Fête du Saint Sacrement

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (XIV 12-16 ; 22-26).

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l'on immolait l'agneau pascal[1], les disciples de Jésus lui dirent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? » Il envoya deux disciples : « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau[2]. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : Le maître te fait dire : ‘ Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ’ Il vous montrera, à l'étage[3], une grande pièce toute prête pour un repas[4]. Faites-y pour nous les préparatifs. »

Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. Pendant le repas[5], Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe et rendant grâce[6], il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude[7]. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à cejour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. » Après le chant d'action de grâce, ils partirent pour le mont des Oliviers[8].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] On immole l'agneau pascal au Temple, entre 14 h. 30 et 17 h. On rôtit la victime à la maison. Le repas, commencé après le crépuscule, est inauguré par une première coupe de vin, sur laquelle on prononce deux bénédictions. Ablution du président de table ; on apporte sur la table : agneau rôti, salade de laitues, pain azyme et haroseth (compote de fruits cuits dans le vin) ; le président explique le symbolisme des rites, on chante les deux premiers psaumes du Hallèl (CXIII et CXIV), on boit la deuxième coupe, on mange l'agneau pascal avec des pains sans levain trempés dans le haroseth, on boit la troisième, puis la quatrième coupe, on chante la fin du Hallèl (Psaumes CXV-CXVIII). La Pâque est, tout à la fois, l’action de grâce pour les biens de la terre, pour la libération de l'esclavage d'Egypte, la préservation de la mort infligée par l'Ange exterminateur, grâce au sang de l'Agneau, le passage de la mer Rouge et l'entrée dans la Terre Promise.

[2] Cette eau portée par ce serviteur dans de vase de terre, ne représenterait-elle pas la grâce à laquelle le Sauveur va nous initier, et à laquelle Moïse, le serviteur de Dieu, devait nous conduire, le vase de terre représentant les figures qui la contenait ? (Origène : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, LXXXV).

Cette eau qui, teinte du sang du Fils de l'homme, lave l'univers tout entier ... Cette eau de la grâce qui est douce et vivifiante aux âmes ... Cette eau qui, pressée par la montagne pesant sur elle de tout son poids, ne demeure point sa prisonnière, qui ne se laisse point briser par les écueil qu'elle rencontre, qui ne se perd point dans la terre où elle est répandue, mais va toujours sortir quelque part en source fertilisante (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, X 48).

[3] Ce cénacle, dans la partie haute de la maison, tout paré, nous représente la nouvelle loi qui sort des étroitesses de l'ancienne loi, devant qui la justice de la loi ancienne n'était qu'ordure, et qui a la joie de posséder le Christ (saint Jérôme : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu).

[4] Il faut monter au plus haut de nous-mêmes ; il faut que, pour recevoir le Verbe de Dieu, cette demeure supérieure soit vaste ; il faut qu'elle soit purifiée de toute souillure, préparée au Christ par le maître de la maison, c'est-à-dire par la raison (Origène : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, LXXX).

[5] Il institua son sacrement à la fin du banquet de la Pâque, pour nous montrer qu'il était la fin de la Loi, et qu'il en était aussi l'auteur, que le règne des figures était arrivé à son terme, et que la vérité allait remplacer les figures. Il abolit la solennité maîtresse des Juifs, et la remplace par un banquet rempli de grandeurs effrayantes (saint Jean Chrysostome : homélie LXXXII sur l'évangile selon saint Matthieu, 1).

[6] Pourquoi rend-il grâce ? Pour nous enseigner comment il faut accomplir ce mystère. Pour nous montrer qu'il ne va pas à la Passion malgré lui. Et il nous formait à supporter avec action de grâce ce que nous avons à souffrir, en y puisant même de grandes espérances (saint Jean Chrysostome : homélie sur l’évangile selon saint Matthieu, LXXXII, 1).

[7] A la fois sanctuaire et victime, prêtre et autel, Dieu et homme, roi et grand prêtre, brebis et agneau, devenu tout cela pour nous afin de se faire en tout notre vie (saint Epiphane : « Hæreses », LV 4).

[8] C’est sur le mont des Oliviers que le prophète Ezéchiel, en quittant le Temple, voit se reposer la gloire du Seigneur (Ezéchiel, XI 23). Jésus aime ce lieu solitaire du mont des Oliviers : il y a de secrètes harmonies entre lui et cette montagne. Saint Augustin souligne que l’huile servait déjà pour les onctions sacrées et que Jésus, l'oint, le consacré par excellence, nous a oints, nous a consacrés et nous a fortifiés pour lutter contre le démon (« Tractatus in Johannis evangelium », XXXIII 3). Alcuin, après avoir rappelé que l’on « fait aussi des onctions d'huile sur les membres blessés et malades », affirme que le mont des Oliviers est le symbole de la miséricorde qui va se répandre sur le monde.