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31e dimanche des temps ordinaires
Evangile
Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus déclara aux foules et à ses disciples : « Les scribes et les pharisiens[1] enseignent dans la chaire de Moïse[2]. Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire[3]. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas[4]. Ils lient de pesants fardeaux[5] et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères[6] très larges et des franges[7] très longues ; ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi[8], car vous êtes tous frères, et vous n'avez qu'un seul maître pour vous enseigner[9] Ne donnez à personne sur terre le nom de Père[10], car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur[11]. Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé[12]. » Textes liturgiques © AELF, Paris [1] Jésus veut dire à ce peuple les causes de l'incrédulité des scribes et des pharisiens ; c'était la corruption des moeurs et l'amour de la gloire humaine. Toutefois, en attaquant leurs vices, il ne les dépouillera pas de leur autorité : il reconnaît cette autorité, il reconnaît l'autorité de la loi ancienne, montrant en cela son accord avec son Père. De même, il veut que ses disciples reconnaissent l'autorité des docteurs, malgré les défauts qu'ils peuvent avoir ; il les prémunit contre cet écueil si fréquent et si dangereux, le mépris des prêtres. Il veut que personne ne dise : " Celui qui m'enseignait avait des vices, c'est pour cela que je me suis relâché " (saint Jean Chrysostome : homélie LXXII, 1). [2] Cette chaire dans laquelle ils enseignaient était, non la leur, mais celle de Moïse, et elle les forçait à dire la vérité, même lorsqu'ils ne faisaient pas le bien (saint Augustin : De doctrina christiana, quatrième livre, XXVII 59). Chaire de Moïse : expression unique pour désigner la source de leur autorité ; ils sont les successeurs et les interprètes qualifiés de Moïse ; il s'agit d'une expression talmudique pour désigner les successeurs légitimes qui ont le droit d'enseigner. [3] Celui qui a le souci de sa vie, ne se laissera pas scandaliser par mes fautes, à moi, qui annonce la Parole de Dieu dans l'Eglise, mais portant ses regards sur la doctrine, s'appuyant sur la foi de l'Eglise, suivant les conseil du Sauveur, il acceptera la vérité que j'apporte sans imiter les fautes que je commets (Origène : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, XXXIII 9). [4] Jésus veut que nous apprenions à honorer le ministère, même dans des mains indignes, parce que l'indignité des ministres est de leur fait particulier et le ministère est de Dieu (J.-B. Bossuet : Méditation sur l'Evangile, dernière semaine, 55° jour). [5] Ils ont qualité pour transmettre les enseignements, mais ils y ajoutent toutes sortes d'interprétations et de prescriptions qui sont de pesants fardeaux, insupportables dans la vie ordinaire. [6] Les phylactères sont des petits sachets de cuir contenant la copie des quatre passages de la Torah (Exode, XIII 1-10 et XIII 11-16 ; Deutéronome, VI 4-9 et XI 13-21) que, au moins pour la prière, les Juifs portent sur le front et sur au poignet gauche, selon une interprétation littérale de passages de l'Ecriture (Exode, XIII 9 et 16 ; Deutéronome, VI 8 et XI 18). [7] Avec les phylactères, on revêt un châle (S. Matthieu, XXIII 5) terminé aux quatre extrémités par des houpes, ou franges, qui rappellent les commandements (Livres des Nombres XV 37-41). [8] Il est permis au disciple du Christ d’aimer les premières places et d’aspirer à la nourriture la plus exquise dans les banquets spirituels ; de s’appliquer par ses actes à se rendre digne de ces premières places ; d’aimer ces salutations qui se font dans les fêtes du ciel. Toutefois il est une chose que désiraient ardemment les pharisiens et qu’il n’aimera jamais, c’est d’être appelé « Maître » (Origène : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, XXXIII 12). [9] Il n’y a qu’un seul maître, celui qui est au ciel : tous ceux qui sont sur terre doivent être appelés des disciples ; qui que nous soyons, nous sommes et serons toujours des enfants qui doivent toujours apprendre (saint Clément d’Alexandrie : le « Pédagogue », I). [10] Et cependant nous voyons que, dans les monastères, les religieux en appellent d’autres du nom de « Père » (...) Mais ce nom de « Père » se donne uniquement par honneur pour affirmer une participation au véritable et unique Père qui est dans les cieux (saint Jérôme). [11] S’il faut donc prendre l’autorité sur votre frère que ce soit pour l’amour de lui, et non pour l’amour de vous ; pour son bien et non pour vous contenter d’un vain honneur (J.-B. Bossuet : Méditation sur l'Evangile, dernière semaine, 57° jour). [12] Il a donné lui-même, en sa personne, l'exemple et le modèle de l'humilité. Alors que le nom de maître lui est donné non par complaisance mais par droit de nature, car tout « subsiste par, lui » (épître de saint Paul aux Colossiens, I 17), il nous a communiqué, par son entrée dans la chair, un enseignement qui nous conduit tous à la vie et, parce qu'il est plus grand que nous, il nous a « réconciliés avec Dieu » (épître de saint Paul aux Romains, V 10). Comme s'il nous disait : N'aimez pas les premiers honneurs, ne désirez pas vous « faire appeler maîtres », de même que « ce n'est pas moi qui recherche ma gloire, il y a quelqu'un qui la recherche » (évangile selon saint Jean, VIII 50). Tenez aussi vos regards fixés sur moi, « car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la multitude » (évangile selon saint Matthieu, XX 28) (...) Au contraire, que « celui qui veut devenir grand soit le premier » à se faire comme lui « le serviteur de tous. » Si quelqu'un trouve bon de désirer une haute charge, qu'il désire l'œuvre que celle-ci permet de réaliser et non le grand honneur qui lui est attaché ; qu'il veuille aider et servir tous les hommes, plutôt qu'être aidé et servi par tous. Car le désir d'être servi procède de l'orgueil pharisaïque, et le désir de servir naît de la sagesse et de l'enseignement du Christ. En vérité, ceux qui sollicitent les honneurs et les réclament pour eux-mêmes sont ceux qui s'élèvent. Et ceux qui se réjouissent d'apporter leur aide et de servir sont ceux qui s'abaissent pour que le Seigneur les élève. Il faut encore remarquer que le Christ n’a pas parlé de celui que le Seigneur élève, mais qu'il a dit : « Celui qui s'élève sera abaissé », de toute évidence par le Seigneur. Il n'a pas parlé non plus de celui que le Seigneur abaisse, mais il a dit : « Celui qui s’abaisse » volontairement « sera élevé », en retour, par le Seigneur (...) Ainsi, à peine le Christ s'est-il réservé tout particulièrement le titre de maître qu'il invoque la règle de sagesse en vertu de laquelle « celui qui veut devenir grand doit être le serviteur » de tous (...) Dès lors, quiconque veut être son disciple ne doit pas tarder à apprendre la sagesse dont le Christ affirme qu'il fait lui-même profession, car tout « disciple accompli sera comme son maître » (évangile selon saint Luc, VI 40). Au contraire, celui qui aura refusé d'apprendre la sagesse enseignée par le Maître, loin de devenir un maître, ne sera même pas un disciple (saint Paschase Radbert : homélie X sur 1'évangile selon saint Matthieu). |