29e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre d'Isaïe (XLV 1 & 4-6)[1].

Parole du Seigneur au roi Cyrus[2], qu'il a consacré[3], qu'il a pris par la main, pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée[4]… « A cause de mon serviteur Jacob et d'Israël mon élu, je t'ai appelé par ton nom, je t'ai décerné un titre, alors que tu ne me connaissais pas[5]. Je suis le Seigneur, il n'y en a pas d'autre : en dehors de moi, il n'y a pas de Dieu. Je t'ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l'on sache, de l'Orient à l'Occident, qu'il n'y a rien en dehors de moi. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce chant à Cyrus est situé, dans le livre d'lsaïe, au milieu d'un ensemble de louanges à Dieu Maître de tout : « J'ai tendu les cieux, moi tout seul. » (XLIV 24) ; « C'est moi qui ai fait la terre et qui ai, sur elle, créé l'humanité. » (XLV 12). C'est donc dans ce contexte de foi dans le seul Seigneur que doivent se comprendre tous les événements. Si le Seigneur dit que Cyrus, le païen, roi du pays envahisseur, est « consacré » par lui, c'est pour souligner que tout ce qui existe, monde, hommes, pouvoirs, vient de lui. Tout est instrument de la puissance de Dieu.

[2] Cyrus II le Grand, fils de Cambyse I°, dès son accession au trône d’Azan, ville perse sise à l’est de Suse (550 av. J.-C.), se révolte contre son suzerain, Astyage, roi des Mèdes, qu’il bat avec l’aide de Nabonide, roi de Babylonie, (549). Maître de l’Assyrie, de la Syrie et de la Cappadoce, il vainc le roi de Lydie, Crésus (546). Maître d’un empire qui s’étend de l’Oxus à la Mer Egée, il détrône sans combat le roi de Babylonie (539). Ayant fait de Babylone la capitale de son empire, Cyrus qui se proclame « roi du monde », règne sur tout le Moyen Orient. A l'intérieur de ses Etats, il laisse la vie sauve aux vaincus dont il garantit les biens et la liberté de culte : « Puissent tous les dieux que j’ai réinstallés dans leurs cités saintes, demander chaque jour pour moi longue vie » (« cylindre de Cyrus »). Il associe les populations à la grandeur de son empire, et favorise la prospérité économique en allégeant les contraintes des royaumes qu'il conquiert ; dans cette optique, il décrète le retour des Juifs déportés à Babylone (Esdras, I 1-6), la reconstruction du Temple de Jérusalem (Esdras, VI 2-5 & II Chroniques, XXXVI 22-23), la restitution des ustensiles d'or et d'argent enlevés au Temple par Nabuchodonosor (Esdras, I 7-11 & V 14-15). Il meurt en 530 lors d'une expédition contre les Massagètes, entre la mer Caspienne et la mer d'Aral.

[3] Dire de Cyrus qu'il est « consacré » (oint) par Dieu, c'est dire que sa royauté et son pouvoir viennent de Dieu, car tout pouvoir vient de Dieu, et doit être ordonné au salut des hommes. A travers tous les événements doit être découverte la seigneurie du Tout-Puissant. « En dehors de moi : néant » (verset 6).

[4] Ailleurs, dans le prophète Isaïe, Dieu qualifie Cyrus de : « mon berger » (XLIV 28), « l'homme de mon dessein » (XLVI 11), « celui qu'aime Yahvé » (XLVIII 14).

[5] Deux fois revient l'expression « alors que tu ne me connaissais pas ». Elle souligne la transcendance de Dieu et son pouvoir sur tous les humains. Elle a une portée missionnaire : le choix de Dieu est premier et gratuit. Mais ce choix est ordonné au salut. C'est « à cause d'lsraël » que Cyrus est choisi, pour qu'Israël soit sauvé. En permettant le retour des juifs à Jérusalem et la reconstruction du Temple, Cyrus sert, même s'il ne le connaît pas, le dessein de Dieu sur son peuple. C'est au nom du Christ, I'élu et le serviteur par excellence, que Dieu déploie sa puissance et appelle tous les hommes à servir son dessein de salut.