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4e dimanche de Carême (de Laetare)
Première lecture
Lecture du second livre des Chroniques (XXXVI 14-16,19-23) [1] Sous le règne de Sédécias[2], tous les chefs des prêtres et le peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les pratiques sacrilèges des nations païennes, et ils profanaient le temple de Jérusalem consacré par le Seigneur. Le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de sa Demeure et de son peuple. Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles, et se moquaient de ses prophètes ; finalement, il n'y eut plus de remède à la colère grandissante du Seigneur contre son peuple. Les Babyloniens brûlèrent le temple de Dieu, abattirent les murailles de Jérusalem, incendièrent et détruisirent ses palais, avec tous leurs objets précieux. Nabucodonosor[3] déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu'au temps de la domination des Perses. Ainsi s'accomplit la parole du Seigneur proclamée par Jérémie : « La terre sera dévastée et elle se reposera durant soixante-dix ans, jusqu'à ce qu'elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés.[4] » Or, la première année de Cyrus[5], roi de Perse, pour que soit accomplie la parole proclamée par Jérémie, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Et celui-ci fit publier dans tout son royaume, - et même consigner par écrit - : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : le Seigneur, le Dieu du ciel, m'a donné tous les royaumes de la terre ; et il m'a chargé de lui bâtir un temple à Jérusalem, en Judée. Tous ceux d'entre vous qui font partie de son peuple, que le Seigneur leur Dieu soit avec eux, et qu'ils montent à Jérusalem ! » Textes liturgiques © AELF, Paris [1] La liturgie propose aujourd'hui les dernières phrases des livres des Chroniques, classés tout à la fin de la Bible hébraique. On y retrouve des événements de l'histoire d'lsraël et de Juda déjà évoqués dans les livres des Rois. De rédaction plus tardive, les Chroniques bénéficient d'un plus grand recul. La communauté juive est alors rassemblée autour du Temple de Jérusalem ; elle est politiquement dépendante du gouvernement perse qui se montre libéral. Les livres des Chroniques offrent une interprétation religieuse de l'histoire proche du milieu des lévites du Temple. Le texte s'articule autour de trois moments : la dénonciation des infidélités du peuple ; l’évocation de la chute de Jérusalem et de la déportation à Babylone, sanction de cette conduite mauvaise ; l'énoncé du retour en grâce avec l'autorisation donnée par Cyrus de revenir à Jérusalem rebâtir le Temple. On remarquera quelques particularités du texte. L'insistance porte sur le Temple souillé, détruit, bientôt rebâti. On fait référence à une parole du Seigneur transmise par Jérémie. Malgré son rôle dans les derniers événements du royaume de Juda, ce prophète était ignoré du livre des Rois. On saisit sur le vif l'influence grandissante du prophète après sa mort. Précisément le temps de l'exil et les années qui suivirent furent propices à la méditation des paroles prophétiques et à une révision de vie sur l'histoire. Ainsi l'épreuve de l'exil a permis de découvrir une nouvelle image de Dieu. [2] Après la prise de Jérusalem (597), Nabuchodonosor remplaça le roi Joakim par Mattanias auquel il donna le nom de Sédécias. Il s'allia avec le pharaon Hophra contre Nabuchodonosor qui assiégea Jérusalem (décembre 588) ; un temps dégagée par l'avance des égyptiens, Jérusalem tomba au bout de dix-huit mois. Sédécias s'enfuit vers Jéricho (juillet 587), mais il fut fait prisonnier et conduit à Ribla, sur l'Oronte, où Nabuchodonosor avait installé son quartier général : ses enfants furent égorgés devant lui, puis on lui creva les yeux avant de l'emmener en captivité à Babylone où il mourut l'année suivante. [3] Nabuchodonosor II, fils du roi Nabopolassar (fondateur de la dixième dynastie babylonienne), paraît dans l’histoire lorsqu’il envahit le pays d’Ourartou (606), peu avant sa victoire de Karkémish (605) qui lui permit d’occuper la Syrie et de parvenir à la frontière égyptienne d’où la mort de son père l’obligea à rentrer à Babylone (604). Il marcha de nouveau contre l’Egypte (601) puis, contrôlant le désert de Syrie, il prit Jérusalem d’où il chassa Joakim au profit de Sédécias qui le trahit à son tour. Il assiégea une troisième fois Jérusalem en 581. Il mourut en 562. [4] « Tout ce pays deviendra une ruine et une dévastation, et ils seront en servitude parmi les nations pendant soixante-dix ans » (Jérémie XXV 11). [5] Cyrus II le Grand, fils de Cambyse I°, dès son accession au trône d’Azan, ville perse sise à l’est de Suse (550), se révolte contre son suzerain, Astyage, roi des Mèdes, qu’il bat avec l’aide de Nabonide, roi de Babylonie (549). Maître de l’Assyrie, de la Syrie et de la Cappadoce, il vainc le roi de Lydie, Crésus (546). Maître d’un empire qui s’étend de l’Oxus à la Mer Egée, il détrône sans combat le roi de Babylonie (539). Ayant fait de Babylone la capitale de son empire, Cyrus qui se proclame « roi du monde », règne sur tout le Moyen Orient. A l'intérieur de ses Etats, il laisse la vie sauve aux vaincus dont il garantit les biens et la liberté de culte : « Puissent tous les dieux que j’ai réinstallés dans leurs cités saintes, demander chaque jour pour moi longue vie » (« cylindre de Cyrus »). Il associe les populations à la grandeur de son empire, et favorise la prospérité économique en allégeant les contraintes des royaumes qu'il conquiert ; dans cette optique, il décrète le retour des Juifs déportés à Babylone (Esdras, I 1-6), la reconstruction du Temple de Jérusalem (Esdras, VI 2-5 & II Chroniques, XXXVI 22-23), la restitution des ustensiles d'or et d'argent enlevés au Temple par Nabuchodonosor (Esdras, I 7-11 & V 14-15). Il meurt en 530 lors d'une expédition contre les Massagètes, entre la mer Caspienne et la mer d'Aral. |