'âme devient impure, ainsi se détourne-t-elle de sa fin par l'aversion ; et à ce désordre s'oppose la rectitude par laquelle l'homme est dirigé vers Dieu : « Ceux qui ont le cœur droit t'aiment » (Cantique des cantiques, I 3), et c'est pourquoi il dit : et « renouvelle un esprit droit », c'est-à-dire tu m'accorderas de nouveau ce que j'ai perdu par le péché : « Renouvelez-vous dans l'esprit de votre âme » (Ephésiens, IV 23). Et : « renouvelle », non extérieurement, mais « dans mes entrailles », c'est-à-dire afin que non seulement les lèvres soient droites pour parler mais que le cœur soit droit pour connaître (saint Thomas d’Aquin : commentaire du Psaume L).