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20e dimanche des temps ordinaires
Première lecture
Lecture du livre de Jérémie (38, 4-6 & 8-10)1. Pendant le siège de Jérusalem, les chefs qui tenaient Jérémie en prison dirent au roi Sédécias2 : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattants dans la ville, et toute la population. Ce n'est pas le bonheur du peuple qu'il cherche, mais son malheur ». Le roi répondit : « Il est déjà entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! » Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne du prince Melkias, dans la cour de la prison. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n'y avait pas d'eau, mais de la boue, et Jérémie s'enfonça dans la boue. Un officier du palais, l'Ethiopien Ebed-Mélek, vint trouver le roi : « Mon Seigneur le roi, ce qu'ils ont fait au prophète Jérémie, c'est mal ! Ils l'ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim ! » Alors le roi donna cet ordre à Ebed-Mélek : « Prends trois hommes avec toi, et retire de la citerne le prophète Jérémie avant qu'il ne meure ». Textes liturgiques © AELF, Paris [1] Alors que Jérusalem est assiégée par les troupes de Nabuchodonosor, roi de Babylone, on voudrait, pour relever le moral défaillant du peuple, que Jérémie promette la Victoire, mais, tout au contraire, le prophète annonce la défaite qui va condamner la conduite politique et religieuse du roi Sédécias et de ses sujets. Pour réduire Jérémie au silence, on le met en prison, puis on le jette dans la citerne du prince Melkias. Les tribulations des prophètes ne sont pas simplement des aventures. Leur vie se trouve continuellement en jeu car leurs prises de position n'ont pas toujours le bonheur de plaire. Parler au nom de Dieu au cour des événements est bien différent de dire la bonne aventure, et beaucoup plus engageant. Ainsi les prophètes figurent-ils le Christ. La ressemblance du prophète Jérémie avec Jésus-Christ est ici très évidente : devant la démission du roi Sédécias, on pense à Ponce Pilate se lavant les mains. Jérémie est le type du prophète persécuté, traqué, arrêté. Il est significatif que Jérémie ne doive ici son salut qu'à l'intervention d'un païen, un Ethiopien, qui pressent dans le prophète un homme de bien, un homme de Dieu. Jérémie est accusé de chercher non le bonheur mais le malheur du peuple ; Jésus dira qu'il est venu apporter non la paix, mais la division. En fait, il est un bonheur supérieur qui peut exiger un malheur apparent : c'est déjà le paradoxe de la folie de la Croix (deuxième épître de saint Paul aux Corinthiens, I 18 et suivants). 2 Sédécias est le dernier roi de Juda (597-586). Après le premier siège de Jérusalem, il succède à son neveu Joakin (597), selon l'ordre de Nahuchodonosor qui change son nom réel, Mattanias, en celui de Sédécias. Agé de vingt-et-un ans, de caractère indécis, incapable de régner, Sédécias est tout de suite circonvenu par le parti pro-égyptien, puissant à la cour. En revanche, il aime consulter Jérémie quoiqu'il l'ait laissé emprisonner (Jérémie, XXXVII 15). Entraîné dans une première conspiration, Sédécias part pour Babylone (593) afin de s'y justifier (Jérémie, LI 59). Tant que la neutralité de l'Egypte est effective, le royaume de Juda se maintient dans un équilibre instable, mais l'avènement du pharaon Hophra (588) détermine un changement total : les Etats palestiniens et l'Egypte se coalisent. Nabuchodonosor riposte aussitôt. Il établit son quartier général à Ribla sur l'Oronte et attaque le royaume de Juda. En décembre 588, commence le siège de Jérusalem qui dure dix-huit mois, interrompu par l'approche d'une armée égyptienne que les Babyloniens finissent par éloigner. Après la reprise du siège, Sédécias consulte en secret Jérémie (Jérémie, XXXVII 17 ; XXXVIII 14), qui lui annonce sa prochaine capture par le roi de Babylone. Après l'entrée des Babyloniens dans Jérusalem, Sédécias qui a réussi à s'enfuir du côté de Jéricho avec ses principaux officiers, est rejoint et fait prisonnier avec ses enfants. Conduit à Ribla, après qu'il ait vu égorger tous ses fils, on lui crève les yeux et on le conduit dans une prison de Babylone où il meurt. |