20e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Evangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon saint Luc (XII 49-53).

Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu1 sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé2 ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli3 ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde4 ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division5. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées6 : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère ».


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] La flamme dont parle le Sauveur, ce n'est pas celle qui détruit, mais celle qui crée la volonté bonne, qui purifie les vases d'or de la maison du Seigneur, qui dévore le foin et la paille, les ouvres périssables de la chair et du monde, la flamme qui brûlait dans les os des prophètes, comme le déclarait Jérémie : « Il y eut un feu brûlant dans mes os » ; car Dieu est une flamme et lui-même a dit : « Je suis un feu qui brûle et se consume point. » C'est à cette flamme que s'allument ces lampes dont il disait : « Que des lampes soient dans vos mains ! » C'est cette flamme venue du cour du Sauveur que sentaient les deux disciples quand ils disaient : « Notre cour n'était-il pas brûlant en nous quand il nous expliquait les Ecritures ? » C'est peut-être dans cette flamme que viendra le Seigneur quand, au jour de la résurrection, il consumera tous les vices, comblera par sa présence tous les désirs des justes (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, VII 132).

2 Ce n'est pas maintenant le temps de gloire pour moi, ni de la gloire pour vous : c'est le temps des périls, des guerres et des morts (saint Jean Chrysostome : homélie LXV sur l'évangile selon saint Matthieu, 2).

3 Voyez quel est l'amour du Seigneur pour nous. Pour mettre en nous la flamme de la dévotion, pour réaliser l'ouvre de notre perfection, il nous affirme qu'il a hâte de voir arriver sa Passion. A l'approche de la mort, il témoigne de la tristesse, non de ce que la mort vient, mais de ce qu'elle ne vient pas assez vite, pour l'ouvre de notre rédemption (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, VII 133).

4 Il manifeste que paix, si elle est douce, est aussi parfois dangereuse, et que la paix par laquelle on s'accorde avec ceux qui se séparent de Dieu sépare elle-même de Dieu (saint Cyrille d'Alexandrie : commentaire de l'évangile selon saint Luc).

5 La division, une bonne et très salutaire séparation des esprits et même des corps. Ainsi, parce qu'ils aiment Dieu et recherchent la paix intérieure, ceux qui croient en moi se trouveront naturellement en désaccord avec les méchants ; ils se sépareront de ceux qui tentent de les détourner du progrès spirituel et de la pureté de l'amour divin, ou s'efforcent de leur créer des difficulté. Donc, la paix spirituelle, intérieure, la bonne paix, c'est la tranquillité de l'âme en Dieu, ou la bonne entente selon l'ordre juste. Le Christ est d'abord venu apporter cette paix (Denys le Chartreux : commentaire de l'évangile selon saint Luc ; « Opera omnia », XII 74).

6 Il ne fait que réaliser la parole que chantait l'épouse au Cantique des cantiques : « Il a ordonné en moi la loi de l'amour ». Car l'ordre qu'il a établi est basé sur la justice. Aimez Dieu d'abord, après Dieu votre père et votre mère, puis vos enfants. Mais si un cas se présente où l'amour des parents soit en opposition avec l'amour de Dieu, la haine des siens devient alors piété. Il n'a pas dit de ne pas aimer son père et sa mère, mais il a dit à dessein « plus que moi » (saint Jérôme : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu).