Pentecôte

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Jean (XX, 1-9).

C'était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine[1]. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient[2], car ils avaientpeur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux[3]. Il leur dit : « La paix[4] soit avec vous ! » Aprèscette parole, illeur montra sesmains et son côté[5]. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur[6]. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous[7] ! De même que le Père m'a envoyé[8], moi aussi, je vous envoie[9]. » Ayant ainsi parlé, il envoya sur eux son souffle[10] et il leur dit[11] : « Recevez l'Esprit Saint[12]. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis[13]; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés[14], ils lui seront maintenus[15]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1]La semaine est une suite continue de sept jours, désignée par le septième (sabbat) ; les Juifs n’ont pas attribué de nom particulier aux six premiers jours, simplement numérotés, à l’exception du sixième jour (notre vendredi), qu’à l’époque hellénistique, on appela le « jour de la préparation ». Le sabbat, en souvenir du septième jour où Dieu se reposa après la création, était le samedi ; le premier jour de la semaine est donc le dimanche.

[2] Des hommes s'étonneront devant cette affirmation et diront : « S'il est ressuscité avec un vrai corps, celui qu'il avait sur la croix, si ce corps a pu être trouché, comment a-t-il pénétré par les portes closes ? » Si vous compreniez le comment, il n'y aurait plus de miracle. Vous retrouverez . de tels miracles depuis le commencement de la vie de Jésus-Christ. Une vierge demeure dans sa virginité mais devient féconde. Elle enfante mais demeure vierge. Vous ne comprenez pas le comment, faites un acte de foi. Où la raison s'arrête impuissante, commence l'œuvre de foi (saint Augustin : sermon CCXLVII).

[3] Le corps passible mortel que le Christ a pris pour nous, est ressuscité, glorieusement immortel : « Sa chair n’a pas changé de nature, mais elle a revêtu les qualités qui conviennent à un corps ressuscité »(saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, X 169). Le corps glorieux est affranchi de la souffrance, de la mort, des lois de la matière, de l’espace et du temps.

[4] La paix de l'âme raisonnable, c'est l'harmonie en elle de la connaissance et de l'action. La vie du composé humain c'est l'harmonie de la vie du corps et de celle de l'âme. La paix entre l'homme et Dieu, c'est l'obéissance parfaite de l'homme, dans la foi, sous la loi éternelle... La paix de toutes choses c'est la tranquillité dans l'ordre (saint Augustin : La cité de Dieu, XIX 14).

[5] Il voulait nous montrer qu'il était réellement au milieu d'eux avec son corps ressuscité ; car ce que l'on touche est une substance corporelle... Le corps du Sauveur ressuscité est un corps réel, puisqu'il conserve les traces de blessures qu'il invite ses apôtres à toucher. Il les montre non seulement comme une preuve donnée à notre foi, mais comme un excitant proposé à notre amour. Au lieu de fermer ses plaies, il voulut les porter avec lui dans le ciel… comme le prix de notre liberté. C'est avec ses blessures qu'il voulut être établi à la droite de son Père (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, X 170).

Il a voulu garder ces deux qualités qui paraissent inconciliables, incorruptible et toutefois tangible, pour nous montrer qu'après sa résurrection, son corps, bien qu'ayant passé à un état nouveau, était toujours de même nature qu'auparavant. En le montrant incorruptible, il nous révèle la récompense à laquelle il nous invite ; en nous le présentant tangible, il affermit notre foi (saint Grégoire le Grand : homélie XXVI, 1).

Des homme diront : " S'il est ressuscité avec un vrai corps, celui qu'il avait sur la croix, si ce corps a pu être touché, comment a-t-il pénétré par les portes closes ? " Si vous compreniez le comment, il n'y aurait plus de miracle. Des miracles de ce genre, vous les retrouverez depuis le commencement de la vie de Jésus-Christ... Vous ne comprenez pas le comment, faites un acte de foi. là où la raison s'arrête impuissante, commence l'œuvre de foi (saint Augustin, sermon CCXLVII).

[6] La joie était déjà dans leur cœur, mais la crainte y persistait toujours. Une chose s'était accomplie, mais elle était incroyable. Elle est crue maintenant dans le monde entier, et ceux qui la croient trouvent la pureté dans leur foi ; ceux qui refusent de la croire demeurent dans leur impureté. Pour persuader cette chose incroyable, Jésus fait appel au témoignage non seulement des yeux, mais encore des mains, afin que par les sens la foi descendît dans leur cœur et que de là elle pût être répandue dans le monde entier, annoncée à ceux qui n'auraient pu voir et toucher, et qui néanmoins croiraient (saint Augustin : sermon CXVI).

[7] Il leur répète son souhait pour leur montrer avec quelle certitude il leur assure cette paix qu'il leur donne. C'est là cette paix dont avaient parlé les prophètes (saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium, CXXI).

[8] C'est-à-dire : « comme le Père, qui est Dieu, m'a envoyé, moi qui suis Dieu, de même moi, qui suis homme, je vous envoie, vous qui êtes des hommes. » Le Père a envoyé son Fils, c'est-à-dire qu'il décréta son incarnation pour la rédemption du genre humain. I1 voulut qu'il vint dans le monde pour subir la Passion, et pourtant il aimait ce Fils qu'il envoyait souffrir. Les Apôtres de son choix, le Seigneur Jésus ne les a pas envoyés vers les joies du monde. Mais, comme lui-même avait été envoyé, il les envoya aux souffrances que le monde leur infligerait. Donc, parce que le Fils est aimé du Père, et cependant est envoyé à la Passion, de même les disciples sont aimés du Seigneur, et cependant sont envoyés dans le monde pour y subir la Passion. C'est ce qui lui fait dire : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Cela signifie : « lorsque je vous envoie vers les attaques des persécuteurs, je vous aime du même amour dont le Père m'aime, moi qu'il a envoyé au-devant des souffrances »(saint Grégoire le Grand : homélie XXVI sur les péricopes évangéliques).

[9] Il les envoyait aux combats, à des combats que leurs ennemis devaient rendre implacables ; et c'est pourquoi à l'avance il leur donne la paix. Il avait salué les femmes en leur faisant des souhaits de joie car il enlevait le poids de tristesse et de malédiction qui pesaient sur elles, il donne la paix à ceux qu'il envoie aux combats (saint Jean Chrysostome : homélie LXXXVI sur l’évangile selon saint Jean).

[10] En envoyant le Saint-Esprit par son souffle, il montre que le Saint-Esprit n'est pas seulement l'Esprit du Père, mais qu'il est son Esprit comme il est celui du Père (Saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium, CXXI 4).

[11] Il leur donne ce pouvoir en répandant sur eux son souffle afin que l'on sache que le Saint-Esprit procède de lui, procède de Dieu ; car Dieu seul peut remettre les péchés (saint Ambroise : commentaire de l'évangile selon saint Luc, X 180).

[12] Pour communiquer le Saint-Esprit, il ne s'adresse plus à son Père. Par sa propre puissance il communique à ses apôtres ce don d'en-haut qui les prépare à leur ministère (saint Jean Chrysostome : homélie LXXXVI sur l'évangile selon saint Jean).

Le Saint-Esprit a coopéré avec le Verbe à la création de l'homme, vertu de vie, substance divine, substance ineffable procédant d'une bouche ineffable, et d'une façon ineffable envoyée à l'homme dans un souffle de Dieu ; maintenant il est de nouveau envoyé à l'homme de façon visible par le Christ. Cette rénovation et cette coopération répondaient à cette création première. C'est le même esprit qui est donné aujourd'hui et qui était donné au commencement ; au commencement, donné avec l'âme, aujourd'hui, répandu dans l'âme (saint Basile : Contre Eunomius, V).

[13] C’est la charité qui remet les péchés de ceux qui y participent, et c’est le Saint-Esprit qui répand la charité dans les cœurs (saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium, CXXI).

[14] Les apôtres reçoivent dans ce moment le Saint-Esprit d'une façon visible afin de se préparer à se rendre utiles non à quelques hommes, mais à tous les hommes (...) Ils n'ont plus seulement pour eux l'assurance du salut, ils reçoivent le pouvoir de remettre les péchés d'autrui ; ils participent au jugement suprême, de sorte qu'ils peuvent, à la place de Dieu, remettre ou retenir les péchés. Eux qui ont à redouter les jugements de Dieu, ils deviennent juges des âmes : il était digne de Dieu d'élever de cette sorte ceux qui avaient accepté d'être humiliés pour lui. (...) Nous, les serviteurs, nous ne pouvons délier que ceux dans lesquels nous avons reconnu l'action vivifiante du Christ : et cette action se reconnaît dans la confession volontaire du péché. (...) Que le pasteur ctaigne d'absoudre ou de lier sans discernement ; et que celui qui est sous la main du pasteur craigne de juger celui-ci : car cette témérité ferait certainement exister la faute où la faute n'existait pas d'abord (Saint Grégoire le Grand : homélie XXVI).

[15] Faisons donc ce qui dépend de nous pour garder toujours le Saint-Esprit avec nous, et ayons un grand respect pour cette grâce qui nous a été donnée pour ce grand ministère. C'est une grande dignité que celle des prêtres à qui il a été dit : Ceux à qui vous remettrez les péchés, leurs péchés seront remis. C'est pourquoi saint Paul disait : Obéissez à ceux qui vous sont préposés. Vous vous occupez de vos affaires, et, si vous savez bien les conduire, vous n'avez pas à vous occuper de celles des autres. Le prêtre, au contraire, s'il ordonne bien sa vie et ne s'occupe point de vous et de ceux qui lui sont confiés, sera condamné à l'enfer... Devant un si grand danger, entourez-le de votre bienveillance. En lui faisant opposition, vous vous nuisez à vous-mêmes. Un chef découragé par les oppositions qu'il rencontre est exposé à se perdre, lui et les siens. Jésus-Christ voulait que l'on obéît aux scribes qui étaient assis dans la chaire de Moïse, et les prêtres sont assis dans la chaire de Jésus-Christ. Nous respectons celui qui est investi de quelque fonction par le prince : ici c'est Dieu qui donne l'investiture, et nous mépriserions celui qui a reçu cette investiture ! (...) Ce que donne le prêtre, c'est le don de Dieu lui-même. C'est le Père, le Fils et le Saint-Esprit qui agissent : le prêtre ne fait que prêter sa langue et sa main. En considérant tout cela, craignons Dieu et soyons remplis de respect pour les prêtres (saint Jean Chrysostome : homélie LXXXVI sur l'évangile selon saint Jean).