14e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (VI 1-6).

Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d'étonnement disaient : « D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ?[1] » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui[2].

Jésus leur disait : « Un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison[3]. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle[4] ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Il s'étonna de leur manque de foi[5]. Alors il parcourait les villages d'alentour en enseignant[6].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] C'est assez l'habitude d'avoir peu de considération pour ce que l'on voit tous les jours, et au contraire d'estimer ce que l'on voit de loin (saint Cyrille d’Alexandrie).

L'envie est fréquente entre habitants d'un même pays. On se souvient de l'enfance de celui que l'on juge, comme si on n'avait pas passé soi-même par cet âge (saint Jérôme : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XIII 57).

L'envie entre donc dans le cœur et les met en opposition avec le Christ (saint Jean Chrysostome : homélie XLIX sur l’évangile selon saint Matthieu).

Il avaient admiré sa sagesse, ses œuvres, sa parole ; mais ils ont connu ses parents, et cette proximité les empêche de reconnaître sa divinité. Un épais nuage devant le soleil, la nuit elle-même n'amènent pas autant de ténèbres dans le ciel que l'envie dans une âme (saint Pierre Chrysologue : sermon XLVIII).

[2] Elle n'avait pas été jugée indigne de recevoir le Fils de Dieu descendant sur terre et par cette passion de l'envie elle se rend indigne des œuvres de celui qui était l'un de ses enfants. Afin que l'on ne se regarde pas comme obligé de se défaire de l'amour de son pays, il montre le vrai motif pour lequel il n'a pas accompli de miracles dans son pays. Celui qui aimait tous les hommes ne pouvait pas ne pas aimer ses concitoyens ; mais leur envie fit obstacle à son amour (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc IV 45).

Insensés qui chassent celui qui leur apportait le salut ! J.-C., qui a enseigné à ses Apôtres par son exemple à se faire tout à tous, ne repousse aucun de ceux qui ont bonne volonté, mais il ne s'empare de personne malgré lui ; il ne résiste point à ceux qui le chassent, et il ne fait jamais défaut à ceux qui l'appellent (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc IV 49).

[3] Ils étaient insensés de ne pas comprendre que s'il était réellement le fils de Joseph, la bassesse de son extraction ne faisait que le relever davantage et relever la grâce qui était en lui (saint Jean Chrysostome : homélie XLIX sur l’évangile selon saint Matthieu).

[4] L'objection que faisaient les Juifs ce jour-là, prouve que Jésus-Christ s'élevait au-dessus des conditions de la nature humaine, et était vraiment le Dieu annoncé par les Prophètes. En effet, l'illustration de la naissance, le rang familial, la faculté des parents riches de faire donner à leurs enfants une éducation brillante, une patrie illustre, servent beaucoup à la grandeur d'un homme. Mais celui qui, dans des conditions défavorables, peut percer malgré tous les obstacles, remplir la terre du bruit de son nom, et qui arrive à ce résultat par lui-même, par ses œuvres, et avec une entière certitude, celui-là ne mérite-t-il pas l'admiration ? Comment cet homme élevé dans la pauvreté, en dehors des études où l'on apprend la science de persuader, a-t-il osé promulguer de nouveaux dogmes, imposer à tout le genre humain une doctrine qui, tout en gardant les prophéties, détruisait les rites juifs, et surtout la religion des Grecs ? Comment cet homme sans aucune préparation a-t-il pu révéler sur le jugement de Dieu, sur le châtiment du vice et la récompense de la vertu, une doctrine propre à gagner non seulement les simples, mais encore beaucoup d'intelligences élevées ? Jésus à qui on fait honte de la pauvreté de sa mère, a remué le monde par son nom plus qu'aucun autre. Parmi les grands, il en est peu qui le soient par plusieurs côtés à la fois ; l'un est célèbre par sa sagesse, l'autre par ses vertus militaires ou par d'autres qualités. Jésus s'est rendu admirable par sa sagesse, ses miracles, et par l'autorité de son commandement. Il s'est fait des adhérents, non comme un tyran qui s'impose, ni comme un chef de voleurs qui arme ses compagnons contre d'autres hommes, ni comme un riche qui gagne les cœurs par ses largesses : il s'est montré le vrai docteur, enseignant aux hommes ce qu'ils doivent penser de Dieu, quel culte ils sont tenus de lui rendre, et quelle morale ils doivent pratiquer pour se rapprocher de lui (Origène : Contre Celse, I 29 & 30).

[5] Non que cette incrédulité n’eut pas été prévue par celui qui sait tout, mais il voulait montrer par son attitude ce qu’il y avait d’étrange dans cette incrédulité des Juifs qui n’ont pas voulu croire en leurs prophètes leur parlant Christ, ni au Christ né au milieu d’eux et réalisant ce qu’avaient annoncé les prophètes (saint Bède le Vénérable).

[6] C'était un homme qui apparaissait d'humble condition aux Juifs sans intelligence ; or maintenant c'est un Dieu véritable qui nous est prêché (...) Maintenant les rois et les princes l'adorent comme le Fils de Dieu, vrai Dieu lui-même, qui a glorifié et glorifie ceux qui l'adorent en esprit et en vérité, même s'il les corrige souvent quand ils pèchent. Eux qui étaient d'argile, il les rend de fer, les place au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres. Dieu sans forme et invisible, il a reçu, sans subir d'altération ni de changement, une forme dans un corps humain et s'est montré totalement homme, en n'offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Mais il a mangé, bu, dormi, transpiré et s'est fatigué ; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché. Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n'aurait pas plus accepté alors de croire en lui, absolument pas, même s'il avait été présent, s'il l'avait vu lui-même et entendu prêcher. il est même à craindre que, dans sa totale incrédulité, il l’aurait regardé comme un ennemi de Dieu, non comme le vrai Dieu, et l’aurait blasphémé (Syméon le Nouveau Théologien : Catéchèses, XXIX).

Syméon le Nouveau Théologien, aristocrate né en 949 à Galate, fut, à Constantinople, sénateur et chambellan, puis moine de Stotidios (977) et de Saint-Mamas. Prêtre (980), higoumène (981), il réforme le monastère dont les moines se révoltent (995-998). Les choses étant rentrées dans l’ordre, Syméon, contesté par le patriarche, démissionne (1005). Exilé par le patriarche Serge dans la région de Scutari où il mourut (1022), il y écrivit une grande partie de son œuvre.