26e dimanche des temps ordinaires

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (II 1-11)[1]

Frères, s'il est vrai que dans le Christ on se réconforte les uns les autres, si l'on s'encourage dans l'amour, si l'on est en communion dans l'Esprit, si l'on a de la tendresse et de la pitié, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l'unité. Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres. Ayez entre vous les dispositions que l'on doit avoir dans le Christ Jésus :

Lui qui, étant de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Au contraire, il s'est dépouillé, devenant l'image même du serviteur et se faisant semblable aux hommes. On reconnaissait en lui un homme comme les autres. Il s'est abaissé, et dans son obéissance il est allé jusqu'à la mort, et la mort sur une croix. C'est pourquoi Dieu l'a élevé plus haut que tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu'au nom de Jésus, dans les cieux, sur la terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux et que toute langue proclame : Jésus Christ est le Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père[2].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage de l’épître de saint Paul aux Philippiens comporte deux parties qui n'ont pas le même statut : la première est faites des recommandations de l'apôtre sur la qualité de la vie fraternelle (1-5) ; la deuxième est une hymne probablement liturgique au Christ anéanti et exalté (6-11). En fait, parce qu’elles sont assez bien liées, il est possible de souligner quelques aspects relatifs à l'ensemble du texte. Le passage commence par une présentation trinitaire : réconfort dans le Christ, encouragement dans l'amour qui vient du Père (II Corinthiens, XIII 13), communion dans l'Esprit. Il se termine par la « confession » que tout est pour la gloire du Père. Le mouvement opéré par le Fils part du Père et, passant par le dépouillement et l'exaltation, revient au Père. C'est dans ce climat trinitaire et « christique » que se comprennent les relations entre frères. Il n'est pas étonnant alors, en pensant à l'abaissement du Fils, que Paul conseille « d'avoir assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes » ; un tel conseil, hors ces cadres trinitaire et « christique » pourrait relever de la fausse humilité. Le secret de tout ce passage peut être présenté ainsi. Le Fils et le Père sont unis d'un amour parfait. Or, le Fils a eu l'humilité radicale de se dépouiller et de prendre la condition de serviteur. Dans cet abaissement, il a manifesté son amour pour le Père. La gloire du Père c'est l'amour du Fils, et cet amour, pour être amour sauveur des hommes, a besoin de passer par l'humilité. Amour du Père et amour des hommes sont « un » dans le Fils incarné. De même, dit saint Paul, entre vous chrétiens de Philippes, que l'humilité à l'exemple du Christ et en lui soit la condition de votre amour fraternel. Ainsi vous aurez entre vous « les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus » ; ainsi votre vie sera « pour la gloire de Dieu le Père. »

[2] Ce passage qui est habituellement appelé « l'hymne aux Philippiens », est l'une des plus anciennes confessions de la foi chrétienne. Il est construit sur les deux faces inséparables du Mystère du Christ, son abaissement et son exaltation. Lui qui est dans la condition divine s'est en quelque sorte « vidé » de lui-même ; il s'est humilié et a pris la condition de serviteur, poussant l'obéissance jusqu'à la mort. Dans une formulation très ancienne, I'hymne parle directement de l'exaltation de Jésus. Tout culmine dans ce nom de Seigneur par lequel les chrétiens le confessent et l'invoquent. L'hymne ramasse en quelques fortes expressions l'abaissement de Jésus que l'évangile développera sous forme de récit. Le reconnaître comme Seigneur, c'est recevoir la clé qui permettra de déchiffrer une narration aussi choquante et aussi dérisoire à vues humaines.