15e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre du d'Amos (VII 12-15)[1].

Amazias, prêtre de Béthel[2], dit au prophète Amos : « Va-t'en d'ici avec tes visions, enfuis-toi au pays de Juda ; c'est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ; car c'est un sanctuaire royal, un temple du royaume. » Amos répondit à Amazias : « Je n'étais pas prophète, ni fils de prophète ; j'étais bouvier et je soignais les figuiers. Mais le Seigneur m'a saisi quand j'étais derrière le troupeau, et c'est lui qui m'a dit :Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Amos qui est compté parmi les douze petits prophètes, et qui fut le premier prophète écrivain, était un berger orignaire de la bourgade judéenne de Téqoa, (à dix-huit kilomètres au sud de Jérusalem et à neuf kilomètres au sud-est de Bethléem). Il prêcha au temps d’Ozias, roi de Juda (781-740), et de Jéroboam II, roi d’Israël (783-743), entre 760 et 750, dans le royaume du Nord, Israël (Samarie et Béthel). Grâce aux victoires du roi Jéroboan II sur les Araméens, Israël (le royaume du Nord) avait rétabli ses frontières, et vivait une période de prospérité ; or, cette prospérité entraîna la corruption morale et religieuse que le prophète Amos reprochait si durement qu’il fut expulsé du royaume du Nord par Amasias, prêtre de Bethel. Amos condamnait implacablement le luxe des riches qui exploitaient sans vergogne la misère des pauvres. Il prêchait que Yahvé, maître de l’univers, exerce sur la nature un pouvoir total et sanctionne les violations de l’ordre moral qu’il a établi : Israël, s’il ne se convertit pas en recherchant la volonté de Dieu, sera puni au Jour de Yahvé.

[2] Béthel, ville située à 19 kilomètres au Nord de Jérusalem, appartenait à la tribu de Benjamin (Josué, XVIII 22), encore que d'après le Livre des Juges (I 22-25), il semble qu'elle ait d’abord été conquise par d'Ephraïm. Béthel fut l'un des centres de l'histoire religieuse des Patriarches. La Genèse y place un sanctuaire dont la fondation remonterait à Jacob, qui lui-même aurait transformé un lieu de culte utilisé par les nomades cananéens. Jacob y a un songe (l’Echelle de Jacob) ; à son réveil, il dresse une stèle, l'oint d'huile et fait un vœu à Yahvé (Genèse, XXVIII 10-22). Béthel fut aussi l'un des deux pnocipaux lieux de culte du royaume du Nord sous le schisme. Déjà au début de la période des Juges, l'Arche y était demeurée un certain temps. Pour maintenir la séparation d'avec Juda, le roi Jéroboam établit deux sanctuaires dont un à Béthel. Yahvé y parait sous la forme d'un « veau d'or » (semblable au dieu syrien Hadad). Le temple de Béthel est consacré lors de la fête des Tentes et les prêtres des hauts-lieux sont chargés de la liturgie (premier livre des Rois, XII 26-33). Au temps d'Elie et d'Elisée, il y a à Béthel un groupe de « fils de prophètes ». Amos annonce la destruction de l’autel de Béthel (Amos, III 14) ; son acharnement contre le sanctuaire inquiète Amasias « prêtre de Béthel » qui prévient Jéroboam, et bientôt prend sur lui d'expulser le prophète de Yahvé (VII 10-17). Osée (IV 15) fera un jeu de mots sur le nom de Béthel (maison de Dieu), qu'il transformera en Bethaven (maison de vanité). Zacharie répondra aux gens de Béthel que désormais avec la reconstruction du temple, le jeûne commémorant sa destruction n'a plus de raison d'être (VII 1-3 & VIII 18-19). Après sa destruction par les Assyriens en 724 et celle du royaume du Nord en 721, ceux-ci déportèrent l'élite de la population et installèrent dans la région de Samarie des colons étrangers, arabes et babyloniens qui, selon les habitudes de l'époque, se crurent obligés de rendre un culte au dieu du pays. Ils demandèrent donc au roi d'Assyrie de choisir parmi les déportés un prêtre de Yahvé et de le leur envoyer. On accèda à cette demande : « Alors vint l'un des prêtres qu'on avait déportés de Samarie et il s'installa à Béthel » (deuxième livre des Rois, XVII 24-28). Benjamin réoccupa Béthel au temps du prophète Néhémie (Néhémie, XI 31).