7ème dimanche de Pâques - Année C

Première lecture

Lecture du livre des Actes des Apôtres (VII 55-60)[1]

Etienne était en face de ses accusateurs. Rempli de l'Esprit Saint, il regardait vers le ciel ; il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l'homme est debout à la droite de Dieu ». Ceux qui étaient là se bouchèrent les oreilles et se mirent à pousser de grands cris ; tous à la fois, ils se précipitèrent sur lui, l'entraînèrent hors de la ville et commencèrent à lui jeter des pierres[2]. Les témoins avaient mis leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul. Etienne, pendant qu'on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis il se mit à genoux et s'écria d'une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». Et, après cette parole, il s'endormit dans la mort[3].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Saint Luc a voulu souligner les profondes correspondances entre le temps de Jésus et celui de l'Eglise. Les juifs à la nuque raide, aux oreilles et aux cœurs incirconsis, ont résisté à l'Esprit Saint et ont trahi et assassiné le juste (Actes des Apôtres, VII 51-52). Parce que saint Etienne, rempli de l'Esprit Saint, témoigne en faveur du juste et qu'il voit les cieux ouverts et Jésus à la droite de Dieu - c'est-à-dire son égal - il déclenche la même réaction de colère de la part de ceux qui se croient des justes et qui pensent détenir la vérité. Ainsi le martyre de saint Etienne est décrit dans des termes qui évoquent la passion de Jésus : du côté des juifs, on trouve la même violence aveugle déchaînée contre l'innocent. Comme Jésus, Etienne affronte lucidement et sereinement sa mort, dans la vision de la gloire du Fils de l'homme que Jésus annonsait déjà au Sanhédrin. Enfin la présence complice de Saul évoque la trahison de saint Pierre au moment de la passion. Mais la mort de Jésus sauvera saint Pierre de la perdition, comme elle viendra chercher Saul pour en faire l'apôtre des nations.

[2] Les Juifs, en entendant le blasphème, pour n'avoir pas à déchirer leurs vêtements, se bouchent les oreilles et se mettent à vociférer. Ainsi hurlant tous à la fois, ils se saisissent de leur victime et l’entraînent hors de la ville. Il semble que l'exécution de saint Etienne se soit déroulée selon les règles de la jurisprudence talmudique : en dehors de la ville (Lévitique, XXIV 14 & Deutéronome, XVII 7). A quatre coudées du lieu du supplice, le condamné est déshabillé. Le lieu de la lapidation a une élévation double de la hauteur d'homme. Un des témoins jette le condamné par terre, de façon qu'il tombe sur le dos. A moins qu’il soit mort par la chute, un autre témoin lui jette une pierre sur le cœur ; s'il n'est pas encore mort, les assistants l'achèvent par des pierres : « La main des témoins sera la première sur lui pour le faire mourir, ensuite la main de tout le peuple » (Deutéronome, XVII 7).

[3] La charité qui a fait descendre le Christ du ciel sur la terre, a élevé saint Etienne de la terre jusqu'au ciel. La charité qui était d'abord chez le Roi a resplendi chez le soldat. Etienne, pour recevoir la couronne que signifie son nom, avait pour armes la charité par quoi il était entièrement vainqueur. Par l'amour de Dieu, il n'a pas reculé devant l'hostilité des Juifs ; par l'amour du prochain, il a intercédé pour ceux qui le lapidaient. Par cette charité, il leur reprochait leur erreur, afin qu'ils se corrigeassent ; par cette charité, il priait pour ceux qui le lapidaient, afin que le châtiment leur fût épargné. Fortifié par la charité, il a vaincu Saul qui s'opposait cruellement à lui et, après l'avoir eu comme persécuteur sur la terre, il a obtenu de l'avoir pour compagnon dans le ciel. Sa sainte et persévérance charité désirait gagner à lui par la prière ceux qu'il n'avait pu convertir par ses avertissements. Et voici que maintenant Paul partage la joie d'Etienne, il jouit avec Etienne de la gloire du Christ, il exulte avec Etienne, il règne avec lui (saint Fulgence de Ruspe : homélie pour la fête de saint Etienne).