6ème dimanche de Pâques - Année C

Epître

Lecture de l'Apocalypse de saint Jean (XXI 10-14 & 22-23)[1].

Moi, Jean, j'ai vu un ange qui m'entraîna par l'esprit sur une grande et haute montagne[2] ; il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu. Elle resplendissait de la gloire de Dieu, elle avait l'éclat d'une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin[3]. Elle avait une grande et haute muraille, avec douze[4] portes gardées par douze anges ; des noms y étaient inscrits : ceux des douze tribus des fils d'Israël. Il y avait trois portes à l'orient, trois au nord, trois au midi et trois à l'occident. La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau. Dans la cité, je n'ai pas vu de temple, car son Temple, c'est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, et l'Agneau. La cité n'a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l'illumine, et sa source de lumière, c'est l'Agneau.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Des prophètes de l'Ancien Testament ont espéré la transformation de Jérusalem en une véritable cité sainte selon le cœur de Dieu. L’Apocalypse reprend à son compte la même image pour signifier le peuple nouveau que Jésus s'est acquis par sa mort. Ce peuple est constitué de tous les fils d'lsraël (les douze tribus des fils d'lsraël), de l'Eglise des disciples de Jésus (les douzes apôtres de l'Agneau). Mais ce n'est pas assez dire puisque les anges aussi y sont présents. La cité est ouverte aux quatre points cardinaux et possède douze portes, une manière de suggérer que toute l’humanité peut y prendre place. Ainsi l'Apocalypse se termine par un témoignage de foi sur l'universalité du salut donné par Dieu à toute l'humanité. Dans cette cité nouvelle, les hommes n'ont plus à chercher Dieu car il se rend présent. C'est bien grâce à l'Agneau, gloire du Seigneur, que cette cité selon le cœur de Dieu est offerte.

[2] La présence de l'ange prouve que saint Jean n'est pas capable par lui-même, par son propre élan mystique, de scruter les mystères divins. « Transporté », il ne voit que parce que ses yeux ont été ouverts, qu'il a reçu une nouvelle vue. Tout est grâce, initiative divine, à quoi saint Jean consent librement, non comme un médium passif et dépouillé de tout discernement. Ces révélations ne sont pas privées, il reçoit toujours l'ordre de les « écrire » pour les transmettre à l'Eglise (Apocalyspse, I 11 & 19, XIV 13, XIX 9, XXI 5).

[3] Alors que Larousse définit le jaspe comme une « pierre dure et opaque... colorée par bandes ou par taches..., silex impur », Pline (plus proche de saint Jean), « dans son Histoire naturelle » (I 37), en parle comme d'une pierre spécialement translucide, sous diverses colorations. Ce terme vise donc à suggérer la splendeur ineffable de Dieu qui irradie dans toute la cité.

[4] Le chiffre 12 est obtenu par le chiffre de Dieu, 3, multiplié par le chiffre du monde, 4. Il se retrouve partout : 12 portes, 12 anges, 12 tribus, 12 fondements, 12 apôtres. Ce chiffre, appliqué aux fondements et à la structure de la ville de Dieu, indique qu'elle se range dans sa totalité sous la règle de l'ordre divin et qu'elle sert à accomplir le but divin universel.