5e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (I 29-39).

En quittant la synagogue de Capharnaüm, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez[1] Simon [Pierre] et André.

Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre[2]. Sans plus attendre, on[3] parla de la malade à Jésus. Jésus s'approcha d'elle, la prit par la main et il la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait[4].

Le soir venu, après le coucher du soleil[5], on lui amenait tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais[6]. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais et il les empêchait de parler[7], parce qu'ils savaient, eux, qui il était[8].

Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert[9], et là il priait[10].

Simon et ses compagnons se mirent à sa recherche. Quand ils l'eurent trouvé, ils lui dirent : « Tout le monde te cherche. Mais Jésus leur répondit : Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c'est pour cela que je suis sorti. » Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues et chassant les esprits mauvais.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Dans l’évangile selon saint Marc, la maison est souvent le lieu d’un enseignement particulier que Jésus réserve à ses disciples, comme ce sera le cas dans la maison du plublicain Levi (saint Matthieu) au début du deuxième chapitre.

[2] Il avait fallu, pour amener l`homme à la véritable santé, le délivrer de l’action du démon : l’âme ne serait pas devenue l'esclave du corps, si le démon n’était venu tenter l'homme ; car l'âme agit sur le corps, elle le conduit, elle le vivifie, et comment serait-elle devenue la prisonnière du corps si elle n'avait été attaquée par une puissance supérieure ? Elle n'avait point connu la gourmandise avant que le serpent ne la tentât : et c'est pourquoi l'auteur du salut avait dû s'attaquer d'abord au premier auteur du péché (saint Ambroise de Milan : commentaire de l’évangile selon saint Luc, IV 62).

[3] Remarquez ici la réserve de Pierre à l'égard du maître. Sa belle-mère était chez lui, en proie à une forte fièvre, et pourtant il ne l’a pas pressé de venir dans sa maison : il a attendu qu'il ait achevé son enseignement, qu'il ait guéri les autres, et il ne lui a fait sa prière que quand Jésus est entré chez lui. Ainsi, dès le début, il apprnait à faire passer les autres avant soi-même De plus, ce n'est pas Pierre qui invite le Seigneur ; c'est le Seigneur qui est allé de lui-même chez lui, montrant ainsi quelle grâce il accordait à son disciple (saint Jean Chrysostome : homélie XXVII sur l’évangile selon saint Matthieu, 1).

[4] Dès qu'il fut entré chez Pierre, le Christ vit ce pour quoi il était venu. L'aspect de la maison ne retint pas ses regards, ni la multitude venue à sa rencontre, ni l'hommage de ceux qui le saluaient, ni la famille qui le pressait. Il ne jeta même pas un coup d'œil sur les dispositions prises pour le recevoir, mais il écouta les gémissements de la malade et porta son attention à la fièvre qui la consumait. I1 vit qu'elle était dans un état désespéré, et aussitôt il étendit les mains pour qu'elles accomplissent leur œuvre divine. Et le Christ ne prit pas place à la table des hommes avant que la femme ne se levât de sa couche pour louer Dieu. Voyez comment la fièvre quitta celle que le Christ tenait par la main. La maladie ne résiste pas devant l'auteur du salut. Il n'y a pas de place pour la mort, là où est entré le Prince de la vie (saint Pierre Chrysologue : sermon XVIII, 1-3).

[5] Parce que le sabbat est maintenant terminé (après le coucher du soleil) et les gens viennent à lui.

Ce coucher du soleil nous est la figure d'un autre coucher du soleil, celui dans lequel disparaîtra celui qui est la lumière du monde. Et à ce coucher du soleil, il y aura plus de démoniaques délivrés, plus de malades guéris qu'il n'y en avait eu auparavant. Celui, en effet, qui dans sa vie temporelle n'avait enseigné qu'un petit nombre de Juifs, après avoir passé par la mort, a envoyé à toutes les nations de la terre les dons de la foi et du salut. C'est à ses serviteurs, ministres de la vie et de la lumière, que le Psalmiste disait : « Faites un chemin à celui qui s'élève sur le couchant »*. Le Sauveur s'élève en effet sur le couchant, car s'il a eu son couchant dans sa Passion, il s'est relevé dans sa résurrection avec une gloire nouvelle (saint Bède le Vénérable).

*Psaume LXIX 5.

[6] Un esprit mauvais ou un démon est un être spirituel doué d'une grande puissance qui se manifeste par la maladie et la possession. Comme Jésus, l'Eglise chasse les démons par l'exorcisme, exercice ignoré dans l'Ancien Testament mais connu des pharisiens (évangile selon saint Matthieu, XII 22-30) et d'autres qui sont dénoncés par saint Jean parce qu'ils chassent les démons au nom de Jésus (évangile selon saint Marc, IX 38-40). Dans l'évangile selon saint Marc, Jésus fait quatre fois un exorcisme : le possédé de Carpharnaüm (I 21-28), le possédé de Gérasa (V 1-20), la fille d'une syro-phénicienne (VII 24-30) et l'enfant épileptique (IX 14-29). L'exorcisme est une adjuration au démon pour l'obliger à quitter un lieu ou une situation pour rendre à la liberté une personne qu'il détient plus ou moins en son pouvoir.

[7] Jésus ne veut pas d'un semblable témoignage, il ne veut pas que sa gloire soit publiée par ces bouches impures, il ne veut point que les démons fasse ce qu'il réserve à ses apôtres (saint Jean Chrysostome : catéchèse avant le Baptême).

Jésus repousse leur témoignage, nous apprenant à repousser de tels témoignages, même quand ils sont vrais, et à ne puiser la vérité que dans cette source pure des saintes Ecritures (saint Athanase).

[8] Vous voyez que tout en accomplissant ses œuvres perverses, la nature dans le démon conserve encore sa lumière : ce Dieu qu'il nie par ses œuvres, il le reconnaît de bouche (saint Ambroise de Milan : commentaire de l’évangile selon saint Luc, IV 64).

[9] Désert signifie un lieu vide et délaissé, une région quasi inhabitée, sorte de garrigue inculte. Chez saint Marc, le désert est un lieu privélégié de rencontre avec Dieu (I 35, VI 31, VI 35) et de prière (Marc I 35, Marc VI 31, Marc VI 35, Luc V 16).

[10] Cette prière adressée au Père, est avant tout une louange, une adoration parfaites, et une prière d'action de grâces. Jésus rapporte tout l'univers qu’il consacre au Père par une offrande digne de lui, anticipant l’harmonieuse soumission de tout à Dieu, à la fin des temps. La prière de Jésus est aussi une demande d'assistance pour la tâche qui reste à faire. Capharnaüm a entendu l’Evangile, mais la mission de Jésus doit se poursuivre. Avant de commencer cette autre phase de son ministère, Jésus prie son Père, il le prie non pour les autres, mais pour lui-même. L’auteur de l'épître aux Hébreux (V 7), fait allusion à cette prière du Christ pour lui. Elle lui convenait d'autant mieux qu'en s'incarnant il avait accepté certaines conséquences du péché d'Adam : la tentation, la souffrance et la mort. De là pour lui la dependance à l'égard de la providence de son Père et le besoin de sa protection au cours de sa mission terrestre. Enfin, la prière de Jésus fut pour nous un exemple qui, pieusement recueilli par la tradition chrétienne, a amené les moines et les moniales à multiplier leurs prières bien avant l'aurore pour rendre féconde auprès des âmes la tâche que poursuivent les continuateurs de la mission du Christ.