22e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre de Jérémie (XX 7-9)[1]

Seigneur, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ; tu m'as fait subir ta puissance, et tu l'as emporté[2]. A longueur de journée, je suis en butte à la raillerie, tout le monde se moque de moi. Chaque fois que j'ai à dire la parole, je dois crier, je dois proclamer : « Violence et pillage ! »

A longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l'injure et la moquerie. Je me disais : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom. » Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m'épuisais à le maîtriser, sans y réussir[3].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage de Jérémie exprime avec force le combat, le déchirement intérieur du prophète. Sa mission divine l’affronte, en fait, aux pensées des hommes et à leurs réactions de refus. Plus le prophète est saisi par Dieu plus le drame est dur à vivre.

[2] « Tu as voulu me séduire. » Quel reproche de la part du prophète, mais combien on y sent en même temps l'élan du cœur ! Et plus le cœur est pris, plus grand est le déchirement. Le prophète regrette d'avoir été choisi, et il sait en même temps que sa vocation dépend de la volonté du Seigneur, volonté plus forte que ses désirs de silence. Le feu dévorant fait penser davantage à une présence qui s'impose qu'à des idées.

[3] Dans son amour, Dieu habite son prophète comme un feu et l'amour devient réciproque. « Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom. Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m'épuisais à le maîtriser, sans y réussir. » C'est la parole, le message, la connaissance de Dieu à transmettre et sa volonté, qui brûle au-dedans le prophète. Comme on le trouve au Psaume XXXVIII (verset 4), ce feu est aussi un feu de douleur, en face de toutes les difficultés, les injures et les moqueries, douleur pour l'amour de Dieu et douleur sur soi-même. Le prophète qui ne peut le maîtriser, exhale sa douleur en plaintes contre Dieu.