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26e dimanche des temps ordinaires
Evangile
Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jean, l'un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits en ton nom ; nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, me maudire[1] ; car qui n'est pas contre nous est pour nous[2]. Oui, quiconque vous donnera à boire une coupe d’eau[3] pour la raison que vous êtes au Christ[4], en vérité, je vous dis qu’il ne perdra pas son salaire[5]. Et quiconque scandalise[6] un seul de ces petits[7] qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui ait attaché au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on l’ait jeté à la mer. Et si ta main[8] te scandalise, tranche-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne[9], là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas[10]. Si ton pied te scandalise, tranche-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. Si ton œil, te scandalise, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas. Chacun en effet sera salé par le feu[11]. » Textes liturgiques © AELF, Paris [1] C’est ainsi que nous devons détester, dans les hérétiques et les mauvais chrétiens, leurs divisions, leurs oppositions à la paix, à la vérité et à Dieu, mais non ce qu’ils gardent de commun avec nous (Saint Bède le Vénérable : commentaire de saint Marc). L’exorciste anonyme, en se servant du nom de Jésus, montrait qu’il reconnaissait, au moins implicitement, son autorité, sa puissance, son crédit auprès de Dieu. Cet exorciste inconnu n’avait sans doute pas la foi des apôtres auxquels il n’appartenait pas, mais il avait déjà un commencement de foi en l’action de Dieu par l’intermédiaire de Jésus. L’exorcisme couronné de succès ne pouvait qu’augmenter cette confiance ; il fallait donc le laisser continuer, car il ne pourrait pas facilement, sans se contredire de façon flagrante, parler mal de Jésus. [2] C’est par cette racine que se distinguent les vrais adhérents ou les vrais opposants (...) C’est ainsi que Joseph et Nicodème, disciples de Jésus, tenant leurs sentiments secrets à cause de leurs craintes, lui rendirent à l’occasion leurs devoirs. Jésus-Christ récompense les forts et cependant il n’exclut pas les faibles (...) Jésus-Christ reconnaît comme siens ceux qui de cœur sont avec lui ; il repousse ceux dont le cœur n’est pas pour lui (...) N’attribuez point à vos mérites les effets accomplis par ce nom. Le démon est vaincu, non par vos mérites, mais par sa haine, par la haine qui porte à ce nom (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, VII 26). Ce pluriel (nous) que Jésus emploie ici, montre que le Seigneur fait corps avec ses disciples qui, bientôt, continueront son œuvre avec son appui céleste et qui forment déjà l’embryon de l’Eglise. Ainsi dira-t-il : « Qui vous écoute m’écoute » (évangile selon saint Luc, X 16). [3] Tout le monde pourra faire cela, même celui qui n’aura pas de bois pour faire chauffer cette eau. Il ne s’agit donc plus d’accueillir les disciples de Jésus-Christ, ou les enfants, les humbles ; on pourrait s’excuser, pour ne point le faire, sur sa pauvreté ; mais quel est celui qui ne pourra pas offrir un verre d’eau ? (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc). [4] En vérité, je vous le dis : “ Pour autant que vous l’avez fait à l’un de mes moindres frères que voilà, c’est à moi que vous l’avez fait ” (Evangile selon saint Matthieu, XXV 40). [5] De cette promesse du Sauveur, nous devons conclure que cet homme, s’il se tenait éloigné de la société des disciples, ne le faisait pas en ennemi (...) Il ressemblait à ces hommes qui, n’osant pas recevoir les sacrements de Jésus-Christ, ont du respect pour le nom chrétien, qui accueillent volontiers les chrétiens, et leur rendent service parce qu’ils sont chrétiens : et le Sauveur assure qu’ils auront leur récompense ; non qu’ils doivent se croire en parfaite sécurité à cause de cette bienveillance dont ils entourent les chrétiens, puisqu’ils n’appartiennent pas encore à l’unité chrétienne, mais parce que Dieu dans sa miséricorde les y conduira (...) Et ceux-là sont plus utiles à la société chrétienne, avant même de lui appartenir, que ceux qui, lui appartenant, exercent une action mauvaise, et entraînent avec eux à la damnation éternelle ceux qui ne réagissent pas contre eux (saint Augustin : « De consensu Evangelistarum », IV 6). [6] La Bible emploie souvent le mot scandale dans le sens du piège, de l’embûche ou de l’obstacle : la pierre qui fait trébucher l’aveugle ou l’embûche dressée sur le chemin (Lévitique, XIX 14 ; I Maccabées, V 4) ; le scandale est aussi la honte de la servitude (livre de Judith, VIII 22) ou le dégoût qu’inspire l’injuste victime des calomnies (psaume XXI 12) ; le scandale est encore l’effet du mauvais exemple ou du mauvais conseil qui incite le faible à pécher (livre de la Sagesse, XIV 11 & Ezéchiel, XLIV 12). Le scandale est un acte extérieur répréhensible (geste, attitude, parole, omission), posé sans cause suffisante, qui fournit au prochain l’occasion d’une chute spirituelle ou d’une faute. [7] C’est le propre des petits de pouvoir être scandalisés : car ceux qui sont grands sont au-dessus du scandale (saint Jérôme). Celui qui est grand, quoi qu’il ait a souffrir, ne déserte pas sa foi ; mais celui qui est encore petit, faible, à cause des secrètes connivences qu’il a encore avec le mal, cherche volontiers l’occasion de se scandaliser (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc). A chaque instant nous sommes exposés à nous scandaliser. Vous voyez le juste dans la pauvreté, vous vous scandalisez. Vous voyez le méchant dans la richesse, vous vous scandalisez. Vous voyez une famille chrétienne sans enfants, vous vous scandalisez ; une autre famille qui n’est pas chrétienne, et où tout abonde, vous vous scandalisez. A Sodome, un seul homme, Loth, a su se tenir à l’abri de la tentation, et sa femme elle-même y succomba. Le peuple hébreux traversa la mer Rouge, et il ne put traverser les tentations qu’il rencontra. Tous, à l’exception de Josué et de Caleb, y succombèrent. La Loi ne pouvait donner la paix. Mais Jésus nous a apporté la paix : il nous l’a apportée par sa croix, par cette croix qui est le plus grand scandale des Juifs, et qui met celui qui s’y attache au-dessus de toute tentation (saint Ambroise : commentaire du Psaume CXVIII, sermon XXI). [8] Nous pouvons trouver autour de nous des parents et des amis qui nous soient unis comme les membres de notre corps ; (si leur influence est mauvaise) ils ne sont plus des amis, ils sont des ennemis : il nous restera des mutilations douloureuses, mais nous serons sauvés (Origène : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XIII 25). Rien n’est nuisible comme la fréquentation des mauvais. Souvent plus que la nécessité n’a pu faire, l’amitié le fait soit en bien soit en mal. Quels que soient les liens qui nous unissent à eux, il faut traiter les méchants comme nous traitons nos membres gangrenés, quand nous voyons que leur corruption nous gagne (saint Jean Chrysostome : homélie LIX sur saint Matthieu, 4). Il vaut mieux vous sauver en vous séparant d’eux que de vous perdre en leur compagnie (saint Jérôme). [9] La géhenne désignait un ravin qui s’étendait du nord-ouest au sud-ouest de Jérusalem pour aboutir au Cédron, au-dessus de la piscine de Siloé ; au temps des rois Achaz et Manassé on y avait brûlé vifs les petits enfants offerts au dieu Moloch (II Rois XXIII 10, Jérémie XXII 35, II Chroniques XXXIII 6) et, pour le purifier, depuis Josias, on y jetait toutes sortes d’immondices dans un brasier qui ne s’éteignait jamais. Le prophète Isaïe (LXVI 24) y montre le supplice des impies dans la Jérusalem nouvelle et, au temps de Jésus, la géhenne était un synonyme habituel de l’enfer. [10] Il y en a qui rapportent ces supplices uniquement à l’âme : le feu serait les regrets infructueux des âmes séparées du royaume de Dieu ; le ver serait la tristesse qui comme un ver ronge le cœur. Ceux qui pensent que l’âme et le corps doivent souffrir tous deux, disent que le corps sera consumé par le feu, et l’âme rongée par le ver du désespoir. Nous aurons la science complète de ces choses plus tard : pour le moment nous devons nous borner à écarter l’hypothèse qui épargnerait au corps la soufrance du feu (saint Augustin : De civitate Dei, XXI 9). [11] La chair et le sang produisent des vers : de même les jouissances charnelles auxquelles on s’abandonne préparent des tourments éternels. Celui qui veut éviter les vers de la pourriture doit mettre en son corps le condiment de la continence et en son esprit le condiment de la sagesse (...) chacun en effet sera salé par le feu. Tout élu pour être offert dignement à Dieu doit être purifié de toute corruption et pénétré par le feu du Saint-Esprit (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc). |