30e dimanche des temps ordinaires

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (I 5c-10)[1]

Frères, vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous pour votre bien. Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves avec la joie de l'Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de toute la Grèce. Et ce n'est pas seulement en Macédoine et dans toute la Grèce qu'à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s'est si bien répandue partout que nous n'avons plus rien à en dire. En effet, quand les gens parlent de nous, ils racontent l'accueil que vous nous avez fait ; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles : vous avez décidé de servir le Dieu vivant et véritable, et d'attendre des cieux son Fils qu'il a ressuscité d'entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient[2].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Continuant à dire tout le bien qu'il pense de la communauté chrétienne naissante de Thessalonique, saint Paul parle de l'accueil de la Parole de Dieu et de son effet : l'accueil se transforme immédiatement en envoi ; voilà le « modèle pour tous les croyants », dit saint Paul : « à partir de chez vous la Parole du Seigneur a retenti. » C'est la contagion de la foi : témoignage de la grâce de Dieu, témoignage aussi de la conversion effective réalisée. L'accueil de l’Evangile s'est accompagné de difficultés, d'épreuves. En cela les Thessaloniciens ont imité saint Paul et ont imité le Christ qui a souffert à cause de la Parole qu'il portait. Le souvenir du Christ est encore bien vivant : à peine vingt ans séparent la lettre du témoignage rendu par Jésus en sa mort. Mais il est le Seigneur, le ressuscité. En lui donc, comme en saint Paul, les chrétiens de Thessalonique peuvent puiser leur confiance. La parole accueillie avec joie même au milieu des épreuves, voire à cause des épreuves, est un thème qui revient souvent dans le Nouveau Testament. L’attente de Jésus « qui nous délivre de la colère qui vient », c’est-à-dire du jugement, qui était alors très forte, sera abordée par saint Paul aux chapitres IV et V de sa seconde lettre aux Thessaloniciens.

[2] Attribuée à Dieu, la colère veut dire que le Dieu de sainteté ne peut tolérer le péché : « Du ciel, en effet, se révèle la colère de Dieu contre toute impiété et justice des hommes qui retiennent la vérité captive de l’injustice » (épître de saint Paul aux Romains, I 18). La colère attribuée à Dieu n’a rien de commun avec la colère que les mythologies montrent chez les dieux qui sont jaloux des hommes. Tout au contraire, le Seigneur n'a pas d'autre désir que de faire participer tous les hommes de bonne volonté à sa sainteté ; s’il prend parfois les apparences d’un dieu de colère, il est toujours le Dieu de la miséricorde : « Un court instant je t’avais abandonnée, mais en grande pitié je te recueille ; dans un déchaînement d’irritation je t’avais un instant caché ma Face, mais dans une fidélité éternelle j’ai pîtié de toi » (Isaïe, LIV 7-8).  En invitant à la conversion, le Dieu de miséricorde a le dernier mot : « Dieu a enfermé tous les hommes dans désobéissance pour leur faire miséricorde à tous » (épître de saint Paul aux Romains, XI 32). Cependant l'homme qui perçoit dans le désir de Dieu une opposition radicale au péché, l’éprouve comme colère ; cette colère se révèle à lui à travers le désordre du monde (maladies, fléaux, guerres...). Jésus a laissé se rassembler en sa personne les puissances de l'amour et de la sainteté, si bien qu'au moment où la colère s'abat sur celui qui est « devenu péché » (deuxième épître de saint Paul aux Corinthiens, V 21), c'est 1’amour qui demeure vainqueur, nous faisant devenir en lui « justice de Dieu » ; la colère de la fin des temps a été anticipée en Jésus, de sorte que les croyants sont délivrés de « la colère qui vient » (première épître de saint Paul aux Thessaloniciens, I 10) : « Maintenant que nous avons été justifiés par son sang, nous serons donc sauvés par lui de la colère » (épître de saint Paul aux Romains, V 9).