7e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre d'Isaïe (XLIII 18-19, 21-22 & 24-25)[1].

Parole du Seigneur : « Ne vous souvenez plus d'autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Ce peuple que j'ai formé pour moi redira ma louange. Toi, Jacob, tu ne m'avais pas appelé, tu ne t'étais pas fatigué pour moi, Israël ! Par tes péchés tu m'as traité comme un esclave, par tes fautes tu m'as fatigué. Mais moi, oui, moi je pardonne tes révoltes, à cause de moi-même, et je ne veux plus me souvenir de tes péchés.[2] »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] « Qu'est-ce que j'ai bien pu faire au Bon Dieu pour que... ? » Cette récrimination qui est de tous les temps, jaillit instantanément de l’affligé qui ne connaît pas le Bon Dieu. L’avons-nous assez entendue après la tempête qui succédait à un Noël de trahison et d’impiété, dans une octave qu’on espérait finir dans une apothéose païenne ! Cette pauvre récrimination de l'homme qui met Dieu à sa mesure, était la plainte révoltée des juifs en exil. Par le prophète Isaïe Dieu donne sa réponse de Dieu. Après avoir rappelé les « merveilles » du passé et les trahisons qui leur répondirent, le Seigneur annonce un avenir de nouveauté. Si l’homme doit payer ses trahisons, le Seigneur reste fidèle à sauver. Ce passage cherche la réponse de Dieu au plus profond de son cœur, cœur blessé par le péché des hommes, qui l'ont « traité comme un esclave », mais cœur qui pardonne quand même et toujours : « Moi, oui. moi je pardonne ! » La nouvelle route, ouverte dans le désert du monde, est celle de la miséricorde.

[2] « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse, XXI 5), c'est le cri du Vainqueur à saint Jean qui voit « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Apocalypse, XXI 1). On ne saurait lire la prophétie d’Isaïe sans entendre en même temps ce passage de l'Apocalypse qui lui répond. Mais, entre Isaïe et l’Apocalypse, il faut entendre la parole de saint Paul (II Corinthiens, V 17) : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là ». Le monde nouveau n'est pas dans un futur probable, il est déjà là, ici et maintenant, inauguré en Jésus-Christ. Le monde ancien est devenu nouveau parce qu'il a été pardonné : mort avec le Christ, il est ressuscité avec lui. Le monde était paralysé par le péché, mais Dieu lui dit : « Je ne veux plus me souvenir de tes péchés ». Tout à l’heure, nous entendrons Jésus dire au paralytique : « Tes péchés sont pardonnés... lève-toi ». Le paralysé qui se lève, c'est le monde racheté, vraiment « nous n'avons jamais rien vu de pareil ». La foi et l’obstination du paralysé et de ses porteurs prenaient toute leur dimension. C'est la foi en un monde nouveau qui doit nous mener vers le Christ seul Sauveur, nous porter vers lui et nous aider à porter les autres. Si nous sommes toujours le paralysé, nous sommes toujours aussi aussi les porteurs : les chrétiens sont envoyés en service dans le monde blessé par le péché pour le porter à Jésus. Ce monde nouveau est « déjà là ». Croire en « toutes choses nouvelles » ne nous éloigne pas de la réalité de notre vie ; au contraire, c'est les porter, pour que, par sa grâce, le Seigneur y demeure (Apocalypse, XXI 3).