21e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre de Josué (XXIV 1-2,15-17,18)[1].

Josué[2] réunit toutes les tribus d'Israël à Sichem[3] ; puis il appela les anciens d'Israël, avec les chefs, les juges et les commissaires ; ensemble ils se présentèrent devant Dieu. Josué dit alors à tout le peuple : « S'il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l'Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur »[4]. Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d'abandonner le Seigneur pour servir d'autres dieux ! C'est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d'Egypte, cette maison d'esclavage ; c'est lui qui, sous nos yeux, a opéré tous ces grands prodiges et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés. Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c'est lui notre Dieu »[5].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage du livre de Josué ne présente que des extraits d'un long chapitre qui décrit une assemblée des tribus d'lsraël s'unissant en un pacte solennel, et choisissant Yahweh pour seul Dieu. Sichem est une ville ancienne où les clans d'lsraël et de Jacob ont pu se rencontrer. Le texte se réfère à un événement décisif : un accord est conclu entre les fils d'lsraël que Yahweh a fait sortir d'Egypte et des tribus qui n'ont pas pris part à l'expédition ; celles-ci abandonnent leurs dieux pour servir Yahweh. Dans sa position actuelle, le chapitre prend l'allure d'un renouvellement de l'alliance du Sinaï ; achevant la période de l'exode et de la conquête, il donne l'image d'un Israël solidaire, alors que va s'ouvrir la période plus obscure et plus difficile des Juges. Le discours retenu est encadré par une proposition, un choix pour le service, et une réponse sans ambiguité : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c'est lui notre Dieu ». Ce service s'exprime aussi bien dans le culte que dans l'ensemble de la vie, désormais régie par la loi de l'alliance. Le chemin qui va de la proposition à la réponse passe par la profession de foi, dont l'article de base est la libération d'Egypte. C'est parce que le Seigneur a pris l'initiative de se faire connaître dans l'événement de l'exode qu'lsraël s'engage avec confiance et résolution.

[2] Josué, fils de Nûn (de la tribu d’Ephraïm), personnage central du livre qui porte son nom, après avoir été le serviteur de Moïse, durant le séjour au désert, fut son successeur. Il combattit les Amalécites à Raphidim, tandis que Moise priait au sommet d'une colline (Exode, XVII 8-13). Il accompagna Moïse sur le Sinaï (Exode, XXIV 13). Il fut parmi les explorateurs que Moïse envoya reconnaître une voie de pénétration en Canaan ; au retour, seulement soutenu par Caleb, il conseilla l'invasion de Canaan (Nombres, XIII 6 & XIV 5-9). A la mort de Moïse, Josué prit le commandement des tribus auxquelles il fit traverser le Jourdain et conquérir l'ensemble de la Terre promise : il prit Jéricho et Aï, conclut le traité d'alliance avec les Gabaonites, écrasa la confédération cananéenne du sud près de Gabaon, puis de celle du nord près du lac Mérôm (Josué, VI, VIII, X, XI). Après avoir rassemblé toutes les tribus à Sichem, Josué leur fit conclure un pacte religieux pour sceller leur unité dans la foi à Yahvé (Josué, XXIV). Ce pacte qui était un simple renouvellement de l'Alliance du Sinaï, au moment où commençait de se réaliser la possession de la Terre promise, orienta définitivement l'histoire du peuple choisi dont il consacrait l’unité sous le même chef.

[3] Sichem, ville cananéenne située entre l’Ebal et le Garizim, habitée dès le II° millénaire, fortifiée vers 1600, était un important nœud de communication entre la Transjordanie, le nord et le sud de Canaan. Abraham (Genèse, XII 6-7), Jacob (Genèse, XXXIII 18-20) et les fils de Jacob (Genèse, XXXVII 12) y séjournèrent. Dans la distribution de la Terre Promise, Sichem fut attribuée à la tribu d’Ephraïm (Josué, XXIV 32). Comme elle était le lieu de séjour de l'arche, au début de la conquête (Josué, VIII 33), Sichem vit la grande assemblée de l'amphictyonie des tribus (Josué, XXIV 1-28). Le juge Abimélek y devint roi (Juges, IX), Roboam y fut élu roi (I Rois, XII 1) ; après le schisme ce fut la première capitale du royaume du Nord (1 Rois, XII 25). Après l'exil, Sichem paraît comme la métropole des Samaritains ; c'est à Sichem que se retirent les Juifs expulsés de Jérusalem par Néhémie et Esdras en raison de mariages mixtes (Néhémie, XIII 28 ; Jérémie, XLI 5). Son influence s'accrut avec la construction du temple du Garizim. Mais elle fut détruite en 128 avant J.-C. par Jean Hyrkan. Elle fut reconstruite à deux kilomètres à l’est de son premier emplacement, au temps des Romains (72 après J.-C.) et porta le nom de Flavia Neapolis, avant de devenir Naplouse.

[4] Il y avait dans leur cœur des pensées sur Dieu étrangères à Dieu (…) Quiconque en effet pense Dieu tel qu'il n'est pas, porte en sa pensée un dieu étranger et faux. Mais qui est capable de penser Dieu tel qu'il est ? Il ne reste donc aux fidèles, tant qu'ils sont voyageurs, loin du Seigneur, qu'à ôter de leur cœur les vains fantômes qui 1'envahissent et qui s'introduisent dans le cours de leurs pensées pour leur faire imaginer Dieu comme s'il était tel ou tel, alors qu'il ne l'est pas. Et il faut incliner fidèlement son cœur devant lui, pour que, à la manière et dans la mesure qu'il sait nous être les plus profitables, il se fasse lui-même connaître par son Esprit, jusqu'à l'épuisement de tout mensonge (saint Augustin : « Questions sur l’Haptateuque », VI 29).

[5] Si donc celui qui viole un pacte conclu avec des hommes est un parjure qui met son salut en danger, que dire de ceux qui, par leur reniement, annulent le pacte qu'ils ont conclu avec Dieu et retournent en toute hâte vers Satan auquel ils avaient renoncé par leur baptême ? (Origène : « Exhortation au martyre », XVII).