3e dimanche de l'Avent

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Jean (I 6-8 & 19-28).

Parut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean[1]. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage[2].

Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs[3] lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander[4] : « Qui es-tu ? » Il le reconnut ouvertement, il déclara : « Je ne suis pas le Messie. » Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Elie[5] ? » Il répondit : « Non. » « Alors, es-tu le grand Prophète ? » Il répondit : « Ce n'est pas moi. » Alors, ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, certains des envoyés étaient des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Si tu n'es ni le Messie, ni Elie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l'eau[6]. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c'est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale[7]. »

Tout cela s'est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l'endroit où Jean baptisait.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] L'an quinze du principat de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, et Hérode tétrarque de Galilée son frère Philippe tétrarque du pays d'Iturée et de Traconitide, et Lysanias tétrarque d'Abilène, sous le pontificat d’Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut advint à Jean, le fils de Zacharie, dans le désert (évangile selon saint Luc, III 1).

[2] Il ne dit pas simplement : « il y eut un envoyé de Dieu », mais « il y eut un homme. » Il parle ainsi afin de distinguer le Précurseur, qui participe seulement de l'humanité, et l'homme qui, unissant étroitement en lui divinité et humanité, est venu ensuite : afin de séparer la voix qui passe du Verbe qui demeure toujours de façon immuable, afin de suggérer que l'un est l'étoile du matin qui apparaît à l’aube du Royaume des cieux, et de déclarer que l'autre est le soleil de justice qui lui succède. Il distingue le témoin de celui auquel il rend témoignage, celui qui est envoyé de celui qui envoie, la lampe vacillante de la lumière splendide qui remplit l’univers et qui, pour le genre humain tout entier, dissipe les ténèbres de la mort et des péchés. Ainsi le Précurseur fut l'homme du Seigneur, non pas Dieu ; le Seigneur, dont il fut le Précurseur, fut à la fois homme et Dieu. Le Précurseur fut un homme qui deviendrait Dieu par la grâce. Celui dont il prépare la venue était Dieu par nature; il devait se faire homme par humilité, et parce qu'il voulait opérer notre salut et notre rachat. « Un homme fut envoyé. » Par qui ? Par le Dieu Verbe qu'il a précédé. Sa mission était d'être Précurseur. C'est dans un cri qu'il envoie sa parole devant lui : A travers le désert, une voix crie. Le messager prépare l'avènement du Seigneur. Son nom était Jean, signifiant que la grâce lui a été donnée d'être le Précurseur du Roi des rois, le révélateur du Verbe inconnu, le baptiseur en vue de la naissance spirituelle, le témoin, par sa parole et son martyre, de la lumière éternelle (Jean Scot Erigène : homélie sur le Prologue de Jean, XV).

[3] Le peuple l’admirait et l'aimait. Jean, il est vrai, était extraordinaire et méritait de recevoir plus d'admiration que les autres hommes, lui qui vivait autrement que les autres... Les gens avaient les plus grandes raisons de l'aimer, mais, dans leur amour, ils dépassaient la mesure, puisqu'ils se demandaient en leur cœur si Jean n’était pas le Christ. C'est parce qu'il redoutait cet amour désordonné et manquant de raison que l'Apôtre Paul disait de lui-même : « J'ai peur qu'on ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu’on voit en moi ou ce qu'on m'entend dire et que l'excellence même de mes révélations ne m'enorgueillise » (II Corinthiens, XII 6-7). Craignant donc de tomber lui aussi dans ce dé faut, Paul ne voulait pas révéler à son sujet tout ce qu'il savait, de peur qu'on ne se fît de lui une idée supérieure à ce qu'on voyait et que, dépassant la mesure dans la vénération, on ne dît de lui, comme de Jean, qu'il etait le Christ (Origène : homélie sur l’évangile selon saint Luc).

[4] Lorsque saint Jean l’Evangéliste parle des Juifs, c'est souvent au judaïsme officiel, représenté par ses chefs, qu'il entend nous faire songer. La délégation qui vient interroger saint Jean Baptiste est constituée de prêtres sadducéens, représentant l'autorité officielle, et de lévites (clergé inférieur investi de la police du Temple), qui devront se prononcer sur ses actes et ses paroles.

[5] Suivant une tradition populaire fondée sur le prophète Malachie (III 23-24) et le livre de l’Ecclésiastique (LXVIII 10-11), le retour d’Elie devait précéder la venue du Messie. Les Juifs s’attendaient à ce retour au sens littéral (S. Marc, IX 12 ; S Matthieu XVII 10 ; S. Marc XV 35-36). Jésus expliquera que le rôle d’Elie a été rempli par Jean Baptiste (S. Marc, IX 12-13, S. Matthieu, XVII 11-12). Il est curieux que les Juifs aient songé à identifier Jean-Baptiste à Elie puisque son origine était connue ; né du prêtre Zacharie et d’Elisabeth. Cependant, Jean Baptiste a longtemps vécu dans le désert comme Elie, il est apparu avec le manteau de poil du prophète.

[6] Le baptême de Jean préparait à la grâce de trois façons : par l’enseignement qui l’accompagnait et qui préparait les hommes à la foi du Christ ; par l’idée qu’il donnait du baptême du Christ ; par la pénitence qui préparait les hommes à recevoir l’effet du baptême du Christ (saint Thomas d’Aquin : Somme Théologique, III° partie, question 38).

[7] Le rôle des prophètes était d’éloigner du péché ; le rôle propre du Christ était de sauver ceux qui croiraient en lui (saint Hilaire : commentaire de l’évangile selon S. Matthieu, II 2).