6e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre de Jérémie (XVII 5-8)[1].

Parole du Seigneur. « Maudit soit l'homme qui met sa confiance dans un mortel, qui s'appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée et inhabitable. Béni soit l'homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l'espoir. Il sera comme un arbre planté au bord des eaux, qui étend ses racines vers le courant : il ne craint pas la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert ; il ne redoute pas une année de sécheresse, car elle ne l'empêche pas de porter du fruit ».


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage de Jérémie ne se comprend bien qu’en référence au récit de la vocation du prophète que nous avons entendu il y a quinze jours : Jérémie a entendu que le Seigneur qui l'a appelé, lui a promis d'être avec lui pour le délivrer. Il s’est totalement mis au service du Seigneur, mais les obstacles ne lui ont pas manqué : opposition des dirigeants, faible écho de la prédication, menaces d'invasion étrangère, calamités naturelles comme la grande sécheresse qui a occasionné une lamentation populaire... Il a fallu à plusieurs reprises réentendre l'appel du Seigneur. Jérémie affirme qu'il faut pas mettre sa confiance en l'homme, mais en Dieu seul. Le genre littéraire bénédictions-malédictions est fréquent dans l'Ancien Testament : ainsi se conclut l'Alliance du Sinaï (Deutéronome XXVIII), et s'ouvre le psautier (Psaume I). C'est donc ainsi que se présente ce passage dont le style imagé est caractéristique de la littérature de sagesse, et dont les comparaisons se retrouvent presque mot pour mot dans le premier psaume. Ici s’opposent le malheur de l'homme qui met sa confiance « dans la chair » (c'est-à-dire dans les fausses sécurités : richesses, honneurs, santé, réussite personnelle), et le bonheur de celui qui ne s'appuie que sur Dieu. Sans employer le mot de « pauvre », Jérémie trace le portrait du serviteur de Dieu dont il est lui-même un exemple éminent, préfigurant ceux que Jésus canonisera dans la béatitude qui ouvre le Discours sur la montagne : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre : le Royaume des Cieux est à eux ».