29e dimanche des temps ordinaires

Epître

Commencement de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Tessaloniciens (I 1-5b)[1]

Nous, Paul, Sylvain[2] et Timothée[3], nous nous adressons à vous, l'Eglise de Thessalonique[4] qui est en Dieu le Père et en Jésus-Christ le Seigneur : que la grâce et la paix soient avec vous.

A tout instant, nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous, en faisant mention de vous dans nos prières. Sans cesse nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l'Evangile chez vous n'a pas été simple parole, mais puissance, action de l'Esprit Saint, certitude absolue.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Cette épître aux chrétiens de Thessalonique qui est sans doute la première lettre écrite par saint Paul, frappe par sa beauté et sa densité théologique et ecclésiale. Dès la salutation de saint Paul, on déjà sent toute la force de l'action de Dieu et de la vie communautaire. La communauté est placée sous le signe de la Trinité : deux fois, Paul mentionne le Père et le Christ Jésus, une fois l'Esprit Saint. Cette union au Père, dans le Christ, par l'action de l'Esprit, source et vérité de la vie ecclésiale, est très vivement ressentie. Là est le mystère de toute l'Eglise ; là est la source de la communion fraternelle. Saint Paul souligne les trois attitudes fondamentales, les trois vertus qui font être « en présence de Dieu notre Père », « en notre Seigneur Jésus Christ », dites pour cela théologales : la foi, la charité, l’espérance. A chacune est joint un qualificatif d'action, d'effort. Elles sont don de Dieu, mais elles exigent l'effort de l'homme : l’union objective et optimiste de la nature et de la grâce. Autre aspect encore : la vocation. Saint Paul reconnaît l’annonce de l’Evangile, mais, en même temps, reconnaît que celle-ci ne suffit pas, il faut l’action du Saint-Esprit. Il peut dire alors aux Tessaloniciens qu’ils sont choisis par Dieu. La vie en Eglise est une élection, une grâce.

[2] Sylvain est le Silas des Actes de Apôtres (chapitres XV à XVIII), juif helléniste de l'Eglise de Jérusalem, prophète (c'est-à-dire prédicateur), citoyen romain, qui fut délégué, avec Judas, pour communiquer les décisions de Jérusalem à la communauté d'Antioche ; il demeure à Antioche jusqu'à ce qu'il accompagne saint Paul dans son deuxième voyage missionnaire. Battu et emprisonné avec Paul, à Philippes, il s'arrête, tandis que Paul gagne Athènes, à Bérée d'où il le rejoindra Corinthe. Outre dans les Actes des Apôtres et la deuxième épître aux Thessaloniciens, il est encore cité dans la deuxième épître aux Corinthiens et dans la première épître de saint Pierre (je vous écris par Silvanus, notre frère fidèle V 12). Saint Jérôme affirme qu'il a été nommé apôtre par les apôtres. Il est fêté le 13 juillet.

[3] Saint Timothée, né à Lystres (en Lycaonie) d’un père grec, resté païen, et d’une mère juive (Eunice). Il fut, avec sa mère (Eunice) et sa grand-mère (Loïs), juives et croyantes, converti par saint Paul qui, sur la recommandation des prophètes de la communauté de Lystres, le prit comme compagnon de voyage pour remplacer Marc qui était parti avec Barnabé. Saint Paul le circoncit pour qu'il pût rencontrer les juifs dans les synagogues (Actes des Apôtres, XVI 1-3) et, malgré son jeune âge, il lui imposa les mains (I Timothée, IV, 12-14 & II Timothée, I 6). Désormais, « faisant ses preuves comme un fils auprès de son père » (Philippiens, II 22), Timothée accompagna saint Paul qui l’associe dans l’adresse de la première épître aux Corinthiens, de celle aux Philippiens, des deux aux Thessaloniciens et dans le Billet à Philémon. Saint Paul lui confia des missions près des communautés (Thessalonique, Macédoine, Corinthe) et l’utilisa comme secrétaire pour rédiger les épitres. Après avoir partagé sa première captivité, il accompagna saint Paul jusqu’à ce que celui-ci lui demandât de rester à Ephèse dont il fut le premier évêque. La tradition dit qu’il fut massacré à coups de massue et de pierres dans une émeute populaire, pour avoir voulu dissuader le peuple de se mêler aux désordres d’une fête païenne. Le corps de saint Timothée fut enterré près de celui de saint Jean, à Ephèse, où il resta jusqu’à ce qu’on le transportât à Constantinople (356), dans la nouvelle basilique des apôtres, sur ordre de 1'empereur Constance. Lorsqu'en 536 Justinien restaura la Basilique, ils ne s'y trouvaient plus. On les a finalement retrouvés le 7 mai 1945 dans un loculus de la cathédrale de Termoli, petit port sur l'Adriatigue, avec une inscription témoignant que la déposition en avait été faite en 1238 par 1'évêque Etienne.

[4] Thessalonique (aujourd'hui Saloniki) qui est située sur le golfe Thermaïque, a été fondée à l’époque des Diadoques par Cassandre qui lui donna le nom de sa femme. C’est une cité libre administrée par des politarques (Actes des Apôtres, XVII 6), en même temps que la métropole (et le chef-lieu d'un des quatre districts) de la province romaine de Macédoine. Reliée à Rome par la via Egnatia, Thessalonique connaît une grande prospérité à l’époque impériale. Elle abrite une communauté juive, dotée d’une synagogue (Actes des Apôtres, XVII 1). Saint Paul, accompagné de Silas, se rendit à Thessalonique lors de son deuxième voyage (Actes des Apôtres, XVII 2-4), mais dut en partir à cause de l’hostilité des Juif (Actes des Apôtres, XVII 5-9). Il ne s’y constitua pas moins une Eglise, surtout recrutée parmi les païens (I Thessaloniciens, I 9), qui resta très liée à saint Paul, et devint un centre de rayonnement de l’Evangile (I Thessaloniciens, I 8) où Timothée séjourna pendant que saint Paul était à Athènes (I Thessaloniciens, III 2). Saint Paul revint probablement à Thessalonique pendant son voyage vers Rome (Actes des Apôtres, XXVII 2). Les deux épîtres de saint Paul aux Thessaloniciens sont probablement les plus anciens textes de la primitive Eglise.