Solennité des Saints Pierre et Paul

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Matthieu (XVI 13-19).

Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe[1], et il demandait à ses disciples[2] : « Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes ? [3]»

Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste[4] ; pour d'autres, Elie[5] ; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes[6]. » Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?[7] »

Prenant la parole Simon-Pierre déclara[8] : « Tu es le Messie[9], le Fils du Dieu vivant ! [10]» Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise[11] ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Césarée de Philippe qui est située près de l'une des principales sources du Jourdain, au pied de l'Hermon (sud-ouest), contrôle la route entre Tyr et Damas et garde la plaine fertile du lac Huleh (le Semechonitis des Romains). Le site est identifié à Baniyas. Antiochus III y défit les Egypriens (paneas en grec). Les Grecs y dédièrent un sanctuaire à Pan et aux Nymphes. Auguste donna la région à Hérode le Grand qui lui éleva un temple. Après la mort d'Hérode, la région fut incluse dans la tétrarchie de Philippe qui reorganisa Panéas et qu'il nomma Césarée de Philippe, en son honneur et en celui de Tibère César. La ville devint un centre important de la civilisation gréco-romaine. Césarée de Philippe fut incluse dans le territoire d'Agrippa II qui l'appela Néronias, en l'honneur de Néron.

[2] Il avait voulu les séparer du reste des hommes afin qu’ils pussent en toute liberté confesser leur foi (saint Jean Chrysostome : homélie LIV sur l’évangile selon saint Matthieu, 1).

[3] Par cette question il faisait entendre qu’il y avait en lui quelque chose de plus que l’homme. Qu’il fût un homme, il suffisait de le voir, de voir son corps pour le reconnaître. Mais par cette question, il faisait entendre qu’outre ce qu’on voyait en lui il y avait quelque chose de caché, et c’est à cela que devait se porter la foi des vrais croyants (saint Hilaire de Poitiers : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XVI 6).

[4] Hérode disait : Celui que moi j’ai fait décapiter, Jean, c’est lui qui s’est relevé ! (évangile selon saint Marc, VI 16).

[5] Elie avait été enlevé au ciel dans un char de feu ; quant Jésus-Christ ira au ciel, ce sera en y montant par sa propre vertu, ce sera en retournant au séjour d’où il était venu. Elie se venge en faisant descendre le feu du ciel ; Jésus préfère par une patience invincible guérir ses persécuteurs plutôt que de les faire mourir. Jérémie est sanctifié dès le sein de sa mère ; Jésus, dès le sein de sa mère, sanctifie celui qui doit être son précurseur. jean, dès le sein de sa mère avait senti la présence du Seigneur et l’avait adoré, mais Jésus était celui-là même qui était adoré. Jean baptisait dans l’eau, et Jésus baptisait dans l’Esprit ; Jean amenait à la pénitence et Jésus pardonnait les péchés (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, VI 96). Elie était vénéré comme un intercesseur et une aide dans les difficultés. On considérait Elie comme celui qui allait rétablir le peuple d'Israël, qui devait réconcilier les pères avec leurs fils et les fils avec leurs pères, avant que vienne le jour du Seigneur. A lui, pensait-on, devait revenir de désigner le Messie et de lui donner l’onction.

[6] L’opinion des gens a été rapportée au roi Hérode, presque dans les mêmes termes, (évangile selon saint Marc, VI 14-15). Selon l’opinion populaire, Jean-Baptiste aurait bien pu être ressuscité d'entre les morts ; les Juifs croyaient qu’un innocent mis à mort peut ressuciter, et, en cette qualité, accomplir des miracles, ce qu’il n’a pas fait de son vivant.

[7] Vous avez toujours été avec moi, vous avez vu des miracles plus grands que ceux qui ont été accomplis devant les foules ; vous pouvez avoir de moi une idée plus parfaite. Et de fait il leur pose cette question après qu’il a accompli devant eux de nombreux miracles, après que déjà il leur a révélé des vérités sublimes, donné des preuves nombreuses de sa divinité et de son unité avec le Père (saint Jean Chrysostome : homélie LIV sur l’évangile selon saint Matthieu, 1).

[8] Quand il s’agit de dire la vérité sur le Christ, Pierre se souvient de sa primauté et il est empressé à parler autant qu’il avait été jusque-là réservé dans son silence (S. Ambroise : De incarnationis dominicæ sacramento, IV).

Quand il s’agissait de dire les opinions qui circulaient parmi les foules, tous parlaient ; mais voici qu’il faut dire la vérité sur Jésus, un seul, Pierre, parle comme le représentant de tous les autres (saint Jean Chrysostome : homélie LIV sur l’évangile selon saint Matthieu, 1).

[9] Messias, traduit l’hébreux Mâchiah qui signifie oint dont l’équivalent en grec est Khristos (Christ).

[10] Il dit une parole qu'aucune voix humaine n'avait encore prononcée : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » En vérité, alors même que le Christ demeurant dans la chair s'était déjà déclaré Fils de Dieu, l'Apôtre fut alors le premier à reconnaître dans la foi que la nature divine est en lui. Si Jésus, en effet, a loué Pierre, ce n'est pas uniquement pour l'avoir honoré par sa profession de foi, mais aussi pour avoir reconnu son mystère, car l'Apôtre n'a pas seulement confessé le Christ, mais il l'a aussi proclamé Fils de Dieu. Pour l'honorer, il lui eût certainement suffi de confesser : « Tu es le Christ. » Il eût pourtant été inutile de l'appeler Christ sans le proclamer Fils de Dieu. De fait, en disant : Tu es, Pierre a clairement déclaré la perfection et le caractère unique de la vraie nature du Fils. Et en disant : « Celui-ci est mon Fils », le Père a révélé à Pierre qu'il devait proclamer : « Tu es le Fils de Dieu. » Car la parole Celui-ci est est l'indication donnée par celui qui révèle tandis que l'adhésion donnée par celui qui confesse sa foi s'exprime par la réponse : Tu es. L'Église est donc bâtie sur la pierre de cette confession. Mais un esprit de chair et de sang ne peut découvrir le sens de cette profession de foi. Appeler le Christ Fils de Dieu et, de plus, croire qu'il l'est, est un mystère qui ne peut étre révélé que par Dieu. Ou alors, serait-ce le nom divin qui aurait été révélé à Pierre plutôt que la filiation de nature ? Pour ce qui est du nom, Pierre avait déjà souvent entendu le Seigneur se proclamer Fils de Dieu. Sur quoi porte donc cette glorieuse révélation ? Elle concerne certainement la nature et pas le nom, qui avait déjà été souvent proclamé (Saint Hilaire de Poitiers : De Trinitate VI).

[11] Etant la pierre inébranlable, la pierre de l’angle qui fait de deux peuples un seul peuple, le fondement en dehors dquel on ne peut en établir aucun autre, je veux que toi aussi, mon serviteur, tu sois une pierre, parce que tu seras fortifié par ma puissance, et par ton union avec moi, tu possèdera les qualités qui m’appartiennent en propre (saint Léon le Grand : sermon IV, 3).