3e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (I 14-20).

Après l'arrestation de Jean-Baptiste[1], Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle[2] de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis[3], le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.[4] »

Passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets[5] ; c'étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes.[6]  » Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent.

Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de Zébédée[7] et son frère Jean qui étaient aussi dans leur barque et préparaient leurs filets. Jésus les appela aussitôt. Alors, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui[8].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Hérode avait envoyé arrêter Jean et l’avait fait lier en prison, à cause d’Hérodiade, la femme de Philippe, son frère, qu’il avait épousée. Car Jean disait à Hérode : « Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. » Hérodiade en avait contre lui, et elle aurait bien voulu le tuer, mais elle ne pouvait pas. Car Hérode craignait Jean, le sachant un homme juste et saint, et il le protégeait. Et après l’avoir entendu, il ne savait vraiment que penser, et cependant il l’écoutait avec plaisir (évangile selon saint Marc, VI 17-18).

Hérode Antipas avait d’abord épousé une fille du roi arabe Arétas IV qui, de - 9 à + 40, régnait sur les Nabatéens, à la frontière orientale de son royaume. Lors d’un voyage vers Rome, il reçut l’hospitalité chez son demi-frère Hérode-Philippe (fils d’Hérode le Grand et de Mariamme) qui vivait en simple particulier, et s’était lié avec Hérodiade, sa femme. Hérodiade était la fille d’Aristobule, descendant des Asmonéens par sa grand’mère, Mariamme, mère d’Hérode-Philippe. Salomé était née du premier mariage d’Hérodiade. Quant à la fille d’Arétas, pour éviter l’humiliation de la répudiation, elle était retournée chez son père qui, en 36, se mit en guerre contre Hérode qui fut honteusement battu et, sans doute par jugement de Caligula, perdit Damas (37). Salomé épousa successivement le tétrarque d’Iturée et de Trachonitide, Hérode Philippe II, fils d’Hérode le Grand et de Cléopâtre, et Aristobule, fils d’Hérode Agrippa II (48-95, roi de Chalcis puis tétrarque de Philippe et de Lysanias), qui, en 54, recevra de Néron le royaume de la Petite Arménie.

[2] En grec, Bonne Nouvelle se traduit par Evangile. Déjà, chez le prophète Isaïe (XL - LXVI), il s’agit du salut, de la venue du Règne de Dieu, dont le message est une consolation (XL 9, LII 7, LX 6, LXI 1). Le mot est encore employé par les traducteurs de l’Ancien Testament en grec (les Septantes) pour désigner l’annonce d’une victoire (II Samuel, XVIII 20 ; II Rois, VII 9) ou la récompense pour l’annonce d’une victoire (II Samuel, IV 10 & XVIII 22) ; dans la littérature grecque, le mot a le même sens, comme en témoigne Homère (« Odyssée » XIV 152), cependant, aux derniers siècles de la littérature hellénistique, le mot prend une signification religieuse et salivifique en rapport avec le culte impérial, comme en témoignent Philon et Flavius Josèphe.

[3] Contrairement aux Grecs, les Juifs s'intéressent plus au contenu historique du temps qu'à la question philosophique de sa nature. L'élément qualitatif du temps est, pour les Juifs, plus important que le quantitatif, parce que le temps est un objet d'expérience plus qu'un objet mathématique ; souvent, l'Ecriture détermine le temps par les sensations et il faut attendre les derniers siècles pour trouver la division de la journée en heures. Dieu a ses temps qui échappent aux cycles naturels (plaisir, colère, visite, vengeance, guérison), spécialement le jour de Yahvé. L'action de Dieu dans le monde détermine la nature véritable du temps et le sort de l'humanité. La plénitude des temps (épître de saint Paul aux Galates, IV 4). L'époque prévue de toute éternité pour l'avènement du règne de Dieu est arrivée (kairos = le temps favorable).

[4] Le royaume de Dieu est le Christ qui, nous en avons la certitude, connâît les actes bons et mauvais et juge tous les motifs de nos actes. Aussi nous faut-il devancer Dieu en confessant nos fautes et réprimer tous les dérèglements de l'âme avant le jugement. Nous nous exposons au danger si nous ne savons quel traitement suivre pour nous guérir du péché. Nous devons faire pénitence avant tout parce que nous savons que nous aurons à rendre compte des raisons de nos errements. Voyez, frères bien-aimés, combien la bonté de notre Dieu est grande envers nous, si grande qu'il veut remettre le péché de celui qui s'en reconnaît coupable et le répare avant le jugement. Car lui, le juste juge, fait toujours précéder le jugement d'un avertissement, pour n'avoir jamais à exercer une justice sévère. Si Dieu veut tirer de nous des ruisseaux de larmes, ce n'est pas pour rien, frères bien-aimés, mais pour que nous puissions recouvrer par le repentir ce que nous avions perdu par la négligence. Car notre Dieu sait que l'homme n'a pas toujours une volonté droite, et qu'il peut souvent pécher dans sa chair ou commettre des écarts de langage. Aussi nous a-t-il appris la voie du repentir par laquelle nous pouvons réparer les dommages que nous avons causés, et nous corriger de nos fautes. Pour être sûrs d'en obtenir le pardon, nous ne devons donc jamais cesser de regretter nos péchés. Si affaiblie que soit la nature humaine par tant de blessures, personne ne doit désespérer. Car le Seigneur est d'une générosité si grande qu'il répand de bon cœur sur tous ceux qui sont à bout de force les dons de sa miséricorde (saint Césaire d’Arles : sermon CXLIV).

[5] Le filet, image de Yavhé qui attrape et maîtrise ses adversaires (Ezéchiel, XII 13, XVII 20, XIX 8, XXXII 3 ; Osée, VII 12, Lamentations, I 13). Le filet peut aussi être l’image du piège tendu aux hommes (Psaume IX 16, X 9, XXV 15, XXI 5 et suivants, LVII 7) ; il est encore l’image de la flatterie (Proverbes XXIX 5). L'épervier est un filet de pêche conique et circulaire, de douze à quinze mètres de circonférence, lesté de plomb (c'est le shabaka des Arabes).

[6] Les apôtres ont reçu de Jésus-Christ le filet de la parole de Dieu ; ils l’ont jeté dans le monde comme dans une mer profonde, et ils ont conquis cette multitude de chrétiens que nous voyons et qui excite notre admiration (saint Augustin : sermon CCXLVIII).

[7] Zébédée cadeau de Yahvé ; Jean, Dieu a fait grâce ; Jacques, Il supplantera ou que Dieu protège (il s’agit du Majeur).

[8] Ils cherchaient dans la mer un gain médiocre et ils ont trouvé celui qui est la vie ; ils ont abandonné une barque et ils ont trouvé Dieu ; ils ont laissé leur avirons et ils ont trouvé le Verbe ; ils ont laissé leurs cordages et ils ont trouvé les liens de la foi ; ils ont laissé reposer leurs filets et ils ont pris des hommes ; ils ont délaissé la mer et ils ont trouvé le ciel ; ils quittent ces flots où ils sont ballottés pour établir sur la pierre inébranlable des âmes agitées jusque-là par l’erreur (saint Ambroise : « De Virginitate »).