23e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (VII 31-37).

Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole[1]. On lui amèna un sourd-muet[2], et on le pria de poser la main sur lui. Jésus l'emmena à l'écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles[3] ; et, prenant de la salive[4], lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel[5], il soupira[6] et lui dit : « Effata ! » , c'est-à-dire : « Ouvre-toi. »[7] Ses oreilles s'ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia[8], et il parlait correctement[9]. Alors Jésus leur recommanda de n'en rien dire à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient. Très vivement frappés, ils disaient : « Tout ce qu'il fait est admirable[10] : il fait entendre les sourds et parler les muets[11]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] La Décapole (en grec dekapolis) groupe de “ dix villes ” en majeure partie ou exclusivement hellénistiques, situées en Transjordanie, sauf de Scypthopolis (aujourd’hui Beth Sheam). Ces villes, incorporées par Alexandre Jannée au royaume de Judée en furent séparées par Pompée (63 av. J.-C.) qui leur accorda la liberté sous la tutelle du gouverneur de Syrie, probablement pour y renforcer l’élément hellénistique et contrer l’influence sémitique. Elle suivaient l’ère de Pompée, en souvenir de leur libération, et formaient sans doute une ligue bien que chacune eût sa propre administration ; plusieurs furent annéxées à la province romaine d’Arabie (106). Pline, dans son « Histoire naturelle » (V 18), nomme comme les dix villes de la Décapole : Damas, Philadelphie (aujourd’hui Amman, à la hauteur de Jéricho), Raphana, Scypthopolis (aujourd’hui Beth Sheam), Gadara (à la hauteur de Nazareth, à 10 km. au sud-est du lac de Galilée), Hippos (face à Tibériade), Dion, Pella (à la hauteur de Césarée), Gérasa (aujourd’hui Jerach, à la hauteur de Samarie) et Kanatha ; d’aucuns contestent l’appartenance de Raphana au groupe de la Décapole, et beaucoup y ajoutent Abila.

[2] Celui qui est sourd de naissance sera nécessairement muet. C’était bien là l’image de la nature humaine tombée sous le pouvoir du démon : elle ne sait plus entendre la parole de Dieu, elle ne sait plus la parler. Que d’hommes s’imaginent répéter la parole de Dieu qui ne disent que des paroles humaines ; ils n’ont plus entendu la vraie parole de Dieu : leur orgueil, leur amour de la prééminence a donné en eux entrée au démon (Théophylacte : Commentaire de l’évangile selon saint Luc, XI).

[3] Il pouvait le guérir par une seule parole, mais il voulut montrer que son corps, uni à la divinité, possédait une vertu divine. La nature humaine avait, par le péché d’Adam, subi toutes sortes de blessures et de déchéances ; mais en Jésus, elle se retrouvait parfaite, et elle devenait un moyen de guérison pour tous les hommes (Victor d’Antioche).

Le Saint-Esprit est appelé le doigt de Dieu. C’est devant le doigt de Dieu, accomplissant des prodiges que l’homme ne pouvait reproduire, que les magiciens d’Egypte s’inclinaient en disant : « le doigt de Dieu est ici ! » C’est avec le doigt de Dieu que la Loi fut écrite sur les tables de pierre. Ce doigt de Dieu qui, dans ce moment, touche les oreilles de cet homme, représente donc les dons du Saint-Esprit qui disposent le cœur de l’homme à croire à la parole de Dieu (saint Grégoire le Grand : commentaire d’Ezéchiel, I 10).

[4] Cette salive représente la sagesse qui se trouve dans toutes les paroles qui sortent de la bouche du Sauveur (saint Grégoire le Grand : commentaire d’Ezéchiel, I 10).

Il voulait montrer que tout ce qui venait de lui participait à sa vertu divine (Théophylacte : Commentaire de l’évangile selon saint Luc, XI).

[5] Il voulait nous apprendre où nous devons chercher le remède à nos infirmités (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc).

En levant les yeux au ciel, Jésus voulait nous rappeler le but pour lequel il accomplissait ses miracles : il ne les accomplissait que pour nous ramener à la patrie céleste d’où nous étions tombés.

[6] Il témoignait qu’il avait pris sur lui la cause de l’homme et il exprimait la profonde pitié que lui faisait éprouver la misère où l’avait réduit le péché (Victor d’Antioche).

Il voulait aussi nous apprendre quelle compassion nous devons avoir pour ceux en faveur desquels nous supplions (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc).

[7] En ce miracle apparaissaient les deux natures qui sont en Jésus-Christ. C’est l’homme qui regarde vers le ciel, qui gémit, qui prie ; et ensuite, en une parole de puissance, le Dieu opère la guérison (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc).

[8] Cet homme ne parla qu’après que ses oreilles se fussent ouvertes : ainsi devrions-nous faire toujours, et ne parler qu’après avoir écouté Dieu (saint Grégoire le Grand : commentaire d’Ezéchiel, I 10).

[9] Comment n’aurait-il pas bien parlé ? Comment n’aurait-il pas bien entendu, quand l’auteur même de la nature avait voulu réformer en lui les défauts de la nature ? (Victor d’Antioche).

[10] C’était un beau spectacle que de voir marcher ces gens qu’on portait, les aveugles voir sans besoin de guide. Aussi le grand nombre de ceux qui avaient été guéris et la facilité avec laquelle Jésus opéra ces guérisons jeta les assistants dans la stupeur (saint Jean Chrysostome : Homélie V sur l’évangile selon saint Matthieu).

[11] Nombreux sont ceux que nous voyons tous les jours, qui, ayant été sourds à la parole de Dieu, ouvrent l’oreille à cette parole ; ceux qui ne croyaient pas se mettent à croire ; ceux qui avaient une mauvaise vie ont une bonne vie ; ceux qui étaient révoltés se soumettent. pourqoi remarquons-nous un tel changement ? Un sourd s’est mis à entendre (saint Augustin : homélie VII).