Pentecôte

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (XII 3b-7,12-13)[1].

Frères, sans le Saint-Esprit, personne n'est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. » Les dons de la grâce sont variés, mais c'est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l'Eglise sont variées, mais c'est toujours le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c'est partout le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous[2]. Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par l'unique Esprit[3].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] « Jésus est le Seigneur » est le noyau de la confession de foi chrétienne. Ce n'est que grâce à l'action du Saint Esprit que Pierre l’a proclamé le jour de Pentecôte (Actes des Apôtres, II 36), que l'Eglise l'enseigne, et que chaque baptisé le professe. La foi est don de l'Esprit Saint. Quant aux initiatives suscitées dans l'Eglise à partir de cette foi première, elles sont aussi fruits de l'Esprit Saint. La richesse de cet unique Esprit se révèle dans la diversité des dons, des fonctions, des activités. Chacun en reçoit sa part, chacun a une vocation personnelle, mais rien n'est purement individuel, car tout est destiné à manifester la richesse de l'Esprit pour ie bien de tous, pour leur édification. L'image que saint Paul utilise à plusieurs reprises (Romains, XII 5 ; I Corinthiens, X 17 ; Ephésiens, IV 4) est celle du corps qui unit et unifie la diversité des membres pour l'harmonie de l'ensemble. L'application qu'il fait de cette image va dans une direction complémentaire de celle des activités internes de l'Eglise : l'universalisme des races et cultures, et des situations sociales. L'Eglise, Corps du Christ, est riche de ces diversités : tous ces hommes sont frères en Jésus. L'Esprit qui désaltère, qui abreuve, fait penser à l'eau vive dont parlait Jésus le jour de la fête des Tentes (S. Jean, VII 37-39).

[2] Réglez toute votre conduite sur celle de Dieu : respectez-vous les uns les autres, et ne regardez pas votre prochain avec les yeux de la chair, mais aimez-vous toujours les uns les autres dans le Christ Jésus. Ne souffrez entre vous rien qui puisse vous diviser, mais que votre union avec votre évêque et vos chefs soit une image et une leçon de vie éternelle. Ne croyez pas que vous puissiez rien faire de bien séparément : il n'y a de bon que ce que vous faites en commun. Une même prière, une même supplication, un même esprit, une seule espérance dans la charité, que vous goûterez dans une joie innocente : tout cela, c'est Jésus-Christ, il n'est rien de plus beau. Accourez vous réunir dans le seul Temple de Dieu, autour du seul autel qui est le seul Jésus-Christ ; seul il est sorti du Père, lui demeurant uni, et retournant à lui (saint Ignace d’Antioche : Epître aux Magnésiens, VI).

[3] Ainsi va l'Eglise du Seigneur. Elle inonde la terre des rayons de sa lumière, mais cette clarté, partout répandue, reste une. L'unité de son corps est infrangible. Végétation exubérante, elle étend ses rameaux sur le monde entier, elle jette au loin ses impétueuses rivières, mais elle a une seule tête, une seule origine, une seule mère, que ses fruits enrichissent sans cesse. Son sein fait naitre, son lait abreuve, son esprit vivifie (saint Cyprien de Carthage : « De l’unité de l’Eglise », V).