5ème dimanche de Pâques

Première lecture

Lecture du livre des Actes des Apôtres (VI 1-7)[1].

En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque : ils trouvaient que, dans les secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées. Les douze convoquèrent alors l'assemblée des disciples et ils leur dirent : « Il n'est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des repas. Cherchez plutôt, frères, sept d'entre vous, qui soient des hommes estimés de tous, remplis d'Esprit Saint et de sagesse, et nous leur confierons cette tâche. Pour notre part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole. » La proposition plut à tout le monde, et l'on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d'Esprit Saint, Philippe, Procore[2], Nicanor[3], Timon[4], Parménas[5] et Nicolas[6], un païen originaire d'Antioche converti au judaïsme. On les présenta aux Apôtres, et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains. La parole du Seigneur gagnait du terrain, le nombre des disciples

augmentait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillaient la foi.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Tournant important dans l'histoire de la communauté chrétienne de Jérusalem, cette crise interne entre des groupes de langues différentes (l’araméen et le grec) suscite une institution nouvelle, une démultiplication de l'autorité. Parmi les juifs devenus disciples de Jésus, tous ne parlent pas l'araméen ; un groupe important, sans doute venu de la diaspora, parle plus volontiers grec, au moins en privé et entre eux. Comme dans la répartition des secours, les veuves de langue grecque sont désavantagées, il y a des tensions et des plaintes. A cette occasion, la communauté, sous l'autorité des Douze, prend conscience de ses limites. Spécialement pour le service des tables, il faut donner des auxiliaires aux Douze. La communauté choisit sept hommes qu’approuvent les Apôtres. Sept, parce que ce nombre est pour les Grecs le symbole de l'universalité (pour les juifs, douze). Ceux qui sont proposés portent des noms grecs. Ceux que l’on appelle pas encore « diacres », seront les collaborateurs des Apôtres, non seulement pour l'entraide matérielle, mais aussi pour l'évangélisation : on verra les deux premiers (Etienne et Philippe) devenir de précieux messagers de l'Evangile. Une prière demande à Dieu pour eux la force du Saint-Esprit, et l'imposition des mains leur donne mission et pouvoir. La croissance de la Parole, c'est aussi l'accroissement de l’Eglise. Le corps sacerdotal juif lui-même, pourtant réfractaire à Jésus (IV 1), est touché par l'Evangile.

[2]Les traditions qui firent de Procore un neveu de saint Etienne, assurent qu’il se rendit célèbre par sa foi et ses miracles ; compagnon de saint Jean qui l’aurait fait évêque de Nicomédie, en Bithynie, il aurait été martyrisé à Antioche de Syrie.

[3]Une tradition place le martyr de Nicanor à Jérusalem (avec Etienne), une autre dit qu’il fut supplicié à Chypre ; quoi qu’il en fût, l’Eglise de Chypre célèbre sa mémoire le 10 janvier, mais il se peut que ce soit l’anniversaire de la translation de ses reliques.

[4] Les traditions disent que Timon enseigna à Bérée puis à Corinthe, où les Juifs et les Grecs le jetèrent dans les flammes, sans qu’il en reçut la moindre atteinte ; il fut enfin attaché à une croix et y acheva son martyr.

[5] Les traditions disent que Parménas fut martyrisé, sous Trajan, à Philippes, en Macédoine, dont il est considéré comme l’apôtre.

[6] Les Pères de l’Eglise attribuent à Nicolas l’origine des Nicolaïtes dont parle l’Apocalyse. Saint Clément d’Alexandrie dit que ce diacre Nicolas avait épousé une femme d’une grande beauté dont il était fort jaloux ; les apôtres lui reprochant sa jalousie, il aurait conduit sa femme devant la communauté en disant : « Voici ma femme. Qu’elle soit à qui voudra ! » ; il continua de vivre saintement mais ses disciples affirmèrent que les femmes, comme tous les autres biens, doivent être mises en commun. Saint Epiphane dit que Nicolas prêchait que quiconque voulait faire son salut devait, chaque jour, accomplir l’œuvre de chair (c’est aussi la version de saint Thomas d’Aquin).