5e dimanche de Carême

Première lecture

Lecture du livre d'Isaïe (XLIII 16-21) [1]

Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit une route à travers la mer,un sentier au milieu des eaux puissantes, lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; et les voilà couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, ils se sont consumés comme une mèche. Le Seigneur dit : « Ne vous souvenez plus d'autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire - les chacals et les autruches - parce que j'aurai fait couler de l'eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer le peuple, mon élu. Ce peuple que j'ai formé pour moi redira ma louange ».


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le pays, le Temple, la royauté, les trois piliers sur lesquels reposaient l’organisation, les traditions et l’existence du peuple d'Israël, viennent de s'écrouler sous les coups des Babyloniens qui mélangent les populations ; beaucoup de fils d'Israël prend le chemin de l'Exil. Quel espoir leur reste-t-il ? Cinquante années d'Exil les attendent, deux générations. Sous l'impulsion de prophètes (Ezéchiel), certains persévérent dans leur fidélité à Dieu et approfondissent leur foi. Des déportés de la seconde génération prêtent l'oreille à la prédication d'un prophète dont l'écho est parvenu jusqu'à nous, aux chapitres XL à LV d'Isaïe. La méditation des traditions anciennes conforte les convictions du prophète. Le Dieu d'Abraham, le Dieu de Moïse, est le Dieu créateur et il intervient au cœur de l'histoire du peuple qu'il s'est choisi. Si Dieu a jadis arraché son peuple à l'oppression égyptienne, il est bien capable de renouveler son geste en faveur des exilés et de faire mieux encore. Le prophète, encouragé par les événements politiques qui laissent entrevoir une fin prochaine de la domination babylonienne, annonce un nouvel Exode qui effacera le souvenir du premier tant il sera merveilleux. Le court passage retenu comme première lecture de ce dimanche est la plus caractéristique de cette prédication. Entre la Babylonie et Jérusalem, le chemin le plus court passe par le désert syrien. Si Dieu a jadis tracé un chemin parmi les eaux de la mer Rouge, il fera bientôt surgir une route rapide et ombragée à travers le désert syrien jusqu'à Jérusalem. Cette traversée sera plus merveilleuse que celle de la mer : « Voici que moi je vais faire du neuf. » Le prophète sans nom de l'Exil annonçait ainsi un autre Exode, une traversée, dont l'ampleur ne pourrait jamais plus être égalée : le passage de la mort à la vie de Jésus, chemin qui conduit l'humanité réconciliée vers Dieu.