Fête du Baptême du Seigneur

Epître

Lecture du livre des Actes des Apôtres (X, 34-38)1.

[Quand il arriva à Césarée2 chez Corneille, centurion de l'armée romaine3] Pierre ouvrant la bouche dit : « En toute vérité, je comprends que Dieu n’est point partial, mais qu’en toute nation celui qui le craint et pratique la justice est agréé par lui. Telle est  la parole  qu’il a envoyée  au fils d’Israël,  leur annonçant la bonne nouvelle de paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. Vous savez, vous, ce qui est arrivé dans toute la Judée, à commencer par la Galilée, après le baptême qu’avait proclamé Jean : Jésus de Nazareth, Dieu l’a oint d’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tyrannisés par le diable, parce que Dieu était avec lui. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


1 On imagine mal aujourd'hui les tensions qui ont existé entre les tout premiers chrétiens sur la question de l'universalisme de l'évangile. Certains préconisaient de ne porter l'évangile qu’« aux seules brebis perdues de la maison d'lsraël », parce que Jésus avait limité son action dans les limites traditionnelles du territoire d'lsraël. Si des étrangers, des païens, veulent devenir disciples de Jésus, ne doivent-ils pas tout d'abord commencer par respecter les lois et les usages de la foi juive ? D'autres chrétiens, en revanche, en méditant la vie de Jésus, se souvenaient qu'il avait accueilli des étrangers. Pour ceux-là, il n'était pas possible de réduire la portée de la Bonne Nouvelle de la Résurrection aux seuls fils d'lsraël, d’autant plus que le Seigneur avait commandé : « Allez enseigner toutes les nations. » Saint Luc, dans son évangile comme dans les Actes des Apôtres, s'est employé à faire la démonstration que l'universalisme de la Bonne Nouvelle est voulu par Dieu. Un des maillons importants de sa démonstration est l'épisode de la conversion du centurion Corneille. Saint Pierre, le chef des apôtres, est comme obligé par Dieu à se rendre chez le païen Corneille et à le baptiser. Ce passage des Actes des Apôtres reproduit le début de son discours chez Corneille. Dès les premiers mots, I'universalisme est clairement affirmé : « Je le comprends, dit Pierre : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste. » Saint Pierre, après cette affirmation fondamentale, peut passer à l'annonce du « credo » chrétien. Un des éléments de ce credo est l'évocation du ministère de Jésus qui commence avec le baptême de Jean où fut manifestée l’investiture royale de Jésus.

2 Il s’agit de Césarée maritime (l’actuelle Qaisarye), port situé sur la côte méditerranéenne, à trente-six kilomètres au sud de Haïfa. Fondée au quatrième siècle avant Jésus Christ par le roi phénicien de Sidon, elle était alors appelée Straton ou Tour de Straton. Devenue romaine sous Pompée, Auguste, trente ans avant Jésus Christ, la donna au roi Hérode qui mit douze ans à la rebâtir à la manière grecque ; Hérode appela le port Sébastos (équivalent grec d’Auguste) et en fit le plus important de son royaume. Après la mort d’Hérode, Césarée échut à son fils Archélaüs qui la perdit lors de son exil (six ans après Jésus Christ) où elle devint la capitale de la Palestine romaine, siège officiel du procurateur, centre de l’administration romaine et base de cantonnement des troupes.

3 Corneille, « centurion de la cohorte appelée Italique. Il était pieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa maison, faisait au peuple d’abondantes aumônes et priait Dieu constamment. Il vit clairement dans une vision, vers la neuvième heure du jour, un ange de Dieu entrer chez lui et lui dire : Corneille ! Les yeux fixés sur l’ange et saisi de peur, il dit : Qu’y a-t-il Seigneur ? L’ange lui répondit : Tes prières et tes aumônes sont montées en mémorial devant Dieu. Et maintenant, envoie des hommes à Joppé et fais venir un certaint Simon, qui est surnommé Pierre ; il loge chez un certaint Simon, corroyeur, qui a une maison près de la mer. Quand fut parti l’ange qui lui parlait, Corneille appela deux de ses domestiques et un soldat pieux, de ce qui lui étaient attachés, et après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé » (Actes des Apôtres, X 1-8). Un centurion  (centenier) est l’officier subalterne qui commande la plus petite unité de l’infanterie romaine (de soixante à cent hommes). Certaines légions ou cohortes de l’armée romaine sont surnommées « italique » pour rappeler que leur recrutement s’est fait en Italie.