4ème dimanche de Pâques

Epître

Lecture de la première lettre de saint Jean (III 1-2)[1].

Mes bien-aimés, voyez comme il est grand l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu - et nous le sommes -. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître, puisqu'il n'a pas découvert Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est[2].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] L'épître de saint Jean paraît dire toujours la même chose car elle est une longue contemplation du don de vie spirituelle qui nous anime et de ses divers aspects. Ce bref passage parle de notre vie d'enfant de Dieu : un don merveilleux mais caché. Déjà la création nous fit radicalement à l’image de Dieu, mais il y eut la séparation due au péché. Jésus s'offre en réconciliation (II 2) et nous donne par l'Esprit une nouvelle naissance (IV 7 & V 1) « non du sang ni d'un vouloir de chair ni d'un vouloir d'homme mais de Dieu » (Evangile selon saint Jean, I 12). Ce don est déjà réalisé au baptême (Evangile selon saint Jean, III 5-7). Or l'Esprit est donné à flots à partir de la Croix et de la Résurrection (Evangile selon saint Jean, VII 38 s ; XIX 34). Là nous fut communiqué l'immense amour du Père pour nous pécheurs condamnés à mort. C'est un don caché, spirituel, que le croyant reconnaît en le vivant, mais sans forme perceptible pour les observateurs non-croyants (« le Monde ») dont le regard reste à un autre niveau. Il y aura manifestation claire de cette vie divine du chrétien quand le Seigneur nous deviendra lui aussi visible lors de sa venue en gloire, sa Parousie (II 28). Notre verset 2 dit « lorsqu'il paraîtra » (les traducteurs ont ajouté « Fils de Dieu »). En effet cette vie glorieuse du Ressuscité ne fut nullement visible lors de ses apparitions, toutes simples et terrestres, ou il se révélait aux disciples, vraiment lui, comme ils l'avaient connu. Pour que nous puissions voir Jésus tel qu'il est en sa vie divine de Ressuscité, il faut que nous soyons nous-mêmes transformés suffisamment en participant à cette vie. Le grec ici est ambigu et au lieu de « parce que », il semble préférable de comprendre « car » ou « puisque ». En tout cas, saint Jean nous donne là une admirable lumière sur l'avenir final, au-dessus des limites de temps et d'espace, ou Jésus Ressuscité nous accueillera en présence mutuelle d'amitié et de joie.

[2] Que le Dieu de paix qui a choisi David son serviteur et l'a enlevé à ses troupeaux de brebis, lui qui est le Pasteur des pasteurs et le Guide des guides, se présente à lui-même un troupeau splendide et sans tache, digne de la bergerie du ciel, afin que dans son temple nous proclamions tous sa gloire, troupeau et pasteurs tout ensemble, dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui est la gloire pour les siècles (Saint Grégoire de Nazianze : « Discours » II 117).