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4e dimanche de Carême (de Laetare)
Evangile
Suite du saint Évangile de
notre Seigneur De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert[1], ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle[2]. Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu[3]. Et le jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu[4]. Textes liturgiques © AELF, Paris [1] Ils partirent de Hor-la-Montagne en direction de la mer des Joncs pour contourner le pays d’Edom. Mais le peuple perdit confiance en chemin, et parla contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d'Egypte nous faire mourir dans le désert ? Car il n'y a ni pain ni eau, et notre gosier est dégoûté de ce maigre aliment ! » Le Seigneur envoya contre le peuple des serpents brûlants qui mordirent le peuple ; et il en mourut beaucoup du peuple d'Israël. Le peuple vint à Moïse et lui dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu'il écarte de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant et dresse-le sur une hampe ; quiconque aura été mordus et le regardera, restera en vie. » Moïse fit un serpent de bronze et le dressa sur la hampe ; et alors, si quelqu’un au était mordu par l’un des serpents, et regardait le serpent de bronze, il restait en vie » (Livre des Nombres XXI 4-9). [2] C’est un grand mystère que connaissent ceux qui l’ont lu ; que ceux qui ne l’ont pas lu ou qui ont oublié ce qu’ils ont lu ou entendu écoutent ce que je vais dire. Le peuple d’Israël succombait dans le desert sous les morsures des serpents ; il y avait des monceaux de morts : c’est Dieu qui le punissait et le frappait pour l'instruire... Que sont ces serpents qui mordent ? Les péchés qui viennent de la chair mortelle. Quel est ce serpent élevé dans le désert ? La mort du Seigneur sur la croix. Parce que la mort vient du serpent, elle a été symbolisée par l'image du serpent. La morsure du serpent est mortelle, la mort du Seigneur est vivifiante... Dans la mort du Christ, la mort est morte ; la plénitude de la vie a englouti la mort, la mort a été absorbée dans le corps du Christ... Ceux qui regardaient ce serpent ne périssaient pas des morsures des serpents ; de même ceux qui regardent avec foi la mort du Christ sont guéris des morsures de leurs péchés. Les Israélites échappaient à la mort pour une vie passagère; le Christ nous délivre pour la vie éternelle. Le symbole donnait une vie passagère ; l'objet figuré par le symbole nous donne la vie éternelle (saint Augustin : Tractus in Johannis evangelium, XII 9). [3] Le médecin fait tout ce qu'il peut pour venir guérir le malade. Il se donne lui-même la mort, celui qui ne veut pas suivre l'ordonnance du médecin. Le Sauveur est venu dans le monde. Pourquoi l'a-t-on nommé ainsi ? Parce qu'il veut sauver le monde, non le juger. Tu ne veux pas de son salut ? Tu seras jugé sur ta conduite. Et que dis-je, tu seras jugé ? Remarque ce qu'i1 dit : « Qui croit en lui n'est pas condamné ; qui ne croit pas est dejà condamné. Qu'espères-tu l'entendre dire ? Qu’il n’est pas juge ? « Il est déjà condamné », dit le Seigneur. Le jugement n'est pas encore public, mais il est prononcé. Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui ; il connaît ceux qui sont réservés pour la couronne, ceux qui le sont pour la flamme ; dans son aire il connaît le grain et la bale; il connaît la moisson et l’ivraie. Celui qui ne croit pas est déja condamné. Pourquoi ? « Parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (saint Augustin : Tractus in Johannis evangelium, XII 12). [4] Mes frères, quels sont ceux dont les œuvres ont été trouvées bonnes par le Seigneur ? Aucun. Il a trouvé mauvaises les œuvres de tous. Comment alors quelques-uns ont-ils agi dans la vérité, et sont-ils venus à la lumière, selon la suite : « Celui qui agit dans la vérité vient à la lumière, pour qu'il apparaisse au grand jour que ses œuvres sont faites en Dieu ? » Comment les uns ont-ils fait le bien pour venir à la lumière, c'est-à-dire au Christ ? Et comment les autres ont-ils aimé les ténèbres ? En effet, s'il a trouvé tous les hommes pécheurs, s'il les guérit tous du péché, si le serpent, symbole de la mort du Seigneur, guérit ceux qui ont été mordus par le péché, si le serpent a été élevé contre ces morsures (le serpent, c'est-à-dire la mort du Seigneur, qui a trouvé les hommes soumis à la mort et vivant dans l'injustice), comment comprendre ces paroles : « Et le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Quels sont ceux dont les œuvres étaient bonnes ? N'es-tu pas venu pour justifier les pécheurs ? Mais « ils ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. » Voila l'essentiel : il y en a beaucoup qui ont aimé leurs péchés, beaucoup qui les ont confessés ; mais celui qui confesse ses péchés et les accuse fait déjà cause commune avec Dieu. L'homme et le pécheur sont, peut-on dire, deux choses différentes. L'homme est l'œuvre de Dieu, le pécheur est l'œuvre de l’homme. Detruis ton œuvre pour que Dieu sauve la sienne (Saint Augustin : Tractus in Johannis evangelium, XII 13). |