21e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre d'Isaïe (XXII 19-23)

Parole du Seigneur adressée à Shebna[1] le gouverneur : « Je vais te chasser de ton poste, t'expulser de ta place. Et, ce jour-là, j'appellerai mon serviteur, Eliakim[2], fils de Hilkias. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clé de la maison de David[3] : s'il ouvre, personne ne fermera, s'il ferme, personne n'ouvrira. Je le rendrai stable comme un piquet qu'on enfonce dans un sol ferme ; il sera comme un trône de gloire pour la maison de son père[4]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Shebna, maître du palais d'Ezéchias. Son remplacement par Eliakim s'explique par le changement de politique rendu nécessaire au lendemain de la victoire assyrienne sur la coalition animée par Ashdod (713-711). Isaïe lui annonce sa destitution parce qu’il s’est fait tailler un sépulcre sur la hauteur. Lors de la négociation avec Sennachérib (701), Shebna n'est plus que secrétaire et il est nommé en second après Éliakim, le maître du palais.

[2] Eliakim, fils de Hilkias, maître du palais sous le règne du roi de Juda Ezéchias (716-687). En 701 lors de l'invasion de la Judée par le roi d'Assyrie Sennachérib (705-681), il conduisit la délégation chargée par Ezéchias de négocier avec le chef des forces assyriennes les conditions de reddition de Jérusalem (II Rois, XVIII 17-37).

[3] A la cour du roi de Jérusalem, le personnage le plus influent était le gouverneur ou mieux le maître du palais. Shebna qui a utilisé sa situation pour s'enrichir et se pavaner, va être démis de son poste et remplacé par Eliakim qui agira en vrai serviteur. Tunique, écharpe et clefs sont les insignes du pouvoir. Les clefs, en particulier, donnent à ce maître du palais pouvoir sur les entrées et sorties auprès du roi.

[4] Eliakim veut dire « Dieu a suscité ». Ce nom, ici, montre que le service du roi et du peuple, on ne se l'attribue pas. Il est confié : Dieu se choisit ses serviteurs. Eliakim sera un « père »: il s'agit des qualités d'attention à tous, de recherche du bien de tous, en particulier la nourriture et la paix, qui sont les qualités requises du roi.A travers les images de ce texte, on peut voir le Christ : le serviteur choisi, que Dieu a suscité, qui lui-même a choisi ses apôtres et son Église, nouvel Eliakim, lui à qui Dieu a remis le pouvoir, lui dont le jugement ouvre et ferme. Dans le piquet enfoncé fermement dans le sol et qui « sera comme un trône de gloire pour la maison de son père », ne peut-on voir une lointaine annonce de la croix ?