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Fête du Saint Sacrement
Epître
Lecture de la première lettre aux Hébreux (IX 11-15). Le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient. Le temple de son corps est plus grand et plus parfait que celui de l'ancienne Alliance : il n'a pas été construit par l'homme, et n'appartient donc pas à ce monde. C'est par ce Temple qu'il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire du ciel en répandant, non pas le sang des animaux, mais son propre sang : il a obtenu ainsi une libération définitive. S'il est vrai qu'une simple aspersion avec du sang d'animal ou avec de l'eau sacrée rendait à ceux qui s'étaient souillés une pureté extérieure, pour qu'ils puissent célébrer le culte, le sang du Christ, lui, fait bien davantage : poussé par l'Esprit éternel, Jésus s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache ; et son sang purifiera notre conscience des actes qui mènent à la mort pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant. Voilà pourquoi il est le médiateur d'une Alliance nouvelle : puisqu'il est mort pour le rachat des fautes commises sous l'ancienne Alliance, ceux qui sont appelés peuvent recevoir l'héritage éternel déjà promis[1]. Textes liturgiques © AELF, Paris [1] Moïse avait été le médiateur de l'Ancienne Alliance. Le Christ est le Médiateur de la Nouvelle. Pour créer le lien du sang entre Dieu et Israël, Moïse avait répandu le sang des victimes. Depuis, une fois par an, lors de la fête de l'Expiation, selon un rite dont on nous rappelle l'essentiel dans les versets qui précèdent notre lecture, le grand prêtre, Aaron, traversait une première tente (chapelle du désert) pour, à travers un voile, entrer dans le Saint des Saints où se trouvaient l'arche d'alliance et les tables de la Loi. Il y pénétrait muni du sang des animaux, c'est-à-dire de la vie qui, bibliquement, est dans le sang. Mais il y entrait seul, chargé aussi de ses propres manquements, après quoi il en ressortait, n'ayant pas abouti à passer jusqu'à Dieu même. Et il fallait recommencer l'année suivante. Ces rites matériels, ne donnant aux Hébreux qu'une pureté extérieure, pour qu'ils pussent célébrer le culte, mais impuissants à sanctifier les consciences. Grand prêtre indigne, victimes indignes, qui n'ont jamais pu pénétrer que dans un sanctuaire figuratif, mais pas dans le sein de Dieu. Ce n'étaient que des figures, en attendant la pleine réalité : le Christ qui est le grand prêtre du bonheur à venir, c'est-à-dire des réalités définitives dont l'achèvement constituera « le monde à venir », le Royaume où le peuple de Dieu « entrera dans la joie de son Seigneur ». Jésus est le grand prêtre de la Nouvelle Alliance par un sacrifice du sang qui revêt une triple supériorité : 1. Supériorité du temple, de la première tente à travers laquelle on accède au vrai sanctuaire, et qui est le corps même du Christ glorifié, temple non fait de main d'homme puisque la résurrection est l'œuvre du Saint-Esprit. Cette tente est le corps du Christ par lequel il passa comme au travers par son immolation. Le Christ se fraie un chemin en écartant le voile de sa chair. C'est à travers le voile de sa chair que le Sauveur pénétra dans l'intime tabernacle de Dieu et que nous y pénétrerons avec lui. 2. Supériorité de réussite : cette fois le sang de la Victime parvient jusqu'au Saint des Saints de la divinité. A travers l'immolation, c'est en Dieu qu'aboutit la démarche de Jésus. Le sanctuaire divin n'est pas une réalité locale mais la réalité de la présence divine. L'entrée dans le sanctuaire est synonyme de l'entrée dans la gloire, de la présence devant Dieu, de la session à sa droite qui signifie la jouissance consubstantielle de la divinité. Cette entrée est donc définitive, entraînant pour l'humanité une libération tout aussi définitive. Cette entrée dans le sanctuaire est la phase terminale du sacrifice ; l'immolation et l'offrande portent le Christ vers Dieu dans le sein duquel vient aboutir le mouvement du sacrifice. La glorification de Jésus apparaît ainsi comme l'achèvement du sacrifice, son acceptation par Dieu. 3. Supériorité d'intériorisation. Non plus du sang d'animal égorgé de force et inconscient du rôle dont on l'investit, mais le sang bien à soi, de ses propres veines, d'une personne s'offrant elle-même, poussée du dedans par l'Esprit éternel, l'Esprit d'amour, qui a dévoré le Christ comme un feu dévorait la victime. Cet engagement d'amour d'une personne de surcroît sans tache, cet engagement d'une conscience, et d'une conscience sans péché, ira plus profond que le sang d'animal offert par un prêtre pécheur : il purifiera les consciences, non plus pour la célébration figurative d'un culte de figures, mais pour célébrer le culte vrai de la croix, de la messe et du ciel. Tel est te médiateur de l'alliance nouvelle. |