5e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre de Job (VII 1-4 & 6-7)[1].

Job prit la parole et dit : « Vraiment, la vie de l'homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l'esclave qui désire un peu d'ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je n'y ai gagné que du néant, je ne compte que des nuits de souffrance. A peine couché, je me dis : Quand pourrai-je me lever ? Le soir n'en finit pas, je suis envahi de cauchemars jusqu'à l'aube. Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, ils s'achèvent quand il n'y a plus de fil. Souviens-toi, Seigneur : ma vie n'est qu'un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le livre de Job est un débat poétique sur la condition humaine et la question de Dieu ; par ses interrogations mêmes, il éclaire la foi de ceux qui ne se contentent pas de solutions toutes faites, et apprises par cœur. Ce passage est extrait du deuxième poème de Job. Terriblement éprouvé dans sa chair et dans ses biens, Job sent disparaître tous les appuis sur lesquels il avait jusque-là fondé sa vie. L'ancien gros propriétaire compare sa situation à la dure condition des esclaves et des salariés. On comprendra mieux la force de cette comparaison en constatant par exemple comment la Loi cherche à protéger le salarié : le Deutéronome recommande de ne pas l'exploiter (XXIV 14) et le Lévitique demande à l'employeur de ne pas garder sa paye jusqu'au lendemain (XIX 13). On sera attentif aux termes que Job emploie pour exposer sa vie. Trois registres apparaissent plus nettement : c'est d'abord une vie dure, marquée par la souffrance ; c'est ensuite une existence dont le trait saillant est la précarité et dont l'horizon n'est autre que le vide ou le néant ; C’est enfin une attention portée au temps qui semble fuir sans rien construire. Le « souviens-toi », lancé vers Dieu comme une prière, entretient sans doute une lueur d'espoir.