Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens (I 24-28)^[1]

Frères, je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu'il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l'accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l’Eglise. De cette Eglise je suis devenu ministre, et la charge que Dieu m'a confiée, c'est d'accomplir pour vous sa parole, le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations, mais qui maintenant a été manifesté aux membres de son peuple saint. Car Dieu a bien voulu leur faire connaître en quoi consiste, au milieu des nations païennes, la gloire sans prix de ce mystère : le Christ est au milieu de vous, lui, l'espérance de la gloire ! Ce Christ, nous l'annonçons : nous avertissons tout homme, nous instruisons tout homme avec sagesse afin d'amener tout homme à sa perfection dans le Christ.

Textes liturgiques © AELF, Paris

^[1] Comme il l’a déjà fait dans sa deuxième épître aux Corinthiens (II 14 à VI 13), saint Paul explique comment il conçoit la grandeur et les exigences du ministère apostolique. D'une part, il a reçu la charge exaltante d'annoncer à tous les hommes, spécialement aux païens, le « Mystère », c'est-à-dire le plan de salut conçu par Dieu de toute éternité, longtemps tenu caché et maintenant révélé en Jésus Christ (épître de saint Paul aux Romains, XVI 25-27 ; épître de saint Paul aux Ephésiens, I 9-14 & III 1-6). En un sens, le croyant participe déjà à ce « Mystère », mais en un autre, il attend encore le déploiement définitif de l'œuvre rédemptrice du Christ (« Nous sommes sauvés, mais c'est en espérance » : épître de saint Paul aux Romains, VIII 24). D'autre part, saint Paul a conscience que sa mission n'est pas seulement d'annoncer le Mystère du Christ, mais de le vivre dans sa chair. C'est pourquoi les souffrances qu'il endure (il est alors prisonnier) sont pour lui non pas un sujet de scandale, mais la condition nécessaire pour que soit accompli, dans sa chair, ce qui manque aux épreuves du Christ. Il est bien évident qu’il ne s’agit pas des souffrances de la Passion, puisqu’il « l’a fait une fois pour toutes, en s’offrant lui-même » (épître aux Hébreux, VII 27), mais des tribulations et des détresses des membres du Corps du Christ qui s’offrent pour que monde puisse bénéficier du salut.