7e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du premier livre de Samuel (XXVI 2, 7-9, 12-13 & 22-23)[1].

Saül[2] se mit en route avec trois mille hommes, l'élite d'Israël, pour traquer David dans le désert de Ziph[3].

Pendant la nuit, David et Abishaï[4] son compagnon pénétrèrent à l'intérieur du campement de Saül ; ils trouvèrent celui-ci qui dormait au centre, sa lance plantée en terre près de sa tête ; Abner[5], le chef de l'armée, et ses hommes étaient couchés autour de lui. Alors, Abishaï dit à David : « Aujourd'hui Dieu a livré ton ennemi entre tes mains. Eh bien, je vais le clouer à terre avec sa propre lance, d'un seul coup, et je n'aurai pas à m'y reprendre à deux fois ». Mais David dit à Abishaï : « Ne le tue pas ! Qui pourrait demeurer impuni après avoir porté la main sur le roi, qui a reçu l'onction du Seigneur ? »

David prit la lance et la gourde d'eau qui étaient près de la tête de Saül, et ils s'en allèrent. Personne ne vit rien, personne ne le sut, personne ne s'éveilla ; ils dormaient tous, car le Seigneur avait fait tomber sur eux un sommeil mystérieux. David passa sur l'autre versant et s'arrêta sur le sommet, à bonne distance.

Il appela Saül et lui cria : « Ô roi, voici ta lance. Qu'un jeune garçon traverse et vienne la prendre ! Le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité. Aujourd'hui, le Seigneur t'avait livré entre mes mains, mais je n'ai pas voulu porter la main sur le roi, qui a reçu l'onction du Seigneur ».


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Cet épisode du premier livre de Samuel témoigne de la générosité de David. Ayant une magnifique occasion de mettre une fin définitive à la persécution de Saül dont il est l'objet, il renonce à écouter les conseils homicides d'Abisaï, et il épargne son ennemi. Son geste n'est d'ailleurs pas inspiré par le respect de la vie ou le pardon des offenses, mais par le caractère sacré du roi, « l’Oint » [Messie] du Seigneur : on ne touche pas à quelqu'un que Dieu a marqué de son onction, mais on laisse à Dieu lui-même le soin de lui donner une correction, s’il la mérite. Rien ne dit que David eût agi avec autant de clémence à l'égard d'un quelconque adversaire. Rien ne dit non plus que ce respect de la fonction royale soit allé jusqu'à l’amour de la personne de Saül. Néanmoins, cette lecture est une belle annonce de ce que Jésus demandera dans le Discours sur la montagne tel que le présente l'évangile selon saint Luc. David est présenté, en ce texte, sous son meilleur jour [ce qui n'est pas toujours le cas]. Il annonce ainsi de loin le Christ qui a dit : « Rengaine ton glaive, car ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (évangile selon saint Matthieu, XXVI 52).

[2] Le roi Saül est rejeté par Yahvé à cause de deux désobéissances successives à Samuel : l’offrande d'un sacrifice sans attendre Samuel (premier livre de Samuel, XIII 8-15), exécution incomplète du hérem sur les Amalècites (premier livre de Samuel, XV 9-23) : « Parce que tu as rejeté la parole de Yahvé, il t’a rejeté pour que tu ne sois plus roi. » Dès lors apparait David. D'abord bien vu de Saül qui lui confie un haut commandement militaire et lui donn sa fille en mariage (premier livre de Samuel, XVIII 13. 27), il devient ensuite 1'objet de ses soupçons (déjà dans le premier livre de Samuel, XVIII 8) ; Saül tente deux fois de mettre David à mort (premier livre de Samuel, XIX 8-17). Désormais la biographie de Saül est faite de la poursuite de David. Enfin les Philistins revenant à la charge, c'est la consultation des mânes de Samuel à Endor, la bataille de Gelboé et la mort de Saül (premier livre de Samuel, XXVIII & XXXI).

[3] Le désert de Ziph est situé au sud d’Hébron, aux alentours de la ville du même nom (actuelle Tell Zif). David s’y réfugia lorsqu'il était poursuivi par Saül (premier livre de Samuel, XXIII 14) ; des gens de la ville de Ziph dénoncérent le fuyard au roi et offrirent de le lui livrer (premier livre de Samuel, XXIII 19-25).

[4] Abisaï, neveu de David et frère de Joab, fut l'un des compagnons de David durant sa fuite au désert. Il était avec David lorsque celui-ci se glissa une nuit dans la tente du roi (premier livre de Samuel, XXVI). Il semble avoir trempé dans le meurtre d'Abner (deuxième livre de Samuel, III 30). Il resta fidèle à David lors de la révolte d'Absalom (deuxième livre de Samuel, XVI) et lui sauva la vie au cours d'un combat contre les Philistins (deuxième livre de Samuel, XXI 15-17). Il était chef d'un groupe d'élite appelé « les Trente » (deuxième livre de Samuel, XXIII 18).

[5] Abner était général de Saül, dont il était cousin. Après la mort de Saül, il aida son fils survivant Ishbaal (ou Ishboshet) à prendre le pouvoir (deuxième livre de Samuel, II). Mais l'évolution des esprits, jointe à une question de femme, détermina Abner à entreprendre des pourparlers avec David. Au moment où ceux-ci prenaient tournure, il fut assassiné par Joab : à la fois vendetta et crainte de perte d'influence (deuxième livre de Samuel, III).