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1er dimanche de l'Avent
Evangile
Suite du saint Évangile de notre Seigneur
« Il y aura des signes dans le soleil[1], la lune et les étoiles[2]. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde[3], car les puissances des cieux seront ébranlées[4]. Alors on verra le Fils de l'homme[5] venir dans la nuée[6], avec grande puissance[7] et grande gloire[8]. Quand ces événements commenceront[9], redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche[10]. [...] Tenez-vous sur vos gardes[11], de crainte que votre cœur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l'improviste.Comme un filet, il s'abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps[12] : ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l'homme ». Textes liturgiques © AELF, Paris [1] A l’apparition de la vraie lumière, tout le reste paraîtra ténébreux. Si donc le soleil qui resplendit avec tant d’éclat dans le monde entier, la lune qui est le second luminaire, les étoiles qui sont la joie des nuits, les vertus des cieux dans lesquelles nous voyons les armées des anges, ne sont plus que ténèbres devant le Fils de Dieu, il faut que ceux qui se croient justes abaissent toute fierté pour paraître devant leur juge (saint Jérôme : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, V). De même qu’autrefois, devant le croix de Jésus, le soleil s’est éclipsé, il s’éclipsera encore à cette apparition de la croix (Origène : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XXX 48). [2] Le soleil et la lune s'obscurciront et ne donneront plus leur lumière, les autres astres tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées : non pas parce que leur lumière aura diminué, mais parce qu'ils ne sembleront tous que ténèbres, comparés à la vraie lumière. Si donc ce soleil, qui resplendit maintenant au milieu de tout l'univers, si la lune, qui est la seconde lumière, si les étoiles, qui ont été allumées pour atténuer l'obscurité des nuits, si toutes les puissances, c'est-a-dire la multitude des anges, doivent apraraître comme des tenèbres à l'avènement du Christ, que tous ceux qui, se considérant comme des saints, ne redoutent pas 1a venue de leur juge perdent leur arrogance(saint Jérôme : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, V). [3] Cette venue sera une grande tribulation, à cause de la grande multitude des maîtres de l’erreur ; mais elle ne durera pas longtemps (saint Jean Chrysostome : homélie LXXIX sur l’évangile selon saint Matthieu, 3). [4] Que désigne le Seigneur, lorsqu'il parle des puissances des Cieux ? Evidemment les Anges, les Archanges, les Trônes, les Dominations, les Principautés et les Puissances qui, à l'avènement du juge sévère, se montreront visiblement à nos yeux et nous demanderont un compte rigoureux de ce que notre Créateur invisible supporte maintenant avec patience. Voilà pourquoi il ajoute : « Et alors on verra le Fils de l'homme venir dans une nuée avec puissance et grande gloire ». Ce qui veut dire : ils verront dans sa puissance et sa majesté Celui qu'ils n'auront pas voulu écouter au temps de son abaissement, et ils subiront les rigueurs de sa puissance d'autant plus vivement qu'ils refusent maintenant d'abaisser leur cœur orgueilleux devant sa patience (saint Grégoire le Grand : homélie IV sur les péricopes évangéliques). [5] Le Fils de l'homme (ben-adam ou ben-enosh en hébreux, barnasha en araméen) signifie d'abord « membre de la race humaine », avec une nuance de faiblesse : « Dieu n'est pas homme pour qu'il mente, ni fils d'homme pour qu'il se rétracte » (Nombres, XXIII 19) ; « le fils d'homme, ce vermisseau » (Job, XXV 6). En Babylonie (mar awili) il désigne un homme libre de condition supérieure, c'est sans doute dans ce sens qu'on l'emploie à propos d’Ezéchiel. L'expression, employé 82 fois dans les évangiles (12 fois par saint Jean), est propre à Jésus à qui, une seule fois, on en demande le sens : « Qui est-il ce Fils de l'homme ? » (évangile selon saint Jean, XII 34). Cette expression trouve son origine dans le livre de Daniel (VII 13-14) où le personnage qui porte ce titre reçoit de l’Ancien des jours une investiture royale sur toutes les nations de la terre : il est placé à la tête du royaume de Dieu annoncé par les prophètes. Dans le Nouveau Testament, on l’entend de saint Etienne (Actes, VII 56), une fois dans l'épître aux Hébreux (II 6) et deux fois dans l'Apocalypse (I 13 et XIV 14). [6] La nuée est le siège de Dieu. La nuée et l’obscurité sont autour de lui (Psaume XCVI). Il a fait de la nuée son char de triomphe (Psaume CIII 3 ; Isaïe, XIX 1), la poussière de ses pieds (Nahum, I 3) et son arc (Sagesse, V 21). Dans l’Ancien Testament, la nuée accompagne la manifestation divine (la théophanie), comme on le voit lors de la conclusion de l’alliance avec Noé (Genèse, IX 13 et suivants) ou au Sinaï (Exode, XIX 9). Ainsi donc venant dans une gloire digne de Dieu, le Christ reviendra dans la nuée du ciel. Déjà, la nuée accompagna sa Transfiguration, et le cacha lors de son Ascension (Actes des Apôtres, I 9). Il était monté au ciel porté sur les nuées du ciel ; il en reviendra de même, porté sur les nuées (saint Augustin : lettre CXCIX). Le premier homme avait été formé de la terre, et Jésus avait participé à toute l’humilité de notre condition; mais pour attester la nature supérieure qui était en lui, les nuées du ciel venaient au-devant de lui, comme au jour de sa Transfiguration : au jour du jugement, il viendra donc porté par les nuées qui attesteront sa nature divine et sa puissance souveraine. Au jour de son triomphe à Jérusalem, ses disciples jetaient leurs vêtements sous ses pieds ; aujourd’hui son Père met sous ses pieds les nuées du ciel (Origène : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XXXIII 50). [7] Dans le premier, il semblait avoir dépouillé toute puissance; il ne se servait de sa puissance que pour s’anéantir lui-même et pour multiplier les bienfaits en faveur des autres. Dieu, au Thabor, manifestait un jour quelque chose de sa gloire: au jour où il vient manifester toute sa gloire, il l’environnera d’un éclat supérieur à celui du Thabor (Origène : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XXXIII 50). [8] Les hommes verront dans sa puissance et sa majesté celui qu’ils n’ont point voulu écouter au temps de son abaissement, et ils subiront les rigueurs de sa puissance d’autant plus vivement qu’ils refusent maintenant d’abaisser leur cœur orgueilleux devant sa patience (saint Grégoire le Grand : homélie I sur les péricopes évangéliques, 2). En Jésus-Christ, presque partout vous trouvez la dualité. Il y a en lui deux naissances, l’une par laquelle il naît de Dieu avant tous les siècles, et l’autre par laquelle il naît d’une vierge au centre des siècles. Il y a deux avènements, l’un obscur, par lequel il descend comme la rosée sur une toison, l’autre éclatant, celui de la fin des temps. Dans le premier il apparaît revêtu de langes, dans une crèche, dans l’autre il apparaît vêtu de splendeur. Dans le premier, il s’est laissé juger, et quand on le condamnait, qu’on le condamnait à mourir sur la croix, il se taisait : et dans le second il viendra pour juger. Dans le premier, il venait pour persuader doucement les hommes; dans le second, qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, il soumettra tous les hommes à son empire (saint Cyrille de Jérusalem : « Catéchèse », XV 1). [9] Notre Seigneur et Rédempteur, désirant nous trouver prêts, nous annonce les malheurs qui accompagnent la fin du monde, pour nous détourner de l'aimer. Nous vous rappelons cela, pour tenir vos âmes toujours vigilantes et prudentes : qu'elles ne s'endorment pas dans la sécurité ou ne languissent pas dans l'ignorance ; au contraire, que la crainte les tienne sans cesse attentives, que l’attention les fortifie dans leurs bonnes actions (saint Grégoire le Grand : homélie IV sur les péricopes évangéliques). [10] Ceux qui aiment Dieu doivent donc accueillir la fin du monde avec joie et allégresse, puisqu'ils doivent bientôt rejoindre Celui qu'ils aiment, pendant que disparaît ce qu'ils n'ont pas aimé. Le fidèle qui désire voir Dieu ne doit donc pas s'affliger de tout ce qui ébranle ce monde, puisqu'il sait qu'il doit finir sous ces coups (…) Celui qui ne se réjouit pas quand vient la fin du monde montre qu'il en est l'ami, et que par suite il est l'ennemi de Dieu. (…) Car s'affligent de la destruction du monde ceux qui aiment profondément le monde, qui ne désirent pas la vie future et n'en soupçonnent même pas l'existence. Mais nous qui connaissons ces joies éternelles de la patrie du Ciel, nous devons nous empresser vers elles en toute hâte ; nous devons souhaiter d'y aller au plus vite et par le plus court chemin (saint Grégoire le Grand : homélie IV sur les péricopes évangéliques). [11] Ces paroles concernent tous les hommes parce que, pour chacun d'eux, le dernier jour arrivera ainsi que la fin du monde, quand il devra quitter cette vie. Il est donc nécessaire que chacun en sorte comme s'il devait être jugé ce jour-là. C'est pourquoi tout homme doit veiller à ne pas se laisser égarer, mais à rester vigilant, afin que le jour du Seigneur, quand il viendra, ne le prenne pas au dépourvu. Car celui que le dernier jour de sa vie trouvera sans préparation, serait encore trouvé sans préparation au dernier jour du monde. Je ne pense donc nullement que les Apôtres aient cru que le Seigneur viendrait juger le monde pendant leur vie ; et pourtant, qui douterait qu'ils aient été attentifs à ne pas se laisser égarer, à veiller et à observer tous les conseils, donnés à tous, pour qu'ils soient trouvés préparés ? C'est pourquoi il faut toujours tenir compte d'un double avènement du Christ : l'un quand il viendra, et que nous devrons rendre compte de tout ce que nous aurons fait ; l'autre, quotidien, quand il visite sans cesse notre conscience, et qu'il vient à nous afin de nous trouver prêts lors de son avènement. A quoi me sert, en effet, de connaître le jour du jugement, lorsque je suis conscient de tant de péchés ? A quoi me sert de savoir si le Seigneur vient, s'il ne vient pas d'abord dans mon cœur et ne revient pas dans mon esprit, si le Christ ne vit pas et ne parle pas en moi ? Alors, oui, il m'est bon que le Christ vienne à moi, si avant tout il vit en moi et moi en lui. Alors pour moi, c'est comme si le second avènement s'était déjà produit, puisque la disparition du monde s'est déjà réalisée en moi (saint Paschase Radbert : commentaire sur l’Evangile selon saint Matthieu, XI 24). Radbertus qui plus tard fera précéder son nom de celui de Paschasius, fut recueilli dès sa naissance (vers 790) par les religieuses de Notre-Dame de Soissons et demeura auprès d'elles jusqu'à son adolescence. Tonsuré dès l'enfance, Radbert a connu cependant la vie mondaine pendant sa jeunesse avant d'entrer à l’abbaye de Corbie pour devenir moine sous la conduite de l'abbé Adhalard (mort en 826) puis de son frère Wala (mort en 836), desquels il a rédigé les biographies. Il est écolâtre de l’abbaye de Corbie. En 822, encore qu’il n’a jamais reçu l’ordination sacerdotale, il est choisi pour participer à la fondation de l’abbaye saxonne de Corvey. Peu après la mort de l'abbé Isaac (9 septembre 843), il est choisi pour lui succéder à la tête de l’abbaye de Corbie, mais, désireux sans doute de suivre l'exemple d'Adhalard, il rencontre bientôt une opposition croissante, tant de la part de Charles le Chauve que dans sa communauté. A l'un des conciles tenus à Paris en 846, il obtient un Privilegium qui est une confirmation des franchises en faveur de Corbie mais, peu après le concile de Quierzy, tenu au printemps de 849 pour juger Godescalc, il doit abandonner sa charge et se retirer à l'abbaye de Saint-Riquier. Revenu à Corbie, il s’occupa de travaux théologiques ; il mourut vers 860. Au milieu du XI° siècle, à l'occasion de la controverse sur l’Eucharistie soulevée par Bérenger de Tours, le souvenir de Paschase Radbert a soudainement été tiré de l'oubli : ses reliques furent transférées à l'église abbatiale de Corbie (12 juillet 1058), et son nom fut inscrit au calendrier liturgique de l'abbaye ; vers le même temps on composa la première notice biographique, dite Vita brevis du moine et abbé devenu docteur de l'Eucharistie. Dans l’œuvre littéraire abondante et variée de Paschase Radbert, outre son traité sur l’Eucharistie et ses ouvrages biographiques, on retient ses sermons et, surtout, ses commentaires de l’Ecriture où il s’est aplliqué à mettre en lumière le sens littéral des textes sacrés. Dans sa théologie eucharistique, Paschase insiste sur le réalisme du Corps mystique. Il distingue trois modes selon lesquels l'Ecriture parle du Corps du Christ : l'Église, dont le Christ est la Tête et l'Epoux ; l'Eucharistie, qui ne doit être reçue que par ceux-là seuls qui sont membres du premier Corps ; le Corps qui est né de la Vierge Marie et a souffert sur la Croix. Ces trois modes désignent un unique Christ, « agneau dont nous devons recevoir la chair pour qu'il enlève nos péchés, en sorte que le Christ demeure en nous et que, renés en lui, nous devenions un en lui ». [12] Il est prescrit à chacun de veiller, c’est-à-dire de s’appliquer à réaliser effectivement ce qu’il a bien compris, et de repousser la paresse d'une vie oisive dans laquelle il se trouvait jusque-là, par la recherche vigilante d'une activité vertueuse. A celui qui veille ainsi, par le zèle d’une vie fervente, le Seigneur indique une voie encore supérieure, puisqu’il ajoute aussitôt : « et priez. » Prier est donc prescrit à tous les élus, c'est-à-dire qu'en désirant les biens éternels, on doit rechercher le fruit de son effort fervent dans la seule espérance de la récompense céleste. Il semble que saint Paul prescrivait à ses disciples cette obstination dans la prière, quand il disait : « Priez sans relâche »*. En effet, nous prions sans relâche si, lorsque nous faisons le bien, nous ne recherchons pour cela aucune gloire terrestre, mais nous nous préoccupons uniquement de désirer les biens éternels (...) Voyez, veillez et priez. Voyez ce qu'il faut faire, en comprenant ce qui est juste ; veillez en faisant le bien ; priez en désirant les biens éternels (Godefroid d’Admont : homélie XXIII pour les fêtes). * Première épître de saint Paul aux Thessaloniciens, V 17. Godefroid de Wemmingen, moine de l’abbaye Saint-Georges de la Forêt-Noire fut abbé de Weingarten en 1132 puis abbé d’Admont (Styrie) en 1138. Il réforma l’abbaye d’Admont dont il favorisa considérablement l’activité intellectuelle ; il y mourut en 1185. On conserve près de deux cent de ses homélies et quelques livres de spiritualité basés sur l’Ecriture sainte. Godefroid d’Admont fut une théologien marial qui proclama Marie médiatrice : « La Vierge est le fondement même que Dieu le Père a posé, et sur lequel il a admirablement élevé l’édifice de sa sainte Eglise. La Vierge est le fondement de notre foi. C’est d’elle que sortent les prémices de notre croyance, car nous professons qu’elle est la Mère de notre Créateur et Rédempteur. » |