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6e dimanche des temps ordinaires
Evangile
Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Un lépreux vint trouver Jésus ; il tomba à ses genoux et le supplia : « Si tu le veux, tu peux me purifier[1]. » Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha[2] et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » A l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié. Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi[3] : ta guérison sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d'éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui. Textes liturgiques © AELF, Paris [1] Il ne lui dit pas : Si vous demandez cette grâce à Dieu ; mais : Si vous voulez ... Il reconnaît à sa volonté une puissance souveraine. Il ne lui dit pas non plus : Seigneur, guérissez-moi ; il s'en remet pleinement à son jugement (saint Jean Chrysostome : homélie XXV du commentaire de l'évangile selon saint Matthieu). Il ne doute point de la puissance du Sauveur, il ne doute point non plus de sa volonté ; mais devant cette volonté, conscient de son indignité, il détruit toute présomption (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, V 2). Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s'il refusait de croire en sa bonté. Mais conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur s’il le veut, peut le purifier, il fait bien d'affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est a bon droit requise tout autant que la mise en œuvre de la puissance et de la bonté du Créateur. Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d'abort être fortifiée. C'est alors seulement qu'elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l'âme et du corps. L’apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit : « Il a purifié leurs cœurs par la foi » (Actes, XV 9). Si le cœur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par la la force de la foi, car, comme le dit l’apôtre Jacques, « celui qui doute ressemble au flot de la mer » (Jacques, I 6). Mais la foi pure, vécue dans l'amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l'attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans la prière et de sagesse dans ce qu'elle demande, est certaine d’entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur ; Je le veux (saint Paschase Radbert : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, V 8). [2] Et Jésus ne dit pas simplement : « Je le veux, sois guéri. » Mieux encore : Il étendit la main et le toucha. Voilà qui est digne d'attention. Puisqu'il le guérissait par un acte de sa volonté et par une parole, pourquoi l'a-t-il touché de la main ? Pas pour une autre raison, me semble-t-il, que pour montrer qu'il n'est pas inférieur, mais supérieur à la Loi, et que, désormais, rien n'est impur pour quelqu'un de pur (...) La main de Jésus n'est pas devenue impure au contact du lépreux ; au contraire, le corps du lépreux a été purifié par la sainteté de cette main. C'est que le Christ est venu non seulement guérir les corps, mais élever les âmes à la sainteté ; il nous enseigne ici à avoir soin de notre âme, à la purifier, sans nous préoccuper des ablutions extérieures. La seule lèpre à craindre, c'est celle de l'âme, c'est-à-dire le péché (saint Jean Chrysostome : homélie XXV du commentaire de l'évangile selon saint Matthieu). [3] Il devait apporter deux oiseaux : l'un devait être immolé par le prêtre et son sang devait être répandu sur celui qui demeurait vivant. N'y a-t-il pas là une figure de celui qui, descendu du ciel pour nous racheter, a été immolé pour nous et nous a purifiés dans son sang de la lèpre du péché ? (saint Cyrille d'Alexandrie : homélie sur l'évangile selon saint Luc). Comme la maladie, la guérison doit être constatée par un prêtre. Ce sera la preuve du pardon de Dieu. Mais la Loi prévoit que, pour être réintégré dans la communauté, l’ancien malade offrira un sacrifice semblable, par certains côtés, au sacrifice pour le péché. La disparition totale du mal s'appelle donc « purification » et l'on dira indifféremment « être guéri » ou « être purifié » (évangile selon saint Matthieu, VIII 2-3, X 8 & XI 5; évangile selon saint Marc, I 42 ; évangile selon saint Luc, V 12-13). Le rituel signale une première offrande de deux oiseaux : l'un sera immolé, tandis que l'autre sera relâché dans la nature après avoir été plongé dans une eau spéciale dont on asperge le lépreux (Lévitique, XIV 2-8). C'est un premier rite de purification. Sept jours après, il est prévu une série de rites qui sont, semble-t-il, des mesures prophylactiques : le malade doit se raser entièrement tous les poils porteurs des signes de la maladie, laver ses vêtements et prendre un bain (Lévitique, XIV 9). Le lendemain, c'est-à-dire le huitième jour, il offrira un deuxième sacrifice de réparation pour le péché et un holocauste ; le prêtre accomplira le rite de purification par onction, en appliquant le sang du sacrifice sur l'oreille, le pouce et le gros orteil droits du lépreux. Il fera ensuite une autre onction avec de l'huile sur les mêmes membres et répandra le reste de l'huile sur la tête du malade (Lévitique, X 10-32). Ces rites témoignent de la fusion de deux rituels, l’un de purification, l’autre de sacrifice dans lesquels ont été insérés divers autres éléments. Ils sont archaïques et comportent un vieux fonds de croyances magiques. Mais la foi yahviste transforme profondément leur signification. Toute cette législation n'a qu'un seul but : sauvegarder la sainteté du peuple élu dans son ensemble, celle de chacun de ses membres en particulier et du pays lui-même. La théologie qui s'y exprime manifeste une profonde unité d'intention et tout y est d'un seul tenant jusque dans les prescriptions disparates de ce rituel composite. Elle témoigne ainsi des préoccupations de la communauté post-exilienne et de ses exigences croissantes en matière de pureté ; malheureusement, l'hypertrophie des lois aboutira au formalisme étroit des Pharisiens, incapable de s'ouvrir à la véritable notion de pureté morale. |