1er dimanche de Carême

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (I, 12-15).

Jésus venait d'être baptisé[1]. Aussitôt[2] l'Esprit[3] le pousse au désert. Et dans le désert[4] il resta quarante jours[5], tenté par Satan[6]. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient[7].

Après l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis[8] : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Il fallait que tous les baptisés apprissent à ne point s'étonner si, après la grâce reçue, ils éprouvent de grandes tentations ; la chose est dans l'ordre : vous avez reçu des armes, c'est pour combattre et non pour vous reposer. Enfin, pour que vous ayez une preuve de la grâce qui vous a été faite : le démon ne vous aurait pas attaqué si Dieu ne vous avait élevé à cet honneur. C'est ainsi qu'il s'attaqua à Adam et ensuite à Job (saint Jean Chrysostome : homélie XIII du commentaire de l'évangile de saint Matthieu).

Vous qui êtes devenus chrétiens, vous devez vous attendre à des attaques plus violentes du démon ; car la victoire qu'il remporte sur les saints lui donne plus de gloire, et il la désire avec plus d'ardeur (Saint Hilaire : commentaire de l'évangile de saint Matthieu, III 1).

[2] Et aussitôt : expression aimée de saint Marc qui l'emploie 42 fois (dont 11 fois dans le premier chapitre) ; ici, elle relie la tentation au baptême.

[3] Ce fut l'Esprit Saint qui conduisit lui-même Jésus au désert, voulant exprimer l'assurance avec laquelle il possède celui qu'il remplit de sa présence et l'offre aux traits du tentateur (saint Hilaire : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, III 1).

[4] Le désert : erèmos, lieu vide et délaissé, région quasi inhabitée, sorte de garrigue inculte ; celui de Juda, le long de la Mer Morte, peut-être la vallée méridionale du Jourdain. Chez saint Marc, le désert est un lieu privélégié de rencontre avec Dieu (évangile selon saint Marc, I 35, VI 31, VI 35) ; région solitaire et dangereuse (II Corinthiens, XI 26 ; Hébreux, XI 38) où errent les démons (évangile selon saint Matthieu, XII 43 ; évangile selon saint Luc, VIII 29), lieu de refuge (Actes des Apôtres, XXI 38), d'épreuves (évangile selon saint Matthieu, IV 11 ; évangile selon saint Marc, I 13 ; évangile selon saint Luc, IV 2) et de prière (évangile selon saint Marc, I 35, VI 31, VI 35 ; évangile selon saint Luc, V 16).

[5] Comme les Hébreux, après la sortie d'Egypte, ont connu, dans le désert, les épreuves (Exode, XVI 1-4 & XVII 1-7), Jésus refait l'itinéraire spirituel du peuple de Dieu : quarante jours comme les quarante ans du désert (Deutéronome, VIII 2).

Vous reconnaissez-là un nombre à signification mystique. Ce fut pendant ce nombre de jours que les eaux du Déluge se répandirent sur la terre, que le prophète Elie jeûna dans sa caverne, que Moïse jeûna avant de recevoir la Loi. Il convient donc de passer dans le jeûne un nombre semblable de jours pour préparer notre entrée dans la vie (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, IV 15).

[6] Que personne, étant dans l’épreuve, ne dise : « C’est Dieu qui m’éprouve » ; car Dieu est à l’abri des épreuves du mal, et lui-même n’éprouve personne (épître de saint Jacques, I 13). La tentation est la sollicitation au mal qui vient du démon ; Dieu ne nous tente pas mais permet que nous soyons tentés.

Le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le « diable » est celui qui « se jette en travers » du dessein de Dieu et de son « œuvre de salut » accomplie dans le Christ. « Homicide dès l’origine, menteur et père du mensonge » (évangile selon saint Jean, VIII 44), « le Satan, séducteur du monde entier » (Apocalypse, XII 9), c’est par lui que le péché et la mort sont entrés dans le monde et c’est par sa défaite définitive que la création toute entière sera « libérée du péché et de la mort » (« Catéchisme de l’Eglise catholique », publié en 1992).

Le voilà donc au milieu des combattants celui qui, en tant que Dieu, ordonne les combats ; et celui qui couronne les saints veut lui-même mériter la couronne (saint Cyrille d'Alexandrie : homélie sur l'évangile selon saint Luc).

Le chef combat pour apprendre aux soldats à combattre (saint Augustin).

Vous qui êtes devenus chrétiens, vous devez vous attendre à des attaques plus violentes du démon ; car la victoire qu'il remporte sur les saints lui donne plus de gloire, et il la désire avec plus d'ardeur (saint Hilaire : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, III 1).

[7] Les anges ne descendent pas du ciel, ils étaient toujours près de lui ; si à un moment, sur l’ordre du Sauveur, ils s’étaient un peu écartés, pour laisser son cours à la tentation, ils reviennent vite et sont heureux de le servir. Dans ce désert où il vécut avec des bêtes, il est servi par les anges ; ainsi l’homme qui aura résisté vaillamment à la tentation, la verra s’en aller un jour ou l’autre, connaissant par là qu’elle est un état normal, et au milieu d’un monde dont les mœurs rappelent celles des bêtes, il sentira qu’il vit avec les anges, il conversera avec eux, sera servi par eux (saint Bède le Vénérable).

[8] Le temps est accompli. Contrairement aux Grecs, les Juifs s'intéressent plus au contenu historique du temps qu'à la question philosophique de sa nature. L'élément qualitatif du temps est, pour les Juifs, plus important que l'élément quantitatif, parce que le temps est un objet d'expérience plus qu'un objet mathématique ; souvent, l'Ecriture détermine le temps par les sensations et il faut attendre les derniers siècles vétéro-testamentaires pour trouver la division de la journée en heures. Dieu a ses temps qui échappent aux cycles naturels (plaisir, colère, visite, vengeance, guérison), spécialement le jour de Yahvé. L'action de Dieu dans le monde détermine la nature véritable du temps et le sort de l'humanité. La plénitude des temps (épître de saint Paul aux Galates, IV 4). L'époque prévue de toute éternité pour l'avènement du règne de Dieu est arrivée (kairos = le temps favorable).