26e dimanche des temps ordinaires

Epître

Lecture de la lettre de saint Jacques (V 1-6)[1]

Ecoutez-moi, vous les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille vous accusera, elle dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé de l'argent, alors que nous sommes dans les derniers temps ! Des travailleurs ont moissonné vos terres et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l'univers. Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu'on massacrait des gens. Vous avez condamné le juste et vous l'avez tué, sans qu'il vous résiste.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage de l’épître de saint Jacques se conforme au schéma de l'oracle prophétique de malheur et peut refléter un type de prédication apostolique. L'opposition entre le juste et l'impie rappelle le deuxième chapitre du livre de la Sagesse dont nous avons lu un passage dimanche dernier. Le texte de saint Jacques qui nous est proposé aujourd’hui, a une portée plus générale, car il vise les riches injustes, quels qu'ils soient. Malgré les apparences, il y a plus de motifs de lamentation que d'autosatisfaction. Le « Pleurez, lamentez-vous » rejoint les malédictions de saint Luc, le plus « social » des synoptiques (Evangile selon saint Luc, V 24-26). Les versets suivants évoquent quelques malheurs qui attendent de tels riches. Il est intéressant de remarquer que l'auteur met les verbes au parfait, considérant les malheurs comme déjà commencés. On retrouve bien là le style prophétique. Un regard sur les textes de la loi illustrerait les critiques portées ; ainsi le Deutéronome demande le respect du salarié (Deutéronome, XXIV 14-15). Ce sont des attaques fondées. Saint Jacques manifeste une aversion générale vis-à-vis des riches injustes et prend le parti des pauvres. L'adresse à la deuxième personne du pluriel montre qu'il vise un groupe de la société. Leur attitude est aux antipodes d'un authentique comportement chrétien. Le commentaire de ce texte suppose une forte réflexion et une bonne connaissance de son auditoire, et le ton prophétique variera d'intensité selon les lieux. Ce texte reste néanmoins porteur d'une interrogation qu'on ne peut esquiver.