Lecture du livre d'Isaïe, (XLII, 1-4 & 6-7)¹.

Ainsi parle le Seigneur : Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j'ai mis toute ma joie. J'ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations il fera paraître le jugement que j'ai prononcé. Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique. Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité. Lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé, jusqu'à ce qu'il impose mon jugement dans le pays, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions.

Moi, le Seigneur, je t'ai appelé selon la justice, je t'ai pris par la main, je t'ai mis à part, j'ai fait de toi mon alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres.

Textes liturgiques © AELF, Paris

¹ Le serviteur choisi par Dieu, désigné, pris en charge par lui, fut d'abord Israël en sa globalité, puis plus particulièrement un prophète, un roi, un sage, un pauvre, un persécuté, Jésus enfin, en qui tout le dessein de Dieu aboutit et s'accomplit définitivement. Ici, dans ce texte du prophète Isaïe, nous contemplons le portrait de Jésus où rien ne manque dans l’Esprit, ni la fonction judicatrice, ni la libération, ni l’alliance, ni l’universalisme, ni la mansuétude. On ne peut qu'admirer le modèle missionnaire que propose le vieux prophète et qui reste valable en tous points. « Voici mon serviteur » répond à « Tu es mon Fils », la prophétie éclaire l'Evangile, comme l'Evangile éclaire la prophétie, et les rapprochements enrichissent les nuances. Ainsi, en évoquant aujourd'hui l'entrée du Christ dans sa mission publique, il est bon de lire les images qu'emploie le prophète Isaïe pour caractériser son action. Le serviteur que Dieu s'est choisi sera miséricordieux, il sera humble et patient ; mais aussi il sera ferme car en lui réside le jugement. Les versets 6 et 7 sont des phrases merveilleuses où l'on perçoit à la fois la tendresse de Dieu pour son serviteur et sa tendresse pour son peuple. L'élu de Dieu est l'alliance avec le peuple. La réalisation est totale dans le Fils de Dieu incarné.