4ème dimanche de Pâques

Première lecture

Lecture du livre des Actes des Apôtres (IV 8-12)[1]

Convoqué devant le grand conseil d'Israël, Pierre, rempli de l'Esprit Saint, déclara : « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd'hui pour avoir fait du bien à un infirme, et on nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël : c'est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, crucifié par vous, ressuscité par Dieu, c'est grâce à lui que cet homme se trouve là devant vous, guéri. Ce Jésus, il est la pierre que vous aviez rejetée, vous les bâtisseurs, et il est devenu la pierre d'angle. En dehors de lui, il n'y a pas de salut. Et son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver.[2] »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Saint Pierre et saint Jean qui étaient montés au Temple pour la prière de la neuvième heure et le sacrifice du soir, furent, à la Belle Porte qui séparait le parvis des Gentils du parvis des femmes, interpellés par un impotent qui mendiait. Mieux que l'aumône souhaitée, ce déshérité reçut la guérison complète et instantanée après laquelle il entra aussitôt dans le Temple pour louer Dieu (Actes des Apôtres, III 7-9). C'est par Jésus qu'un homme à qui l'accès du Temple était interdit avait pu y rentrer (Actes des Apôtres, III 8 ; évangile selon saint Matthieu, XXI 14) sans l'accord des autorités. Il était en effet interdit aux infirmes de pénétrer dans les parvis intérieurs du Temple (Lévitique, XXI 18 ; II Samuel, V 8), car on considérait la tare physique comme le signe ou le vestige du péché, et dès lors comme une souillure incompatible avec la sainteté du sanctuaire et de ses liturgies. Saint Pierre proclamant la Résurrection de celui que ces autorités avaient condamné, on l'emprisonne (Actes des Apôtres, IV 1-3), et c'est comme accusé qu'il dit ce que nous lisons aujourd'hui. Mentionner le Nom de Jésus c'est vouloir parler de quelqu'un que l'on peut prier car il a une puissance divine pour sauver ceux qui ont foi en « lui » (Actes des Apôtres, III 16, deux fois). Le grec ne permet pas de dire si « lui » désigne Jésus ou son Nom mais peu importe : parler du Nom c'est dire qu'on l'a invoqué explicitement qu'on l'a prié. Le Psaume cité est important (psaume CVII) ; il s’agit du dernier et du plus beau des psaumes HALLEL chantés dans le repas pascal à la « louange » du Seigneur qui sauve. C'est en son Nom qu'on est victorieux. On demande d'ouvrir la Porte du Seigneur donc du Temple. On bénit « celui qui entre au Nom du Seigneur depuis la Maison du Seigneur », ce qui sera le refrain du jour des Rameaux. Tout cela valorise le verset 22 cité dans notre lecture faisant comprendre que Dieu pouvait fonder le nouveau Temple sur Jésus rejeté par les autorités. Jésus agit aujourd'hui comme il agissait avant sa mort. Il n'est plus visible mais on peut le prier de la prière qui invoque « le Nom du Seigneur » (Exode, III 15) et il sauve. C'est lui qui réalise désormais les promesses de Dieu (Actes des Apôtres, III 22-25) et pour tous les hommes sous le ciel : Israël et les nations. Sa présence de Ressuscité est plus vivante et efficace que la présence dans le Temple dont on peut estimer que le temps est terminé.

[2] Saint Pierre achève son discours par un discret appel à la conversion, doublé de menace. Devant le Sanhédrin, les Apôtres n'ont pas un auditoire favorable pour gagner des adeptes à la foi, mais saint Pierre tient à proclamer à ceux-là mêmes qui ont condamné le Seigneur, que personne n’est exclu du salut offert en Jésus. Il cite une prophétie : « Quiconque alors invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Joël, II 5). Jésus nous a ouvert l'unique voie du salut, voie tracée de la terre jusqu'au ciel en vertu de la grâce que Dieu nous fit par l’Incarnation, la Passion et l'exaltation de son Fils. Yahvé demeure la source de salut au ciel, mais pour avoir séjourné parmi les hommes et avoir porté au milieu d'eux un nom humain, Jésus est devenu notre seul Médiateur accrédité auprès de Dieu.