16e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (VI 30-34).[1]

Après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui rapportèrent tout ce qu'ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu'on n'avait même pas le temps de manger[2]. Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l'écart[3]. Les gens les virent s'éloigner, et beaucoup les reconnurent.

Alors, à pied[4], de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux[5]. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux[6], parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement[7].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage de l’évangile selon saint Marc est plein de vie et de mouvement. D'abord les apôtres qui reviennent enthousiastes de leur première mission, se rassemblement auprès de Jésus pour lui rapporter tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Jésus qui connaît leur fatigue et leurs besoins, propose à ses apôtres de prendre du repos et de s'en aller en barque, loin de la foule qui les presse, accourant de partout. Pendant que Jésus et ses apôtres voguent, les gens tâchent de les rejoindre par la terre. En débarquant, Jésus « pris de pitié » se met à les enseigner longuement. Le récit de saint Marc repose sur cette tension entre le repos qui nécessaire aux apôtres, et la mission qui est nécessaire à la foule. « Tout ce qu'ils ont fait et enseigné. » Saint Marc résume ici toute la mission des apôtres en deux aspects : faire et enseigner. C'est aussi les deux traits de la mission de Jésus : des actes de miséricorde et de l'enseignement. « Venez à l'écart et reposez-vous un peu. » Cette invitation suggère que Jésus désire pour les apôtres le même rythme d'activité publique et de solitude que pour lui. Plusieurs fois, saint Marc, dans son évangile, souligne que Jésus se retire dans les lieux déserts pour prier. Sur ce point, les apôtres sont invités à faire comme lui. « En débarquant, Jésus vit une grande foule. » Cette retrouvaille des disciples avec Jésus devient impossible à cause de la foule ; Jésus se doit à elle, comme les disciples qui seront bientôt poussés à l'action. « Il fut saisi de pitié envers eux. » Cette « pitié », dans les évangiles, est employée surtout à propos de Jésus, et suggère un sentiment profond qui prend aux entrailles pour se traduire par un geste de miséricorde, un geste de salut. « Parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. » Les relations de Dieu avec son peuple, dans l'Ancien Testament, ont été décrites sous ce symbole. Jésus se comporte ici comme le Messie promis. Et ont peut même dire qu'il prend la place de Dieu, car c'était Dieu le vrai berger d'Israël. « Il se mit à les enseigner longuement. » Cette foule sans berger, laissée à l'abandon, va devenir un peuple constitué grâce à la Parole, à l'enseignement. Une fois de plus, Marc ne nous dit pas le contenu de cet enseignement, comme s'il voulait nous suggérer que le contenu, c'est la personne même de Jésus.

[2] Pour faire comprendre combien il était nécessaire d'accorder du repos aux disciples, l'évangéliste poursuit en disant : « De fait, les arrivants et les partants étaient si nombre qu'on n'avait même pas le temps de manger. » La fatigue de ceux qui enseignaient, ainsi que l'ardeur de ceux qui s'instruisaient, montrent bien ici comme on était heureux en ce temps-là. Plût au ciel qu'il en fût de même encore à notre époque, qu'un grand concours de fidèles se pressât autour des ministres de la Parole pour les entendre, sans même leur laisser le temps de reprendre des forces ! Car lorsqu'ils manquent du temps nécessaire pour prendre soin d'eux-mêmes, ils ont encore moins la possibilité de s'abandonner aux séductions de l'âme et du corps. Ou plutôt, du fait que l'on réclame d'eux à temps et à contretemps la parole de foi et le ministère du salut, ils brûlent du désir de méditer les pensées célestes et de les mettre sans cesse en pratique, de sorte que leurs actes ne démentent pas leurs enseignements (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc, II).

[3] La solitude est favorable à la sagesse (saint Jean Chrysostome : homélie XLII sur l’évangile selon saint Jean, 4).

[4] N'attendez donc pas que le Christ vous appelle, mais prévenez-le, courez au devant de lui (saint Théophylacte : commentaire de l'évangile selon saint Marc).

[5] Il a en outre mis à l'épreuve la foi de la foule, et l'ayant éprouvée, lui a donné en retour une récompense proportionnée. Il a gagné en effet un endroit isolé pour voir si les gens auraient soin de les suivre. Eux l'ont suivi. Ils ont pris en toute hâte la route du désert, non sur des ânes ou des véhicules de tout genre, mais à pied, et ils ont montré, par cet effort personnel, quel grand soin ils avaient de leur salut (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc, II).

[6] Il nous apparaît là dans sa double nature : il se montre à nous avec la compassion de l’homme et la puissance de Dieu (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc, II).

[7] Avoir pitié des pauvres et de ceux qui n'ont pas de berger, c'est précisément leur ouvrir le chemin de la vérité en les instruisant (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc, II).