31e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre du Deutéronome (VI 2-6)[1].

Moïse disait au peuple d'Israël : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu. Tous les jours de ta vie toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils, tu observeras tous ses commandements et ses ordres que je te prescris aujourd'hui, et tu auras longue vie. Israël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t'apportera bonheur et fécondité, dans un pays où ruissellent le lait et le miel, comme te l'a promis le Seigneur, le Dieu de tes pères. Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces commandements que je te donne aujourd'hui resteront dans ton cœur ».


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Les onze premiers chapitres du Deutéronome qui sont présentés comme des « discours de Moise », sont plutôt des exhortations de genre prophétique adressées au lecteur pour l'inciter à observer la Loi (les prescriptions du code deutéronomique sont contenues dans les chapitres XII et suivants). L'auteur y expose sa théologie de l'alliance. L'engagement de Dieu à protéger son peuple, à le faire vivre suppose une contrepartie, l’observance des commandements par Israël. Dans ce passage où la nécessité de cette observance est soulignée, se trouve la réponse de Moïse à trois questions : Quel est le fondement de la pratique des commandements ? Quelle attitude de l'âme suppose-t-elle ? Quelle récompense lui est promise ? A la première question, Moïse répond que le fondement de la vie morale est la foi au Dieu unique ; le verset 4 exprime le credo monothéiste d'Israël qui commence la prière juive de la synagogue. Professer que le Seigneur Dieu est l'unique, c'est affirmer en même temps la réalité, la plénitude de son existence (une existence qui est toujours active), et son droit d'indiquer à l'homme la route à suivre, de dire à son peuple comment se comporter pour lui plaire, pour vivre vraiment. Pour répondre à la deuxième question, Moïse emploie deux verbes pour exprimer l'attitude du fidèle qui observe les commandements : craindre et aimer. Craindre c'est avoir une telle révérence pour Dieu que l'on est conduit à lui obéir. Mais cette « crainte » doit être enveloppée d'amour. Au chapître X (verset 12), craindre et aimer sont mis sur le même plan, presque comme des synonymes. Ici, l’amour de Dieu doit prendre tout l'être du fidèle : de tout ton cœur (le cœur est ce qu'il y a de plus profond dans l'homme), de toute ton âme (le mot hébreu signifie en fait l'être humain dans sa totalité), de toute ta force. A la troisième question, Moïse répond qu’à celui qui observe les commandements est promis la récompense de la rétribution matérielle, temporelle, humaine : longue vie, bonheur et fécondité, prospérité matérielle. Cette perspective temporelle n’est qu’une étape pédagogique choisie par Dieu dans le déroulement de la révélation ; le chrétien lira ces promesses en leur donnant un sens spirituel, éternel, divin, qui permet de garder à ce texte toute son actualité.