Solennité des Saints Pierre et Paul

Première lecture

Lecture du second livre des Actes des Apôtres (XII 1-11)

A cette époque, le roi Hérode-Agrippa[1] se mit à maltraiter certains membres de l'Eglise. Il supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter[2].

Voyant que cette mesure était bien vue des Juifs, il décida une nouvelle arrestation, celle de Pierre. On était dans la semaine de la Pâque. Il le fit saisir, emprisonner, et placer sous la garde de quatre escouades de quatre soldats ; il avait l'intention de le faire comparaître en présence du peuple après la fête.

Tandis que Pierre était ainsi détenu, l'Eglise priait pour lui devant Dieu avec insistance. Hérode allait le faire comparaître ; la nuit précédente, Pierre dormait entre deux soldats ; il était attaché avec deux chaînes et, devant sa porte, des sentinelles montaient la garde. Tout à coup surgit l'ange du Seigneur, et une lumière brilla dans la cellule. L'ange secoua Pierre, le réveilla et lui dit : « Lève-toi vite. » Les chaînes tombèrent de ses mains. Alors l'ange lui dit : « Mets ta ceinture et tes sandales. » Pierre obéit, et l'ange ajouta : « Mets ton manteau et suis-moi. » Il sortit derrière lui, mais, ce qui lui arrivait grâce à l'ange, il ne se rendait pas compte que c'était vrai, il s'imaginait que c'était une vision. Passant devant un premier poste de garde puis devant un second, ils arrivèrent à la porte en fer donnant sur la ville. Elle s'ouvrit toute seule devant eux. Une fois dehors, ils marchèrent dans une rue, puis, brusquement, l'ange le quitta. Alors Pierre revint à lui, et il dit : « Maintenant je me rends compte que c'est vrai: le Seigneur a envoyé son ange, et il m'a arraché aux mains d'Hérode et au sort que me souhaitait le peuple juif.[3] »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Hérode Agrippa I°, fils d'Aristobule et de Bérénice, par conséquent petit-fils d'Hérode le Grand et de Mariamne I, né en 10 avant Jésus-Christ. Envoyé très jeune à Rome, il y avait bénéficié de la protection d'Antonia la jeune (fille de Marc-Antoine et d'Octavie), vivant ainsi dans le proche entourage de l'Empereur. En 23, ruiné par un train de vie dispendieux, il repartit en Palestine et vécut des maigres revenus accordés par Hérode Antipas. Lassé de cette position médiocre, il retourna à Rome, où il devint le compagnon de Caius, le futur empereur Caligula. Des propos imprudents sur la succession impériale lui valurent de se faire incarcérer par Tibère. Libéré à la mort de ce dernier, en 37, il fut couvert d’honneurs par Caligula, qui lui accorda le titre royal et la possession de l'ancienne tétrarchie d'Hrode Philippe II. De passage à Alexandrie, sur le chemin de la Palestine, il tenta d'intercéder pour les Juifs persecutés par les Grecs (38). En 39, il reçut les domaines d'Hérode Antipas. Bientôt de retour à Rome, il joua un certain rôle dans la proclamation de Claude, après l'assassinat de Caligula (41). Son zèle fut récompensé par l'octroi de l'Idumée, de la Judée et de la Samarie. Sa politique intérieure est mal connue : on sait qu'il ne se priva pas de déposer les grands-prêtres et renoua avec la politique de grands travaux d'Hérode le Grand. De son mariage avec Cypros (arrière-petite-fille de Salomé, sœur d'Hérode le Grand), il eut Hérode Agrippa II, Bérénice et Drusilla. Il mourut en 44, alors qu'il faisait célébrer les jeux quinquennaux, institués par Hérode en l'hollneur d'Auguste.

[2] Jacques est un nom théophore qui signifie « que (Dieu) protège » (forme grécisée de Jacob). Deux apôtres de Jésus portent le nom de Jacques : Jacques, dit le majeur, fils de Zébédée, dont il s’agit ici ; l'apôtre Jacques, dit le mineur, fils d'Alphée, premier évêque de Jérusalem et auteur de l’épître. Frère aîné de Jean l’évangéliste, fils de Zébédée et de Salomé, Jacques qui était habitait Bethsaïde ou Capharnaüm, pratiquait la pêche sur le lac de Génésareth, avec son père et des mercenaires embauchés. Sans doute, cousin de Jésus par sa mère, était-il des disciples de Jean-Baptiste, qui suivirent Jésus. Sa famille jouissait d'une certaine aisance, puisque sa mère eut la possibilité d'accompagner le Seigneur, de lui venir en aide et d'acheter des aromates d'embaumement. Choisi comme Apôtre, Jacques figura presque en tête des Douze, si l'on en juge par la place qu'il occupe dans les quatre listes apostoliques et par le comportement de Jésus à son égard. Avec Pierre et Jean, il formait le groupe des intimes de Jésus, seuls admis au spectacle de certains grands événements comme la résurrection de la fille de Jaïre, la Transfiguration et la sainte Agonie de Notre Seigneur au Mont des Oliviers. C'est sans doute cette situation privilégiée qui l'enhardit à faire plusieurs demandes intempestives, révélatrices de ses tendances naturelles. De passage en Samarie il réclama l'extermination par la foudre d'un village inhospitalier ; en route vers Jérusalem et dans la persuasion où il était d'une prochaine instauration sur terre du royaume messianique, il sollicita, ou poussa sa mère à solliciter, pour lui et son frère, les premières places dans ce royaume ; à l'annonce de la ruine du Temple, il s'enquit immédiatement de la date exacte de cet événement. Son impétuosité était telle qu'il reçut de Jésus, avec son frère Jean, le surnom de « Fils du tonnerre. » Il n'en imitera pas moins la défection des autres apôtres, après l'arrestation de son Maître au jardin de l'Agonie. Malgré le silence dont l'entourent les textes sacrés après la Pentecôte, il est vraisemblable qu'il dut, jusqu'à la fin de sa vie, faire figure de chef dans l’Eglise primitive, puisque c’est sur lui et sur Pierre que porte le choix meurtrier du roi Hérode Agrippa I° qui voulait abattre les têtes de l'Église pour plaire aux Juifs. Jacques le majeur périt alors par le glaive, donnant sa vie en témoignage de sa foi, comme Jésus le lui avait prédit.

[3] Dans ce passage des Actes des Apôtres, saint Luc souligne le parallélisme entre saint Pierre et Jésus. Tous deux sont arrêtés au moment de la Pâque et gardés par des soldats, la nuit qui précède leur jugement. La situation de saint Pierre symbolise la mort : son sommeil et sa nudité. Bien plus l'Ange du Seigneur le « réveille » et lui dit de « se lever » : deux verbes qui signifient la résurrection. Les chaînes tombent et les portes s'ouvrent, de même que la pierre du tombeau fut roulée. Enfin saint Pierre comprend que le Seigneur l'a délivré d'une mort certaine. La suite du récit ressemble étrangement à ceux de Pâques : une femme annonce aux frères que Pierre est là, sans l'avoir encore vu. Elle se fait traiter de folle et ils croient qu'ils s'agit d'un esprit. En voyant saint Pierre, ils sont pris de stupeur. L'intention de saint Luc est évidente : Pierre a ainsi vécu symboliquement la mort et la résurrection de Jésus. Ce dernier récit des Actes des Apôtres sur saint Pierre évoque son futur martyre et son entrée dans la vie nouvelle. Or la libération de Pierre est, par deux fois, mise en relation avec la prière de la communauté : c'est par elle que le Seigneur conforte et sauve ses témoins éprouvés.