7e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (II 1-12).

Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu'il était à la maison[1]. Tant de monde s'y rassembla qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte. Jésus leur annonçait la Parole. Arrivèrent des gens qui lui amenèrent un paralysé[2], porté par quatre[3] hommes[4]. Comme ils ne pouvaient l'approcher à cause de la foule, ils découvrirent le toit[5] au-dessus de Jésus, firent une ouverture et descendirent le brancard sur lequel était couché le paralysé[6]. Voyant leur foi[7], Jésus dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés.[8] » Or, il y avait dans l'assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes : « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » Saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu'ils faisaient[9], Jésus leur dit : « Pourquoi tenir de tels raisonnements ? Qu'est-ce qui est le plus facile[10] ? De dire au paralysé : ‘ Tes péchés sont pardonnés ’, ou bien de dire : ‘ Lève-toi, prends ton brancard et marche ’ ? Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l'ordonne, (dit-il au paralysé), lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi. » L'homme se leva, prit aussitôt son brancard[11], et sortit devant tout le monde. Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n'avons jamais rien vu de pareil. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Il s’agit de la maison de Simon-Pierre dont saint Marc a déjà parlé à propos de la guérison de la belle-mère de Pierre (I 29).

[2] Que tout malade sache employer des aides qui s'inféressent à lui et qui s'interposent pour lui, qui l'aident à réformer sa vie, soutiennent ses pas vacillants. Ayons des amis qui nous éclairent, qui secouent notre âme engourdie au milieu des faiblesses de la nature, et l'élèvent aux choses supérieures ; qui, nous aidant à nous relever et à nous humilier, nous présentent à Jésus-Christ (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, V 10).

[3] Quatre est utilisé pour signifier l’univers créé, tangible et sensible. Il y a quatre saisons et quatre points cardinaux. Dans la Genèse (II 10), le fleuve sorti de l'Eden se divise en quatre branches pour arroser la terre entière (le Pishon, le Gihon, le Tigre et l'Euphrate). Il y eut quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel) comme il y a quatre évangélistes, quatre grands docteurs de l’Eglise latine (saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme et saint Grégoire le Grand) et quatre grands docteurs de l’Eglise d’Orient (saint Basile de Césarée, saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostome et saint Athanase) On compte quatre vertus cardinales (ou vertus humaines, ou vertus morales) : la prudence qui te permet de discerner ton véritable bien et de choisir les justes moyens de l’accomplir ; la justice qui te permet de connaître et de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû ; la force qui te permet d’être ferme et constant dans la recherche du bien ; la tempérance qui te permet un bon usage des biens créés.

[4] « Laisse-toi conduire près de Jésus par les quatre porteurs qui sont les quatre évangélistes » (saint Augustin : commentaire du psaume XL).

[5] Les maisons de Palestine ont des toits en forme de terrasse : sur des poutres d'eucalyptus ou de caroubier, de peuplier ou de sapin, allant d'un mur à l'autre, soutenues, pour ne pas fléchir, par quelques piliers, on met des traverses supportant un clayonnage de roseaux ou de branchages qu'on recouvre d'argile ou de terre battue ; saint Luc parle de tuiles (V 19) ; un escalier extérieur donne accés à la terrasse.

[6] Ce lit sur lequel gît l’âme malade, c’est la jouissance corporelle et les plaisirs du siècle (saint Augustin : commentaire du psaume VI, 7).

[7] Il est grand ce Dieu, qui, à cause du mérite des uns, pardonne aux autres. Il faut donc vous montrer aussi accueillants que Dieu. Pourquoi ne reconnaîtriez-vous pas à un homme qui est votre égal le droit d'intercéder, quand Dieu reconnaît à un serviteur le pouvoir de mériter et le droit d'obtenir. Apprenez à pardonner, vous qui êtes juges ; et vous, qui êtes malades, apprenez à demander. Si, devant le pardon à obtenir de fautes graves, vous avez des hésitations, appelez à votre aide des intercesseurs, appelez à votre aide l’Eglise qui priera pour vous, et en vue de laquelle Dieu vous accordera ce qu'il serait en droit de vous refuser (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, V 11).

[8] Remarquez ici, frères, que Dieu ne se soucie pas de ce que veulent les hommes déraisonnables, qu'il ne s'attend pas à trouver de la foi chez les ignorants, qu'il n'analyse pas les sots désirs d'un malportant. Par contre, il ne refuse pas de venir au secours de la foi d'autrui. Cette foi est un cadeau de la grâce et elle s'accorde avec la volonté de Dieu. Vraiment, mes frères, depuis quand un médecin cherche-t-il à connaître les désirs des malades, à en tenir compte ? Toujours le mal-portant désire et réclame des choses contraires ! De là vient que le médecin applique à ses patients tantôt le fer, tantôt le feu ; ou bien il leur administre des potions amères, et il les leur impose malgré eux. Une fois revenus à la santé ils apprécient le traitement, ce dont ils étaient incapables au temps de leur maladie. Et si un homme n'a que dédain pour les manques d'égards, s'il fait bien peu de cas des mauvaises paroles, au point d'apporter de son propre mouvement vie et santé à des gens atteints par la maladie, combien plus ce médecin qu'est le Christ essaie-t-il, dans sa divine bonté, d'attirer au salut malgré eux ceux qu'atteignent les maladies de l'âme, ceux que le poids de leurs péchés et de leurs fautes accable jusqu'au délire ! Mais eux ne veulent pas se laisser faire ! Ô mes frères, si nous voulions, si nous voulions tous voir jusqu'en son fond la paralysie de notre âme ! Nous remarquerions que, privée de ses forces, elle gît sur un lit de vices ! L'action du Christ en nous serait source de lumière. Nous comprendrions qu'il considère chaque jour nos désirs nuisibles, qu'il nous entrâîne vers les remèdes salutaires et presse vivement nos volontés rebelles (saint Pierre Chrysologue : sermon L).

[9] Les Juifs professaient que Dieu seul peut remettre les péchés. Jésus, avant même de remettre les péchés, a révélé les secrets des cœurs, montrant par là qu'il possédait aussi cet autre pouvoir réservé à Dieu. Evidemment, les scribes se gardaient bien de dévoiler leurs pensées (...) Aussi bien, il ne revient à personne d'autre qu'à Dieu de connaître les secrets des cœurs. C'est ce que dit le prophète : « Toi seul, tu connais les secrets des humains » (II Chroniques, VI 30). Il est encore écrit : « Dieu, toi qui scrutes les cœurs et les reins » (Psaume VII 10). (…) Jésus révèle donc sa divinité et son égalité avec le Père en dévoilant aux Juifs le fond de leur cœur, et en divulguant des pensées qu'ils n'osent pas déclarer ouvertement par crainte de la foule (saint Jean Chrysostome : homélie XXIX sur l’évangile selon saint Matthieu, 2).

[10] Qu'est-ce qui vous semble le plus facile ? De montrer son pouvoir sur un corps inerte, ou de pardonner à une âme ses fautes ? C'est évidemment de guérir un corps, car le pardon des péchés dépasse cette guérison autant que l'âme est supérieure au corps. Mais puisque l'une de ces œuvres est visible, et l'autre pas, je vais accomplir également l'œuvre qui est visible et moindre, pour prouver celle qui est plus grande et invisible (saint Jean Chrysostome : homélie XXIX sur l’évangile selon saint Matthieu, 2).

[11] Ce lit sur lequel il avait gisé si longtemps, ne représente-t-il pas les faiblesses et les tentations de chair au milieu desquelles il était couché ? Mais guéri, il les porte au Maître (saint Grégoire le Grand : « Moralia in Job », XXIII 15).