3e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du premier livre de Jonas (III 1-5,10)[1].

La parole du Seigneur fut adressée à Jonas[2] : « Lève-toi, va à Ninive[3], la grande ville païenne, proclame le message que je te donne pour elle. » Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser. Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! » Aussitôt les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne et tous, du plus grand au plus petit, prirent des vêtements de deuil. En voyant leur réaction et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le livre de Jonas ne transmet pas les oracles de Jonas, mais relate sa mission à Ninive. Il appartient pourtant à la littérature prophétique qui inclut souvent des récits sur les prophètes. L'histoire de Jonas est racontée au V° siècle, alors qu’une part de la communauté juive veut maintenir sa spécificité par des mesures qui tendent à la replier sur elle-même. L’auteur défend au contraire la thèse de l'ouverture. Il ne choisit pas par hasard Ninive, l'ancienne capitale de l'empire assyrien qui a été un oppresseur redoutable au temps des royaumes d'lsraël et de Juda. Le livre de Nahoum célèbre avec éclat la chute de Ninive en 612. L'imaginaire de la communauté en avait été marqué et on comprend les réticences d'un Jonas d'abord acquis au point de vue restrictif. Comme pour un Amos ou un Jérémie, la mission prophétique bouleverse toutes les données. Le critère premier de la vocation de Jonas n'est certainement pas l'attrait. Mais il rejoint la grande tradition prophétique en agissant « selon la Parole du Seigneur ». Cette Parole est capable de transformer et le prophète et ses auditeurs qui répondent par la foi et le changement de conduite. La miséricorde de Dieu s'étend à tous les hommes et la Parole du Seigneur peut atteindre collectivement tous les peuples.

[2] Jonas reçoit l'ordre d'aller prêcher la conversion aux habitants de Ninive. Il refuse et s'embarque pour Tharsis. Bientôt survient une tempête dont les marins le rendent responsable et le jettent à la mer. Englouti par un énorme poisson, Jonas prie le Seigneur. Au bout de trois jours, il est rejeté sur une plage et gagne Ninive. Les habitants se convertissent et Dieu leur pardonne, ce dont le prophète est mécontent. Dieu lui explique alors le motif de sa miséricorde. Israël est appelé à devenir missionnaire de Yahvé parmi les païens. Vis-à-vis des païens, Dieu peut revenir sur ses décisions de chatiment : il sauvera ceux qui se convertiront.

[3] Capitale de l'Assyrie, Ninive est située sur la rive gauche du Tigre, en face de Mossoul, à 1 500 mètres du lit actuel du fleuve qui s'est légèrement déplacé vers l'ouest. C’est une grande ville (plus de 650 hectares) entourée d'une enceinte de douze kilomètres percée de quinze portes. Ninive, selon la Genèse, aurait été construite par Nemrod ; quoi qu’il en fût, l’archéologie nous apprend qu’elle existait dès le troisième millénaire, même si les renseignements substantiels ne commencent que vers dix-huit siècles avant Jésus-Christ. Les Mèdes et les Babyloniens prirent et détruisirent Ninive en 612 avant Jésus-Christ.