4e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre du Deutéronome (XVIII 15-20)[1].

Moïse dit au peuple d'Israël : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l'écouterez. C'est bien ce que vous avez demandé au Seigneur votre Dieu, au mont Horeb, le jour de l'assemblée, quand vous disiez : Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir ! Et le Seigneur me dit alors : Ils ont raison. Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi : je mettrai dans sa bouche mes paroles et il leur dira tout ce que je leur prescrirai[2]. Si quelqu'un n'écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. Mais un prophète qui oserait dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d'autres dieux, ce prophète-là mourra. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage est extrait du « Code deutéronomique » (Deutéronome, XII-XXVI) où l’on trouve les bases d'une réforme nécessaire après l'annexion du royaume du Nord par les Assyriens en 722, et l'expérience des nombreuses infidélités du peuple. Plus qu'un sec énoncé juridique, ces quelques lignes livrent une réflexion sur la fonction prophétique. L'heure est venue de se démarquer de toutes les pratiques par lesquelles les païens obtenaient la communication des messages divins (Deutéronome, XVIII 9-14). Seule la Parole de Dieu définit et façonne le prophète qui n’a pas d’autre rôle que de porter les paroles que Dieu lui a révélées. Le Deutéronome trouve en Moïse le modèle du prophète authentique. Le libérateur d’Egypte n'est-il pas celui à qui Dieu a parlé « face à face, dans l'évidence et non en énigmes » (Nombres, XII 8) ? Ce modèle du vrai prophète a aidé à mieux comprendre le sens de la mission de Jérémie dans la bouche duquel Dieu a mis ses paroles (Jérémie, I 9). Lorsque les gens de Qumran exprimaient leurs attentes messianiques, ils incluaient ce texte parmi les « Témoignages ». Les premiers chrétiens ont lu à la lumière de Jésus-Christ cette annonce du prophète authentique à la manière de Moïse. Le texte qui est cité partiellement dans les Actes des Apôtres (III 22-23), trouve un écho dans le récit de la Transfiguration, quand la voix venant de la nuée invite à écouter celui qui vient d'être déclaré « Fils bien-aimé » (évangile selon saint Marc, IX 7).

[2] « Considérez Jésus Christ, apôtre et grand prêtre pour notre confession de foi, lui qui est digne de confiance pour celui qui l'a institué, tout comme Moise, sur toute sa maison » (épître aux Hébreux, III 1-2). Que signifie : « Il est digne de confiance pour celui qui l'a institué ? » Cela veut dire qu'il dirige par sa providence les êtres qui lui appartiennent, et ne les laisse pas périr par sa négligence. « Comme Moïse qui fut digne de confiance dans toute sa maison » ; c'est-à-dire : apprenez qui est votre grand prêtre, apprenez son origine, et vous n'aurez pas besoin d'autres encouragements ni consolations. Le Christ est appelé « apôtre » parce qu'il a été envoyé. Il est appelé aussi « grand prêtre pour notre confession », c'est-à-dire notre confession de foi. Jésus est comparé, à juste titre, à Moïse puisqu'il a été chargé comme Moïse de gouverner un peuple, mais un peuple plus nombreux et chargé d'une mission plus importante. Moïse avait gouverné à titre de serviteur, le Christ gouverne en sa qualité de Fils. Ceux dont Moïse avait la charge n'étaient pas à lui, ceux que guide Jésus lui appartiennent. « Pour attester ce qui allait être dit » (épître aux Hébreux, III 5). Que dis-tu là ? Est-il possible que Dieu accepte un témoignage humain ? Oui, sans aucun doute, car il appelle le ciel, la terre et les collines à être ses témoins. Voici ce qu'il dit par son prophète : « Cieux, écoutez ; terre, prête l'oreille, car le Seigneur parle » (Isaïe, I 2). Et encore : « Ecoutez, vous aussi, fondements inébranlables de la terre » (Michée, VI 2), c'est le procès du Seigneur avec son peuple. A plus forte raison prend-il des hommes à témoin. Que signifie : « Pour attester » ? Pour que les hommes attestent, même quand ils agissent impudemment, que le Christ nous parle vraiment en sa qualité de Fils, car ceux dont Moïse avait la charge n'étaient pas à lui, mais ceux que guide Jésus lui appartiennent (saint Jean Chrysostome : cinquième homélie sur l’épître aux Hébreux, 3).