26e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre des Nombres (XI 25-29)[1].

Le Seigneur descendit dans la nuée pour s'entretenir avec Moïse. Il prit une part de l'esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple. Dès que l'esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas. Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l'un s'appelait Eldad, et l'autre Médad. L'esprit reposa sur eux ; bien que n'étant pas venus à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis, et c'est dans le camp qu'ils se mirent à prophétiser. Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué[2], fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Après avoir rapporté l'ordre de quitter la montagne du Seigneur, le livre des Nombres regroupe dans les premières étapes de la marche au désert des événements dont plusieurs font l'objet de récits parallèles dans le Pentateuque. Celui dont on entend la lecture aujourd'hui est situé autour de la Tente. Alors qu'elle occupe le centre du camp pour les textes sacerdotaux, une tradition plus ancienne la place à l'extérieur du camp. Le Seigneur, annoncé par la colonne de nuée, vient y parler à Moïse face à face ; le jeune Josué ne quitte pas l'intérieur de la Tente (Exode, XXXII 8-11). La communication d'une part de l'Esprit qui reposait sur Moïse aux soixante-dix anciens du peuple fait penser aux récits de l'effusion de l'esprit de Samuel et des Fils de prophètes sur Saül et ses envoyés (I Samuel, X 5-10  & XIX 18-24). Les traditions du Nord ont plusieurs fois indiqué que Moïse avait été amené à partager une charge devenue trop lourde (Exode, XVIII 13-2 6 ; Deutéronome, I 9-15). Il reste le prophète par excellence et la permanence de l'Esprit en lui atteste sa superiorité. L'épisode complémentaire d'Eldad et de Médad souligne la liberté de l'Esprit qui peut se manifester en dehors du cadre institutionnel prévu. Loin de chercher à l'éteindre, mieux vaut en espérer la diffusion sur l'ensemble du peuple. Le récit de la Pentecôte répondra à cette attente. Les communautés chrétiennes n'en seront pas moins traversées par des jalousies et des conflits de pouvoirs ; elles auront à articuler fonctions et charismes.

[2] Josué, fils de Nûn (de la tribu d’Ephraïm), personnage central du livre qui porte son nom, après avoir été le serviteur de Moïse, durant le séjour au désert, fut son successeur. Il combattit les Amalécites à Raphidim, tandis que Moise priait au sommet d'une colline (Exode, XVII 8-13). Il accompagna Moïse sur le Sinaï (Exode, XXIV 13). Il fut parmi les explorateurs que Moïse envoya reconnaître une voie de pénétration en Canaan ; au retour, seulement soutenu par Caleb, il conseilla l'invasion de Canaan (Nombres, XIII 6 & XIV 5-9). A la mort de Moïse, Josué prit le commandement des tribus auxquelles il fit traverser le Jourdain et conquérir l'ensemble de la Terre promise : il prit Jéricho et Aï, conclut le traité d'alliance avec les Gabaonites, écrasa la confédération cananéenne du sud près de Gabaon, puis de celle du nord près du lac Mérôm (Josué, VI, VIII, X, XI). Après avoir rassemblé toutes les tribus à Sichem, Josué leur fit conclure un pacte religieux pour sceller leur unité dans la foi à Yahvé (Josué, XXIV). Ce pacte qui était un simple renouvellement de l'Alliance du Sinaï, au moment où commençait de se réaliser la possession de la Terre promise, orienta définitivement l'histoire du peuple choisi dont il consacrait l’unité sous le même chef.