3ème dimanche de Carême

Epître

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (I 22-25) [1]

Frères, alors que les Juifs réclament des signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Selon ce texte de saint Paul, la Croix du Christ introduit un nouveau critère d'appartenance à l'intérieur de l'humanité. De ce point de vue, la distinction classique du judaïsme entre Juifs et Grecs n'est plus pertinente. Les deux groupes se rejoignent. Ils sont situés par rapport à ceux qui, par leur réponse à la proclamation évangélique, ont rendu effective l'élection divine en s'agrégeant à la communauté des disciples du Crucifié. Juifs et Grecs manifestent la même attitude de fond dans un contexte culturel et religieux différent. Les Juifs n'ont pas tort de méditer sur les signes et les prodiges, les actes de puissance accomplis par Dieu en faveur de son peuple au cours de l'histoire, notamment dans les événements de l'Exode. Aux yeux de saint Paul, ils voient trop l'intervention future de Dieu comme un décalque du passé. La foi ouvre à l'imprévisible. Les Grecs qui s'honorent d'une tradition philosophique solide et brillante n'ont pas tort de rechercher la sagesse. Mais cette recherche tourne sur elle-même si la raison n'accepte pas d'être dépassée. La foi chrétienne opère un renversement des valeurs en inversant les rapports. Si l'attitude fondamentale des Juifs et des Grecs est disqualifiée, la Croix du Christ peut toujours les interpeller et susciter en eux ce retournement nécessaire. La foi chrétienne n'est pas limitée à la culture, encore que notre culture chrétienne et occidentale, fondée sur la parole de Dieu, quand elle n’était pas envahie par d’autres principes ou par les défauts des hommes, était un bon moyen de comprendre et de vivre la foi.